"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

samedi 31 octobre 2009


A LA POUBELLE TOUS !


« A gauche, toute ! Trotskistes, néo-staliniens, libertaires,

« ultra-gauche », situationnistes, altermondialistes… »

de Christophe Bourseiller

(Comme pour L'étrange MBlondel la couv n'a rien à voir avec le contenu, simple réclame d'accroche; les deux vieux font un peu louches revendeurs de drogue au jeune benêt)


Ce pauvre Bourseiller a trouvé les moyens de se faire éditer par les éditions du CNRS. Voici le CNRS expliqué aux lecteurs étrangers de ce blog : « Le Centre national de la recherche scientifique est un organisme public de recherche (Etablissement public à caractère scientifique et technologique, placé sous la tutelle du Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche). Il produit du savoir et met ce savoir au service de la société ». Comme vous le voyez le CNRS est donc un instrument de propagande de l’Etat bourgeois avec des milliers de fonctionnaires qui se la pètent d’être rétribués par ce machin bureaucratique.




DES EDITIONS PRESTIGIEUSES OU DES BLAIREAUX QUI PUBLIENT N’IMPORTE QUOI ?





Les éditions du CNRS se présentent donc comme publication de livres de référence et de vulgarisation scientifique et technique en sciences fondamentales, humaines et sociales : « En tant que maison d'édition du CNRS, ils publient le meilleur de la recherche française et européenne, qu'elle provienne des laboratoires, des universités ou des centres d'excellence. Mais cette mission essentielle auprès de la communauté savante ne se départit jamais d'un autre souci, tout aussi fondamental : transmettre l'avancée des connaissances auprès du grand public afin que la science soit au cœur de la Cité. Albums, documents, essais, compendiums, poches, mais aussi collections et revues internationales concourent ainsi à former une bibliothèque qui, tout en étant innovante et exigeante, prépare les classiques de demain. Entre érudition et divulgation, entre expertise et débat, leurs grands domaines d'activité couvrent donc tous les champs de l'intelligence contemporaine et de la présente quête de sens : philosophie et histoire des idées, histoire, géographie, sociologie / ethnologie / anthropologie, économie, littérature et linguistique, art et technique, physique, biologie, mathématiques et ingénierie. C'est pourquoi l'ambition de CNRS EDITIONS est de vous donner à lire LE MONDE A LIVRE OUVERT ».



Je n’achète jamais aucun livre de ces éditions d’Etat, comme je n’ai pas acheté le dernier de Bourseiller, dont l’acquisition était obligatoire pour ma plus proche bibliothèque publique. Les vénérables éditions d’Etat nous présentent en 4ème de couverture Bourseiller comme un chercheur indépendant, un expert du gauchisme et de l’ultra-gauche : « N'hésitant pas à briser les tabous, brossant un tour d'horizon complet, avec ce livre qui constitue à la fois une étude documentée, une analyse rigoureuse et une somme passionnante, Christophe Bourseiller décrypte de manière inégalée les secrets d'une famille politique étonnamment française et en pleine révolution ». Malgré une réclame aussi accrocheuse, le lecteur ne trouvera ni tabous, ni secrets et encore moins un tour d'horizon complet dans ce livre compilant vingt-trois textes déjà publiés, essentiellement les écrits impulsifs de son blog de la fin des années 1990 à 2008. Le CNRS a vu une somme passionnante là où le lecteur, consterné, va découvrir jérémiades et petits règlements de compte par un plumitif sans consistance, rageur de n’être jamais reconnu à la valeur de son ego par les principaux médias, les universitaires et encore moins « les ennemis du système ».





UNE METHODE D’INVESTIGATION RIGOUREUSEMENT TROUBLE





L’essentiel du propos du « spécialiste » Bourseiller, depuis ses premières cocotes de papier, est fort connu : tous ceux qui sont hostiles à la démocratie bourgeoise sont des « ennemis du système », assis sur des passerelles (négationnistes) qui les conduisent inévitablement chez les méchants de l’extrême droite. A force de traiter tout le monde de fasciste, on s’aperçoit que le vrai fasciste c’est Bourseiller. Le fascisme moderne, je le rappelle lourdement, est le mépris du prolétariat et des individus qui le composent, l’apologie aristocratique du nihilisme et l’exaltation des grands hommes ; toutes choses qui apparaissent clairement dans cette lamentable compil de ses articles de blog (pas la peine d’acheter le livre, reportez-vous à son anti-blog, tout y est, même les amalgames).



Toute la démonstration de Bourseiller, qui veut embrasser tous les « ennemis du système » pour mal les étouffer, repose sur d’incessantes « allusions » parfaitement dégoulinantes de bassesse. Dès la 4e de couverture, un faux procès est fait à l’extrême gauche soupçonnée de risquer de virer au « populisme » ; la « gauche de la gauche » - entendez les trotskystes en général – « semble se rapprocher des islamistes ». Dès la première page, est-ce un commissaire de police imaginatif ou Bourseiller qui interroge concernant l’affaire Coupat : « Jusqu’où pourraient-ils aller demain ? » ? C’est bien Bourseiller qui s’affiche toujours du côté de l’ordre dominant et de ses montages. La CGT guadeloupéenne, elle, est troublement cornaquée par des militants de « Combat ouvrier », filiale de LO… Besancenot a souhaité la bienvenue au « terroriste » Rouillan en 2008. Hé hé, inquiétantes toutes ces ramifications des « ennemis du système ». Que fait la police ?



Suit le récit chaotique de Bourseiller qui passe du coq à l’âne sachant que son « œuvre » est considérée comme « rigoureuse » par les directeurs du CNRS, ces fournisseurs de savoir pour hypermarchés provinciaux.





EN AVANT TOUTE POUR LA SUPERFICIALITE !





Bourseiller méprise les lecteurs auxquels son genre de prose « vulgarisatrice » s’adresse. « Complexité de la micro-histoire des groupuscules. Un exemple : le courant « ultra-gauche » est l’héritier historique des « gauches communistes » qui se réclament du marxisme mais rejettent Lénine ». Autant le simplisme accrocheur fait connaisseur autant il n’est que tissu de mensonges : il n’y a pas « un » courant ultra-gauche, lequel terme n’est plus qu’un argot de policier, et Lénine ne se jette pas comme une pelure de banane. Il nous ballade incontinent des trotskystes aux maoïstes pour retomber régulièrement sur la dite ultra-gauche, défiant passé et présent, qui : «sont Révolution Internationale, la revue Invariance ( !?) et le parti communiste international qui s’accrochent de façon intangible au programme communiste et traitent de « parasites » ceux qui prétendent amender les textes et remettre en question leur infaillibilité ». A côté de ces « fossiles », il nous ressort de la naphtaline deux groupuscules néo-trotskystes, rangés dans le tiroir ultra-gauche (pour le lecteur simplet) Socialisme ou Barbarie (défunt vers 1964) et Pouvoir Ouvrier (enterré en 1969). Survolant allusivement mai 68, et tous les divers groupes rangés dans la même commode des « ennemis (impuissants et fossiles) du système », Bourseiller vient nous révéler une intelligentsia que l’on sait débile politiquement depuis des lustres, ces « créateurs les plus en phase avec les valeurs ( !?) du gauchisme : Edgar Morin, Jean-Paul Sartre, Michel Foucauld, Jean Genet, Philippe Sollers, Jean-Luc Godard, Maurice Clavel… ». Tous les groupes politiques ne sont plus que des merdes à côté de ces brillants « modernistes » « qui ne s’intéressent qu’à la dimension novatrice de Mai » ; « la vision des intellectuels est au fond d’une grande lucidité ».



Ne vous frottez pas les yeux, oui oui le proto-fasciste Bourseiller veut vous faire avaler que tous ces intellectuels ex-staliniens, crétins politiques maoïsants comme ce con de Sartre, etc. - dont les livres d’apologie du stalinisme «rajeuni » font la honte de toutes les bibliothèques - sont à ressortir du tombeau du plus navrant bêtisier politique du siècle dernier. Saluer l’ex-mao Sollers est naturel ; big boss chez Gallimard, il devrait renvoyer l’ascenseur d’un aussi ardent coup de brosse à reluire.



Très remonté contre les « ultra-gauches » de RI, qu’il semblait encore apprécier lors de son histoire branquignole de l’ultra-gauche – mais il n’a pas aimé avoir été déshabillé politiquement par ce groupe – Bourseiller brûle ensuite les situs qu’il a tant adoré et dont il voulait être le saint-patron d’un institut d’icônes à la gloire de Debord. Salauds de situs : les « penseurs contemporains » susnommés ont été incendiés par leur mépris, leur « critique s’enracin(ait) sur une radicalité dénuée du moindre compromis tactique » ; je dirai plus loin les raisons de ce retournement revanchard.



Tant qu’à nous refourguer un repas pestilentiel, Bourseiller n’hésite pas. Gonflé par son best-seller en poche sur les maoïstes (dont il ne révèle jamais la complicité avec le pouvoir gaulliste… dans toutes les facs, pour les raisons que connaissent les lecteurs de ce blog), à nous refouler cette vomissure : « les maoïstes ne sont pas regardants. Ils acceptent sans rechigner, et même avec délectation, l’appui des artistes et des personnalités ». En quoi ces personnalités peuvent-elles intéresser la classe ouvrière et son exploitation ? On ne saura pas car le « fasciste » Bourseiller s’en tape de la classe ouvrière et de l’exploitation. Le maoïsme, ce vieux stalinisme déguisé en concombre masqué, est paré de toutes les qualités de la jeunesse : « Il faut dire que le maoïsme est un courant politique jeune, qui s’est élaboré dans les années 60. Il n’a pas la structuration, l’ossification théorique du trotskisme et des gauches communistes (…) on trouve chez les prochinois des staliniens pur sucre et des libertaires désirants, qui cohabitent sans trop de problème ». Et cette fleur de rhétorique, nouveau coup de brosse pour ses collègues de la caste supérieure de l’intelligentsia, fond baptismal du génie novateur des fils à papa gauchistes qui au lieu de faire les vendanges ont écoulé cette année-là un petit livre rouge d’imbécilités: « C’est au sein du maoïsme que vont militer des myriades d’écrivains » : « Sartre obéit comme un simple soldat à Benny Lévy (…) Godard balaie les locaux de ‘La Cause du Peuple’ (…) Sollers est passé d’un maoïsme ludique à un pur marxisme-léninisme (après avoir pris la défense de la veuve Mao) ».



On comprend l’émotion des intellectuels adolescents du CNRS pour tant de révélations extraordinaires concernant les balbutiements chinois d’une bande de crétins qui contrôlent de nos jours les principales maisons d’édition. Le « fasciste » Bourseiller sait muer en même temps en stalinien effaceur d’histoire et s’élever au rang d’enjoliveur du crétin à tête de moinillon Sollers avec son fume-cigare de marquis des beaux quartiers : « Sollers est depuis longtemps fasciné par l’altérité du texte asiatique. Sa période « maoïste » est justement marquée par l’investigation des idéogrammes. En devenant prochinois, il est donc resté fidèle à son projet de révolution du langage. Il l’a même enrichi ». Ce n’est même plus un effacement du soutien lamentable de ce bourgeois à une des dictatures des plus criminelles de l’histoire, c’est la sublimation du stalinisme aux yeux bridés, véritable encens littéraire. Le patron de chez Gallimard devrait être touché plus profondément par ces ronds de jambes adipeux que Staline ne le fut par les odes d’Aragon.



Le plus grand philosophe imbécile en politique du siècle passé – dont les écrits politiques, « Situations » restent consternants : « … poursuit une réflexion philosophique sur le rapport qui doit lier les intellectuels aux masses. Grâce aux maoïstes, il espère réconcilier la pensée et le peuple ». C’est pas fasciste cette vision d’un peuple sans pensée ? Pas de pensée autre que la bande de crétins fils à papa de l’ENS ? Bourseiller ne peut pas oublier de s’incliner à la mémoire du grand penseur intégriste Benny Lévy (ex guru arrogant de la CdP) qui aurait révélé à Sartre le fond philosophique multi-séculaire du maoïsme, la prétention à réordonner le monde selon les intérêts des bigots juifs : « le maoïsme avait une posture mitsvatique ».





LES RADOTAGES REMPLISSENT LE « DECRYPTAGE INEGALé » pour le CNRS :





Il n’est pas très utile de commenter les bavardages qu’on connaît sur les divers trotskismes, cela n’a aucun intérêt. Il répète la même analyse des gauchismes depuis deux décennies. Bourseiller n’a aucun respect pour l’histoire ni pour les martyrs des oppositions au stalinisme. Le courant trotskyste a été, avant-guerre, un courant réellement pour l’émancipation de la classe ouvrière comme les maximalistes opposés à Lénine, mais il a trahi contrairement à ces derniers dits « ultra-gauche » ; que Bourseiller roule dans la boue chaque fois qu’il peut (dans son histoire de l’ultra-gauche ne disait-il pas que la CIA avait contacté la Gauche Communiste de France, sans étayer d’une once de preuve[1][1]. Or, le seul canevas à cette incroyable marmelade des groupes reste la petite lumière anti-fasciste que Bourseiller agite comme sa seule chandelle pour faire vendre en milieu anarchiste ses « révélations ». Chapitre aguichant, tiré du blog : « la véritable histoire des ‘hitléro-trotskystes’ ». Le fugace MNR (mouvement national révolutionnaire) composé de quelques trotskystes, le futur cinéaste Jean Rous et le fondateur de la FNAC Fred Zeller (Bourseiller y ajoute Miasnikov !?), est ouvert à une possible collaboration, mais fera vite machine arrière. Nous connaissons depuis longtemps cette divagation trotskyste dans le milieu maximaliste et il n’y a pas de quoi en faire un foin ni pour condamner prioritairement le trotskysme (sur ce sujet) ni pour souhaiter à ces éléments le même sort que les déportés juifs (comme le glisse notre guide égaré). En grossissant un fait secondaire, Bourseiller n’est ni documenté, ni rigoureux comme l’imaginent les ignorants du CNRS : il fait le même boulot que le PCF, il tague sur le passé. L’accusation « d’hitléro-trotskystes » visa :





  1. à faire oublier la complicité des staliniens avec l’Allemagne en 1940,



  1. à dénoncer aux nationalistes résistants TOUS les internationalistes pour les faire abattre comme des chiens.




Pourquoi le superficiel Bourseiller ne nous parle-t-il pas plutôt des RKD, et des fractions qui eurent le courage de dénoncer la mystification de la guerre « anti-fasciste », de distribuer des tracts même aux soldats allemands ? Parce qu’il importe de comprendre les risques de ses perpétuelles « passerelles » concernant ces « enfants du prophète » (qui) se sont indéniablement laissés séduire par la propagande hitlérienne ». Fin du chapitre, commentaire de blog.



Un autre extrait de blog succède mélangeant à nouveau groupes gauchistes et « ultra-gauche », avec des répétitions lamentables, des banalités purulentes qui « brossent un tour d’horizon » complet pour les ânes directeurs du CNRS.



Pour faire mondain et prouver qu’il dispose d’autres relations que les pitres de plateaux de télévision ou de vulgaires acteurs de cinéma, Bourseiller se fait interviewer par un philosophe, inconnu du prolétariat, Marcel Gauchet[2][2]. La seule question un peu notable de Gauchet concerne sa remarque sur le fait qu’il espérait que « l’effondrement du monde communiste créerait une situation défavorable à l’extrême gauche, au lieu de quoi elle connaît une reviviscence… ». Question à laquelle Bourseiller est d’ailleurs infoutu de répondre. Et pour cause. Pour ces deux fascistes de salon, la classe ouvrière ils ne connaissent pas, la misère non plus. Avant, comme disait Sartre, les intellectuels maoïstes pensaient pour la classe, maintenant que cette pensée à disparu il ne reste plus que des « sacs de patate ». Complaisamment interrogé, Bourseiller en remet une couche contre ce groupe ingrat « RI » : « Ce groupe se caractérise par une analyse géopolitique bien informée, où l’analyse marxiste de la domination capitaliste mondiale se traduit en réalisme cynique. Par exemple, il analyse la guerre des Balkans en termes de puissances et d’alliances géostratégiques et renvoie dos à dos les protagonistes, sans prendre un parti moral (sic), comme le font les intellectuels (resic ! mais pas maos !) ; « LO et RI sont des invariants accrochés à perpétuité au verbe marxiste, alors que les modernistes essaient de faire évoluer le corpus… » (allusion à R.Victor ?). ; « A chaque époque, ce sont les modernistes qui bougent, tandis que les invariants restent indifférents au siècle ». Tiens tiens, et pourquoi le citoyen Bourseiller ne nous parle jamais des « fascistes communisateurs », leurs idées sont très proches de celles du « spécialiste de l’ultra-gauche » ?



L’interview montre deux ignorants se renvoyant la balle, en imaginant qu’extrême gauche et ultra-gauche n’assument pas le « deuil de la révolution », les premiers parce qu’ils sont rangés des voitures et les autres parce qu’ils rêveraient encore d’en brûler. Hors-jeu les deux gros pépères ! Une somme passionnante d’ignorance des réalités sociales et politiques, chapeau le CNRS !





Bourseiller n’accorde pas d’importance au fouillis altermondialiste, et il a raison sur ce mirage médiatique, inconsistant politiquement. Mais toujours à la recherche du petit rat nazillon qui sommeille chez tout extrême-gauchiste, il radote ses mêmes anciennes enquêtes en milieu trotskien (il a laissé hélas le soin aux secrétaires du CNRS de relire ses commentaires de blog), chez les tarés lambertistes comme chez LO et LCR. Il trouve enfin, outre manche, dans le SWP des sympathisants du « trouble » Tariq Ramadan et un groupement qui milite pour le port du voile. Il découvre aussi en 2005 qu’un SO de la LCR aurait protégé un cortège de dévotes masquées. Les « ouvertures », ou débats en banlieue immigrée des divers clans trotskiens ne sont pourtant que des opérations de charme électoral, mais incapable d’analyser politiquement le caméléonisme trotskiste et son rôle de rabatteur de l’électoralisme de gauche bourgeoise, notre bon Bourseiller secoue dubitativement la tête, et ressort l’allusion, mais cette fois aux « porteurs de valise » :



« L’alliance entre militants révolutionnaires et islamistes radicaux va-t-elle perdurer ? Les barbus bénéficieront-ils à terme des réseaux militants, à l’exemple lointain du FLN algérien ? On doit en tout cas aujourd’hui tenir compte des nouvelles convergences ». « Passerelles » à un éventuel « alter-fascisme » aurait dit l’inspecteur Bourrel ? Hum ! Hum !





REGLER DES COMPTES AVEC DES INGRATS OU EVITER DE REPONDRE POLITIQUEMENT ?





Sur son blog qui n’intéresse personne, on avait pu lire il y a un bout de temps, ses récriminations contre les critiques politiques dont il avait fait l’objet pour ses mensonges, falsifications et amalgames avec sa prétendue histoire d’une ultra-gauche fourre-tout. En reproduisant tel que ce court texte de justification qui fait pitié – « Réflexions tardives sur l’histoire générale de l’ultra-gauche – dont on ne voit pas en quoi il regarde « l’analyse rigoureuse » du CNRS, Bourseiller plaide l’innocence enfantine. Depuis l’enfance il était séduit par l’ultra-gauche (cette ingrate) : « J’ai voulu la raconter avec mes mots, qui n’étaient pas ceux d’un militant ». Une formidable colère a été déclenchée par son petit chewing-gum collé en vitrine de la FNAC : « La palme revient sans doute à ‘Révolution Internationale’ et au ‘Prolétariat universel’ (sic, ce sic est de C.B.), qui se sont cantonnés à des arguments ad hominem ». La revue « sans patrie ni frontières » l’a traité de serpent. Loren Goldner aurait méchamment dit qu’il n’avait commis qu’une suite au Livre noir du communisme (ce n’est pas lui mais RI[3][3],). Résumé pitoyable du pauvre écrivain agoni par une pincée de revues confidentielles : « Journaliste, serpent, bourgeois et juif… j’ai tout lu, tout entendu ». Il ne désire pas faire de l’argent « sur le dos de l’ultra-gauche », même s’il en fait :



« A l’évidence ceux qui me fusillent ignorent mes mobiles. Je suis poussé par une quête personnelle. De livre en livre je cisèle un monde. Les marges de la culture et de la politique, je les explore parce qu’elles me semblent pleines de lumières autant que chargées d’ombre ».



Bien sûr, on ne peut l’accabler, il n’a fait que recopier Bourrinet, les ragots des anciens du CCI, et de « l’échotier Hempel » comme l’a joliment écrit le rédacteur en chef de RI. Pauvre petit Christophe qui avait même plutôt été gentil avec les déraillements du CCI (ses paranaoïas visibles pour tous étaient qualifiées de « raidissement »). Le pauvre homme attaqué ad hominem ne répond pourtant à aucune des critiques politiques qui lui ont été adressées, dans plusieurs articles confidentiels ignorés de la grande presse et des magazines chic qui l’interwiouvent, sur sa confuse histoire de l’ultra-gauche :



- il accusait à peu près tout le monde de négationnisme du gazage des juifs,



- il en ressortait que la plupart des groupes maximalistes n’étaient que des passerelles vers l’extrême droite,



- l’aune de ses jugements restait la shoah à la mode comme idéologie (néo-fasciste) visant à dénier toute lutte des classes, et à sanctifier l’oligarchie démocratique bourgeoise actuelle qui danse encore sur les millions de cadavres de WWR 2.





Bourseiller ne se gêne pas pour attaquer qui il veut dans son œuvre qui « cisèle un monde » (il se prend pour Victor Hugo ?), ad hominem. Mais la question politique reste posée : que défend-il ? Certainement pas la nécessité d’une révolution ni les intérêts du prolétariat. Le système de domination capitaliste actuel ? Sans aucun doute sinon il ne serait pas publié par n’importe quel éditeur ayant pignon sur rue jusqu’à l’honorable CNRS.



Quel est son code moral pour comprendre le monde : la misère humaine ? Les injustices ? Le sort des seuls juifs massacrés en 39-45 ? Comme pour son histoire à la manque, pleine d’amalgames et d’allusions contre « les ennemis du système », il signale ici encore sa référence :



« J’ai été longtemps fasciné par l’Histoire générale du Bund, d’Henri Minczeles. J’ai voulu rendre hommage à un courant hérétique et juif, que j’ai toujours respecté. Ceux qui m’attaquent avec tant de hargne devraient finalement s’interroger ».



S’interroger sur quoi ? Toujours les allusions… Ce petit monsieur, qui n’a pour instrument de mesure de l’humanité que les stéréotypes de la classe dominante et sa communauté d’origine (c’est son droit) prétendait simplement faire la leçon aux autres.



J’avais alors écrit, moi Hempel Pierre : « Comme si être d'origine juive devait lui épargner d'être considéré comme une balance et un arriviste sans scrupule ». Y.Coleman, célèbre professeur es antiracisme, m’avait reproché cette remarque, ajoutant tout de même sibyllin : « Même si c'est Bourseiller qui s'est lui-même placé sur ce terrain pour se défendre d'une accusation ». Je n’ai qu’un mot à changer, « arriviste ». Bourseiller est un bourgeois « arrivé », installé avec plusieurs activités de tout ordre, comme il sied à tout bourgeois conscient de son importance. Il dispose de plusieurs sources de revenus : déclaré comme journaliste, il est conseiller éditorial de Frederic Taddéi pour l'émission de France 3 "Ce Soir (ou jamais)" depuis 2006. Il est professeur à l'Institut d'études politiques de Paris depuis 2003. Il est producteur de l'émission "Electromania" sur France Musique depuis 2005. Il est régulièrement sollicité par les médias. Il participe à de nombreux colloques et anime des conférences, des tables rondes, des débats dans le monde entier. Il a enfin tourné en tant qu'acteur dans plus de vingt cinq films , sous la direction de metteurs en scène prestigieux. Bourseiller a de nombreux amis dans le show business comme celui-ci que l’encense : « Une saine critique doit d'emblée refuser toute attaque ad hominem, le défoulement injurieux, la diffamation et les menaces physiques. Écrire sur ces thématiques reste toutefois encore un exercice à risque ». Les thématiques de l’histoire du mouvement révolutionnaire méritent autre chose que les amalgames invraisemblables et les raisonnements chauvins de Bourseiller. La thématique de la révolution et des révolutionnaires n’est pas « un exercice » à risque… puante allusion de cet admirateur qui laisse supposer que les maximalistes seraient aussi des terroristes prêts à venir lyncher Bourseiller au pied de son immeuble, comme les lamentables lambertistes…



Un anarchiste individualiste ultra-gauche, complaisant avec ce grand auteur ultra spécialisé, a trouvé inacceptables mes critiques de Bourseiller, « dignes d’un Henri Coston » (plumitif de Pétain) ; mais c’était ce genre d’amis dont un dicton anglo-saxon dit qu’avec eux on n’a pas besoin d’ennemis.





DES ATTAQUES AD HOMINEM POST MORTEM





La majeure partie de ce qui vient après l’intermède « réponse à côté » à mes détracteurs « ultra-gauches », est à nouveau envahi par la saga situationniste. Bourseiller va jongler avec une série d’allusions pour mieux enterrer et ridiculiser Guy Debord. Attaques totalement ad hominem post mortem. Toujours en procédant « rigoureusement » par allusions ou questions de type policier :



- Debord « un gourou du terrorisme » (et sans point d’interrogation SVP)



- « les ravages de la fausse violence » (l’apologie situ des émeutes)



- Les vandalismes comparés (= violence expérimentale) donc, CQFD, les situs plus ou moins pères des terroristes modernes ou des dérailleurs de train…



- « Sans recommander le meurtre, Raoul Vaneigem y voit l’indice d’une louable volonté perturbatrice » (sic)



- « Quand le Reichstag brûle encore », le « fasciste » Bourseiller vient défendre le parlement bourgeois en découvrant la séduction de Debord pour les « brigades rouges », « opéra mythologique à grandes machineries » quoique Debord: « distingue soigneusement la véritable subversive de ses succédanés provocateurs », « il appelait de ses vœux une violence autrement plus singulière ».



- Ces pauvres situs, apologistes du voyou, sont qualifiés à leurs débuts expérimentaux de « moscoutaires » de la vie libre.





Pourquoi tant de haine après avoir prétendu devenir le conservateur principal des archives situationnistes et leur avoir donné le beau rôle dans l’histoire générale de… ? Parce que Bourseiller s’est fait jeter par les veuves des vedettes situationnistes, qu’il n’a pas eu accès aux lettres privées. Alors il se venge « rigoureusement » ad hominem. Il étale les histoires de fesses de Debord. Le « fasciste » Bourseiller termine en fanfare avec son étroit questionnement anti-fasciste : Guy Debord un « théoricien de l’extrême droite » ? Debord (l’élitaire , l’individu-roi) n’a-t-il pas été salué par un pape de l’extrême droite bc bg Alain de Benoist comme membre de l’inventaire des « rebelles authentiques » ? Bourseiller va-t-il découvrir ou inventer une preuve après nous avoir mis l’eau (gauchiste) à la bouche ? Non il reprend la critique de l’ultra-gauche sérieuse (maximaliste) pour ridiculiser celui qu’il a adoré : « Privilégiant les ‘classes dangereuses’, Debord rompt avec le schéma classique qui postule le primat du prolétariat. Et par quoi remplace-t-il cette vision orthodoxe ? Par une apologie de la pègre, des malandrins, des voyous… ». Donc c’était bien un « ennemi du système » mais pas un ami de la classe ouvrière, on est bien d’accord pour une fois Bourseiller et Hempel. Tout à fait d’accord aussi que « Guy Debord se situe décidément à mille lieues des valeurs de l’extrême droite ».





Surtout du fond de son caveau. Ce cadavre là au moins personne ne pourra le récupérer. On pourrait même glisser le pensum héréroclite de Bourseiller dans la tombe, que cela ne réveillerait pas le mort. Ni la gauche de la gauche, ni l’extrême-gauche de l’ultra-gauche.


















JEAN-LOUIS ROCHE1 commentaires










[1][1] Ou parce que la Préf. de put. N’avait pas donné son aval ?




[2][2] Une référence remarquable ce type, influencé par Lefort de S ou B, il ne veut pas du marxisme dès 1968, il sympathise avec le révisionniste Castoriadis. En 1989 il intègre le « centre de recherche Raymond Aron ». Cette nullité philosophique est une des vedettes les plus prisées des médias français du fait que son discours libéral est totalement inconsistant et ne donne prise à aucune critique ; peut-on critiquer un grand rien ?






[3][3] Au contraire ce brave gentilhomme a ferraillé dans le milieu intellectuel en sa faveur, car, grâce à Bourseiller on entendrait parler quand même dans les provinces éloignées du Canada français de Pannekoek, de Bordiga…

mardi 27 octobre 2009

LA CAMPAGNE "INDUSTRIELLE" DES VIEUX GROGNARDS STALINIENS




LA CAMPAGNE « INDUSTRIELLE »


DES VIEUX GROGNARDS STALINIENS



Gravure jointe : Fernand Léger : L’équipe au repos (1950)




Lorsque je vous ai rendu compte (avec photos à l’appui) de la déco détournant la fierté du chauvin Lion de Belfort lors de la manif du 22 octobre à Paris, j’avais qualifié avec jubilation cette décoration du lion d’une action néo-situationniste de la part des « ouvriers industriels », et décrit avec ironie la hargne contre les actions syndicalistes en impasse. Mais je me suis demandé surtout – sans illusion sur la manif artificiello-syndicale - après coup, pourquoi la presse bourgeoise se mettait à utiliser cette expression bizarre, et surannée « ouvriers industriels ».


Aux Etats-Unis les termes “classe ouvrière” sont ressortis eux aussi de nouveau dans langage de tous les jours, pour une raison simple : la crise que révèle que l’Etat doit faire face aux ouvriers d’un certain nombre d’industries où le travail n’est ni celui des « classes moyennes » ni considéré comme « emploi de bureau » et où le chômage fait ses principales coupes sombres. Un nombre de plus en plus important de petites usines de sous-traitance est touchée par la jolie formule de « destruction d’emploi ». Pas question de faire joujou avec les mots « employé », « travailleur » ou « salarié » quand les prolétaires en général sont voués à être futurs chômeurs ! Pas question d’en parler comme de « pauvres malheureux » ou de « laissés pour compte » de la croissance disparue ! Ils iraient mettre le feu aux quartiers bourges !


Un professeur de l’Université de Chicago, Léon Fink a noté que la nouvelle utilisation de l’expression « classe ouvrière » est néanmoins tout à fait compatissante : « Aujourd’hui, l’expression “classe ouvrière” a été, dans les faits, découplée de tout dessein radical, à plus forte raison subversif. La classe ouvrière ressemble moins à la force moderniste, rationnelle envisagée par Marx, qu’à un bastion de traditions, au sac de pommes de terre immobile qu’il identifiait à la paysannerie. » Au pays d’Obama, toute référence à la classe ouvrière est généralement précédée du mot “blanche”. Cette classe ouvrière qui échappe à Obama, c’est Archie Bunker, l’ouvrier réac de la série télévisée “Tous dans la famille” et ses descendants qui pensent tous comme lui. Il s’agit là, naturellement, d’un stéréotype qui a la vie dure. Fink fait allusion à une conception dénaturée de la classe ouvrière – Archie Bunker et ses descendants – une invention de la classe dirigeante et des mass media quand ce héros fut utilisé dans les années soixante pour moquer les mouvements spectaculaires des agités gauchistes et hippies. Au début masqué de la crise systémique - à la fin des années soixante - la bourgeoisie US avait aussi “redécouvert”, (momentanément) la classe ouvrière, mais pas la vraie classe ouvrière, qui était blanche, noire, latino et de plus en plus féminisée comme aujourd’hui. Cette classe était « reconnue » mais comme une part du marché de la clientèle bas de gamme, réduite aux blancs hostiles aux mouvements pacifistes étudiants et aux canulars de la « nouvelle gauche » US, bobo et gauchiste. On diffusa des images d’ouvriers coiffés de leur casque de travail pour montrer que les Américains qui “bossaient dur” rejetaient les étudiants pacifistes “ingrats” et “privilégiés”. Mais, à la fin des années soixante et au début des années soixante-dix, des sondages montrèrent que les travailleurs manuels étaient tout aussi hostiles à la Guerre du Vietnam que les jeunes qui formaient les bataillons des mouvements pacifistes estudiantins et de l’opposition à la conscription. Des grèves à l’époque, comme celle d’Harlan County, révélèrent que les ouvriers, les pauvres Blancs en général se sentaient globalement plus solidaires des travailleurs noirs que de la upper middle class. Une enquête de 1966 montra que « plus on était proche du sommet, plus on était originaire d’un milieu favorisé ou plus on aspirait à monter haut, et plus on souhaitait exclure les Noirs de son voisinage. » Contrairement aux idées reçues véhiculées par les médias, la classe ouvrière, avec ses dizaines de millions de Noirs, de Latinos, de Blancs, et ses dizaines de millions de gens qui ont pu accéder à l’enseignement supérieur, ne vit pas sa situation comme une guerre de tous contre tous (l’enfer des rivalités communautaires radoté par les médias) mais s’inquiète toujours de l’absence d’acquis sociaux, de l’instabilité des emplois et a peur pour l’avenir des enfants. Cette inquiétude permanente, qui se traduit par une réflexion politique plus vivace pour l’avenir du monde, se confirme, comme en Europe, par le fait que les sectes religieuses recrutent péniblement.


Après l’effondrement du stalinisme, en France en particulier, il fût de mode de considérer que cette partie des ouvriers, qui avait si longtemps votée « communiste », était devenue une bande de fieffés réactionnaires qui se rabattaient sur le parti d’extrême droite, prouvant par là – bien que la majorité des ouvriers électeurs n’aient jamais été des supporters de Le Pen – que tout le prolétariat n’était pas une classe révolutionnaire ; tout au plus une couche en déshérence incapable de « s’adapter à la modernité », aux joies de la « révolution informatique » et à un univers ouaté par les « géants émergents » d’un monde rose bonbon « débarrassé du communisme ». Le même type de configuration réactionnaire de la classe ouvrière était inventé à la même époque (et avec le même mépris) par un auteur, Thomas Frank dans What’s the Matter with Kansas ? (en français : Pourquoi les pauvres votent à droite ?), des ouvriers qui votent contre leurs intérêts économiques parce qu’ils s’étaient détachés des Démocrates (nb la gauche caviar US). Durant la campagne électorale américaine de 2008, on a vu la notion de « classe » revenir au premier plan, avec la bourgeoise Hillary Clinton en « héroïne de la classe ouvrière », prête à combattre les “injustices”, du prix de l’essence à la saisie des hypothèques… c’est-à-dire toujours pour rafler les voix d’une « couche » au fond simple clientèle électorale, consommatrice des « biens industriels » et tout juste bonne à promener ses enfants dans les corridors des supermarchés ouverts le dimanche.


Pour éviter que la conscience universelle moderne, et subversive, qui provient pour l’essentiel du prolétariat, ne mûrisse au plan politique, naturellement au niveau d’une rupture idéologique radicale, il faut pour la bourgeoisie maintenir la représentation de la classe ouvrière au rang d’une simple corporation, elle-même découpée en catégories : secteur tertiaire, employés de ceci, employés de cela, fonctionnaires, ouvriers du bâtiment, personnel des services, etc. Et tout récemment, en France par les bons soins du PCF: ouvriers industriels !


CLASSE INDUSTRIELLE OU CLASSE OUVRIERE ?


« L’Echo de la Fabrique », journal ouvrier contemporain de la révolte des canuts, révèle comment au début du XIXe siècle il avait fallu préciser les termes : peuple puis monde des ouvriers, désignants, travailleurs, prolétaires, ouvriers de fabrique, ouvriers industriels… Antoine Vidal, qui signe plus de soixante et dix textes les premiers mois du journal, se fait le porte parole des ouvriers. Il tient à préciser ce qu’il en est de « notre feuille consacrée à la défense de la classe industrielle », Vidal, « attaché par sympathie à la classe prolétaire au sein de laquelle il s’honore d’être né », est « fier de sa mission ». Premier rédacteur du journal, il a été ouvrier en tulles, instituteur et homme de lettres. Il décède en août 1832. Son implication dans L’Echo de la Fabrique a été une conséquence directe du mouvement des canuts d’octobre-novembre 1831. Avec le développement de l’industrie est posée la nécessité d’une nouvelle catégorisation sociale dont on peut dénombrer les occurrences dans L’Echo de la Fabrique : classe (104), classe ouvrière (17), classe industrielle (16), classe industrieuse (3), classe laborieuse (1), classe populaire (1), classe prolétaire (3), classe des travailleurs… Si la bourgeoisie considère toujours les classes et les catégories comme immuables, dès le départ le « mouvement ouvrier » estime lui, au contraire, sa situation insupportable. Il s’agit tout d’abord de dénoncer, donc de « faire cesser » l’état de choses dans lequel se trouve l’ouvrier lyonnais : « accablé par la misère, les souffrances, les abus, les charges, etc. », il est tout autant « méprisé, insulté », car « la classe prolétaire » est « la classe la plus utile…


La classe ouvrière ne se considère donc ni comme une vulgaire catégorie ni comme éternelle ! Jusque vers 1850, l’ouvrier de l’industrie est un type social nouveau. L’expansion du machinisme industriel provoque l’instauration de commissions d’enquêtes, des rapports sont soumis aux parlements en Angleterre et en France sur les « effets sociaux de la division du travail » (A.Ure 1835) qui susciteront les prises de position de Saint-Simon et Fourier, qui orienteront aussi fondamentalement la pensée de Marx plus tard (cf. son Enquête ouvrière de 1880). Saint-Simon inventa l’expression de « classe industrielle » pour désigner ceux qui concourent à la production à l’organisation de la société. Il en fait « la classe la plus utile et la plus nombreuse », « la seule classe utile » avec l’idée qu’elle finira par faire « la classe unique » par l’accord des intérêts particuliers de ses membres avec l’intérêt commun. Il en ressortait un sémantisme à géométrie variable de « classe industrielle » et une notion ambiguë, rejetée par Marx.


Un auteur traitera même des « inconvénients sociaux de l’industrialisation ». En réalité ces « inconvénients sociaux » du point de vue des premiers scrutateurs bourgeois de la marche accélérée de la société (pré-sociologues) n’étaient autres que cette formation inquiétante d’une conscience de classe (à vocation de justice universelle) et ce développement d’associations dans le monde du travail qui allaient de plus en plus poser des questions politiques subversives face à la société existante. Et ce « mouvement » ouvrier a une fâcheuse tendance à ne pas se laisser enfermer dans des tiroirs, des boîtes ou des catégories : il est avant tout un mode de vie pénible, fait de contraintes et d’humiliations, sous la domination d’une minorité d’exploiteurs…


Dans le Capital livre 1 chap 25 Marx parle des ouvriers industriels, placés à côté des travailleurs de la campagne. Il ne limite pas le prolétariat à cette seule catégorie, quand bien même il indique que cette partie en est le fer de lance pour toute une époque. Cette catégorie était fille de la période florissante du capitalisme. Lénine de son côté dit plus tard: "Les ouvriers sont des travailleurs industriels, exerçant leur activité dans la grande industrie", mais sans s’arrêter à cette banalité, il n’englobait pas lui non plus – ni ne limitait la classe ouvrière à cette seule catégorie. Dans « Bilan et perspectives » Trotsky parle une fois d’ « ouvriers industriels », incidemment. Un texte de 1921 de l’Opposition ouvrière de Kollontaï évoque des « syndicats industriels ». Va pour les syndicats qui sont devenus si soucieux de l’intérêt de l’Etat national et des « usagers industriels » !


Avec ce survol rapide, comme on le voit il n’y a pas de quoi fouetter un chat. La notion d’ « ouvriers industriels » n’a pas plus d’importance que celle de « travailleurs du tertiaire » par exemple, mais elle est utilisée à dessein pour ringardiser un peu plus la classe ouvrière en général, quitte à traiter sa partie en usines dispersées comme « viande industrielle » en lui promettant une alternative réformiste complètement fictive à la décadence industrielle capitaliste.


LES FAUSSAIRES DU PCF ET LEUR DEFENSE DE L’EMPLOI INDUSTRIEL


On diffuse une nouvelle acception des termes « ouvriers industriels », qui n’a plus rien à voir avec son sens précis du XIXe siècle. Après tout, désormais, même un simple employé informaticien est désormais « industriel » lui aussi puisque toute entreprise a besoin de la circulation de tous les produits de l’immense usine mondiale en lambeau du capitalisme. Un parti de la gauche capitaliste, négligeable mais encore dangereux, le PCF participe du nivellement de la classe ouvrière par les Obama et Sarkozy au niveau d’une simple clientèle, simple catégorie sociale, dernier avatar d’une « classe industrielle » disparue quand c’est l’industrie capitaliste qui dégénère – par les limites de la compétition et la corruption - et jette au chômage des masses grandissantes de prolétaires. Quand le bloc de l’Est montrait encore ses gros biceps, sa filiale PCF caracolait électoralement en parlant « au nom des » : au nom des mineurs, au nom des métallos, au nom des fonctionnaires, comme d’une clientèle électorale solidement encadrée dans les urnes nationales. Il était aussi question de « produire français » et, dans l’opposition comme au gouvernement, cette engeance ne s’était jamais opposée à l’expulsion de travailleurs immigrés. Le PCF, même rabougri, même petite chose électorale, n’a pas changé de nature. Le PCF reste un parti des solutions bourgeoises à la crise. La manif organisée le 22 octobre place Denfert-Rochereau a eu lieu pour « la défense de l’emploi industriel »… par les « ouvriers industriels » ! Car (titre de l’Huma : « L’industrie déserte le sud du pays ». Le PCF allie le mensonge chauvin au relookage sémantique : les menaces se précisent « sur l’emploi industriel » ! « Une situation vécue de façon anxiogène par le personnel », s’alarme le syndicat CGT de Big Blue ! ». A la place d’exploitation et de colère, la gauche bourgeoise troque les termes à la mode, exploitation devient « situation anxiogène » et colère « suicides à répétition »… La manif à Paris était donc « Pour le développement industriel et l’emploi »(version CGT) ! Fameux mot d’ordre, sachant en plus que la plupart des trimbalés dits « ouvriers industriels » n’étaient pour la plupart que les employés municipaux du PCF astreints au voyage parisien pour gonfler les rangs clairsemés du vieux parti national-stalinien. Manif inscrite dans l’agenda du PCF dans le cadre de sa campagne nationale pour « une politique industrielle ambitieuse » engagée au début de l’année par la CGT. Il est vrai que le PCF est devenu la courroie de transmission de la CGT, laquelle courroie est graissée par Thibault pour le chauffagiste de l’Elysée. On laissera la glorieuse conclusion de ce combat « industrieux » à un lecteur de l’Huma qui affirme franchement une opinion révolutionnaire « industrielle et nationale » avec laquelle Tintin Besancenot est sûrement d’accord:


« L’industrie déserte le pays. Ce que j’attends des dirigeants de partis politiques c’est qu’ils fassent des propositions réalistes pour créer des emplois industriels car c est aujourd'hui LA priorité absolue. Se battre pour sauver des emplois c est bien mais ce qu’il faut c’est mettre en œuvre les conditions pour que des emplois soient créés, pour qu’il soit plus simple de fabriquer en France que de faire faire en Chine les inventions du génie francais ».



Vive la France et son VRP Sarkoléon !



ADDITIF : DEVOIR DE VACANCES



J’ai reçu ce matin la prise de position de la CGT-EDF. Lisez d’abord, puis vous aurez tout le loisir de répondre aux questions qui suivent.



POURQUOI AVONS-NOUS MANIFESTE LE 22 OCTOBRE ?


POUR UNE VERITABLE POLITIQUE INDUSTRIELLE



La France se désindustrialise gravement. L’activité industrielle a baissé de 10% nous ramenant 12 ans en arrière (hips suivez mon regard, au moment du départ de Jospin…). Nous le savons, une société sans industrie est une société sans avenir.(hips l’avenir n’est plus le changement de la société).


Aujourd’hui, la responsabilité des groupes industriels se pose avec plus de force vis-à-vis du réseau des entreprises qui en dépendent.


L’urgence d’avoir une stratégie industrielle ne peut se limiter aux déclarations d’intention des grandes entreprises. Dans ce contexte, l’absence d’une politique gouvernementale de développement de l’industrie et de l’emploi se fait cruellement sentir (hips ouah que c’est subversif !)


L’industrie énergétique est un facteur important de développement économique et social. Le coût, la qualité de l’énergie sont constitutifs de l’implantation et du développement des industries (hips du Thibault pur !)


Les questions soulevées à l’occasion du Grenelle de l’environnement (nouveau mai 68 ?) doivent conduire à des mesures concrètes d’énergie qui intéressent au premier chef le secteur énergétique mais aussi les transports, l’habitat, l’agriculture…


Au cœur de la crise, en pleine transition énergétique (pas en transition stalinienne, hips), les besoins économiques, sociaux, de protection de l’environnement nous conduisent à des propositions ambitieuses qui doivent s’asseoir sur une politique de recherche fondamentale et appliquée (hips du Allègre pur !) plus ambitieuse et solidaire que celle développée aujourd’hui.


Comme le demande la CGT, la construction d’un pôle public de l’énergie implique de ne pas laisser partir des pans entiers du secteur. Ainsi, nous nous opposons à la vente d’AREVA T1D qui est un atout dans la construction des réseaux énergétiques intelligents. De même, l’ouverture du capital d’AREVA est une aberration alors que l’actionnaire principal : l’Etat, a été capable de refinancer les banques sans contrepartie !


La nécessité de produire un mix énergétique doit nous permettre de développer, en France, une filière charbon propre. Le développement de la production d’électricité d’origine hydraulique représente une opportunité formidable dans un contexte où le débat sur les énergies renouvelables est au cœur de notre société. De même, la modernisation du parc reste une « niche » inexploitée qui permettrait à la fois de contribuer à produire plus de kwh d’origine renouvelable en renforçant le mix énergétique tout en relançant la filière industrielle.


Le développement des moyens de production doit être organisé avec une réelle vision industrielle et d’aménagement du territoire afin d’éviter le gaspillage et de créer tous les emplois nécessaires.


Les suppressions de postes dans la distribution, la fermeture des agences de proximité, l’entretien insuffisant des réseaux de transport, le non remplacement des fontes grises dans les réseaux gaziers concourent à la qualité moindre de la fourniture d’énergie et donc à un service dégradé à tous les usagers, y compris les industriels (hips sacrés usagers !).


La FNME-CGT a des propositions cohérentes à faire avec toute la CGT qui intéressent la plupart des secteurs industriels pour revivifier l’industrie française, créer des emplois et ceci en effectuant la transition énergétique nécessaire à la situation contemporaine. »



QUESTIONS (aux jeunes qui lisent ce blog), répondez par oui ou non.



- cette déclaration CGT vous semble-t-elle différente de celle du PCF ?


- est-elle révolutionnaire ?


- contre-révolutionnaire ?


- nulle ?


- est-elle différente des rêves de Sarkozy ?


- est-elle prise au sérieux par les industriels ?


- relevez-vous des termes ayant trait à la lutte des classes ?


- pensez-vous que les grèves CGT contribuent à revivifier l’industrie capitaliste ?


- croyez-vous que son contenu est satisfaisant pour les bobos écolos ?



Si vous obtenez un score équivalent de oui et de non, ce qui est probable, lisez quand même MA CONCLUSION : les conseils de Paul Mattick que j’ai reproduit en introduction de mon excellente Histoire du maximalisme.



Dans les conditions actuelles, qu’est-ce que tu recommanderais aux travailleurs?” :



« Pour le moment, une seule chose: ne prendre en considération que leurs propres intérêts, sans se soucier de l’état où se trouve l’économie capitaliste. Que ce soit en période de crise ou de prospérité, les travailleurs devraient s’efforcer, par la grève et l’action directe, d’améliorer leurs conditions de vie aux dépens de la plus-value, tout au moins essayer d’empêcher le capital de leur faire payer la solution de la crise. La lutte de classe, qui menace le capital dans son ressort vital, le profit, se transforme inévitablement en lutte politique. Lorsque la classe ouvrière s’occupe de ses intérêts propres et concrets et met en cause la production de la plus-value, c’est alors, et alors seulement, qu’elle s’engage réellement dans la lutte politique. Un mouvement politique qui ne s’occupe pas de la lutte économique directe n’est pas un mouvement politique prolétarien, et quels que soient les résultats qu’il puisse atteindre, il n’est d’aucune utilité aux travailleurs ».



lundi 26 octobre 2009

Courtisaneries & Co



Courtisaneries & Co


COMMENT NAULLEAU RIBOULDINGUE

S’EST ECRASE DEVANT LA MERE BALKANY



D’après le principal fabricant des campagnes d’Etat, Le Monde : « Après une vaine contre-attaque contre les médias, le chef de l'Etat a finalement décidé avec son fils de renoncer à l'opération. Jean Sarkozy ne briguera pas à 23 ans la présidence de l'EPAD ». "Le choix de la raison" a eu expliqué le prince qu’on sort, qui s’était pourtant taillé les cheveux propre, avait enfilé le costard-cravate du démarcheur d’aspirateur électoral. Pour les journalistes véreux ce « recul » signifierait : « (que) L'échec du fils est aussi celui du père ». Dès le début de la polémique Sarkoléon avait personnalisé l'affaire. "A travers mon fils c'est moi qui est visé", avait-il pleurniché dans son mauvais français habituel le auprès de son principal sponsor, Le Figaro le 16 octobre. Le père « divorcé » aurait voulu ménager la carrière de son fils : « Il a aussi mesuré le risque de fissure avec l'opinion publique et la base de l'UMP, alors que toute la presse internationale titrait sur le népotisme français ». Pendant que les vagues de licenciements continuent de s’abattre et les suicides de se répandre, tous les médias esquivaient bien plutôt les questions politiques de fond en gonflant une promo tout à fait secondaire, et aussi méprisable que l’affichage bling-bling des débuts du règne. Nul doute que, protégé par les génuflexions de son clan de privilégiés Sarkozy ne se sente plus pisser en général, un peu comme Franco en fin de parcours. Gare ! faut toujours quelqu’un pour éponger par après. Personne n’ose élever la voix en général ou tirer la sonnette contre les désidératas de tout autocrate. Malheur à lui, quand il s’avère que rattraper ses outrecuidances est quasi impossible par ses larbins les plus proches comme H.Gaino qui a joué au démineur en évoquant les « inévitables courtisaneries » ; les jappements du clébard Lefebvre restant inaudibles, ridiculisant toujours plus la voix de son maître . Finalement la bêtise présidentielle n’a fait que conforter les constants mensonges d’Etat dans tous les domaines, et a foutu en l’air (mais bien après cet autre promesse de faux-cul de travailler plus pour gagner plus) la « méritocratie républicaine » (thatchérienne) pourtant régulièrement violée par le « privilège de la naissance ».


Contrairement aux affirmations des plumitifs du Monde, il n’y avait cependant pas grand péril en la demeure, sauf en vue des élections régionales de mars – on se souvient du tort que « l’affaire des diamants » avait causé à Giscard. En mars n’importe quelle chèvre de gauche ou de droite pourra être élue de toute manière, et on aura oublié le fils giélévipri . Sarkozy, ses valets ministres, ses cire-pompes politiciens ne parvenaient pas cependant à endiguer la rumeur. L’épilogue du feuilleton n’équivaut pas pour autant à une victoire de l’opinion e-web ou du prolétariat industriel contrairement aux satisfecit du plouc Bayrou, Montebourg et autres Mamère. L’épisode médiatique est secondaire, aubaine pour les caricaturistes. Les privilèges du clan oligarque (le fils du blaireau est dans les murs de l’EPAD) n’auront en rien été amoindris et il n’y a aucun risque d’insurrection des masses contre le cynisme de la haute bourgeoisie. Pour clore la polémique, il faut avoir recours à d’autres relais que les menaces juridiques ou policières du blaireau[1] Politiquement, la gauche caviar qui est cramée pour longtemps, avait activé le « scandale » pour soutenir à sa façon un gouvernement en difficulté, est espérait en récupérer quelques retombées électorales ; manque de pot, la chèvre D.Douillet, multi-médaillé du karaté de droite a enfilé sans mal son nouveau pyjama de député sans que Neuilly-Auteuil-Passy ne « déveaute » (ou ne dévôte). Pauvre gauche bourgeoise qui s’est pris encore une sacrée droite aristo!


LES PIEDS NICKELES A LA RESCOUSSE !


Naguère il y eu de bonnes émissions consommables culturellement, qui ne méprisaient point le bon prolétariat, comme « Apostrophes ». Il existait des émissions séparant les genres pour d’un côté distraire avec les « variétés » et de l’autre dévider les discours politiques raides du personnel politicien comme genre séparé (il est vrai avec des clowns efficaces pour Mme Audimat comme Marchais ou les Le Pen et autres Tapie, pas encore décrépis). De nos jours, tout est mélangé. Les Arts & Lettres ne sont plus qu’une bouillie de déclarations de saltimbanques, de bons mots de députés secondaires et de la pub pour le dernier navet sur les écrans hexagonaux. Comme dirait Allègre, Sarkozy a mis un peu d’ordre dans ce capharnaum en virant de la grand messe cathodique du samedi soir Ardisson et son « Tout le monde en parle », à la tonalité trop acide (au sens sale) et partouze, inconvenant pour la nouvelle morale sarkozienne (pour les mémés qui croient qu’il en a une)[2]. Eliminé également « On ne peut pas plaire à tout le monde », qui faisait double emploi, de cet autre petit roquet dont j’ai oublié le nom car trop cynique et mondain.


Il fallait recréer un combiné de l’ancienne émission populaire d’Anne Sinclair « 7 sur 7 », qui était regardée par nombre de prolétaires qui se refusaient à être assujettis au débile « 20 heures » pour se contenter du résumé des actualités de la semaine. L’émission de talk-show en semaine sur FR3 de Frédéric Taddeï est une horreur, ça cause au milieu du bruit et en arrière-plan des gens picolent et se fichent des débats. L’autre nouvelle formule sur la chaîne publique « On n’est pas couché » est venue remplir complètement ce besoin d’une information à la fois de fin de semaine, agrémentée de moqueries politiques du niveau bistrot du coin. Quand le gouvernement gouverne par les scandales, ses permanents du spectacle les alimentent. Ou les relativisent…


« On n’est pas couché », qui connaît un réel succès d’audience, doit celui-ci à ses trois pieds nickelés. Laurent Ruquier tient le crachoir. Croquignol de la bande, il met un point d’honneur à être moins fin que ses deux comparses, il gère avec le rire téléguidé de la salle humour-limite, vannes grossières, alternant un rôle de temporisateur et de jeteur d’huile bouillante. Mais le suspense de l’émission tient au passage sur le grill de Ribouldingue et Filochard. L’intelligentsia mal assise et les artistes sans talent les craignent comme la peste. Ce ne sont pas des vrais « pieds nickelés », au sens de la célèbre BD. Véritables pros de la télé, ils bannissent toute spontanéité. Ils travaillent, longtemps à l’avance, à partir des fiches des invités, pour affûter leurs saillies ou charges déstabilisantes pour tout naïf imbus de lui-même ou toute séductrice de cocotier.


Le plus craint est Naulleau. Ce Ribouldingue, à la face large et dont une oreille décollée trahit le cancre, peut paraître sympathique comme le modèle de Louis Forton. Il n’en est rien quand bien même il esquisse un sourire tristounet, il fait trop penser au docker CGT qui va vous mettre un coup de boule. Eric Zemmour n’est pas borgne, mais ce petit Filochard a l’œil malicieux d’une souris (il bouge d’ailleurs toujours la tête avant-arrière comme cet animal kitsch qu’on mettait jadis sur la lunette arrière) ; il affiche un caractère sanguin. Il est capable d’aboyer plus souvent que Ribouldingue-Naulleau. Autant ce dernier tient sa radicalité d’un discours moralisateur de gauche bcbg et de ses prétentions à être un critique littéraire, autant Filochard, avec la faconde des petits qu’ont pas peur des grands, peut se permettre d’affirmer les pires franchouillardises, s’affirmer sans complexe misogyne, anti-boche et anti-arabe…


En ce vendredi 24 octobre nos terreurs des petits artistes sans talents et nos moqueurs des puissants éloignés se révélèrent pourtant pour ce qu’ils sont : des pétochards pour leur poste de perroquets de télévision face à une dame très importante des coulisses du pouvoir. Madame Isabelle Balkany[3], hormis qu’une bouteille d’eau oxygénée lui soit tombée sur la tête et qu’elle provienne tout droit du coiffeur Durateau à Neuilly, avait de l’aplomb et une certaine prestance, faut bien le reconnaître. Pour les naïfs, on précisera que des conditions avaient été posées clairement avant l’émission. Nos trois pieds nickelés savaient qu’ils risquaient leur place comme un vulgaire PPDA si la nounou de Jean Sarkozy se faisait démolir sa permanente Durateau. La presse s’empressa après l’émission de saluer son courage d’avoir été affronter Ribouldingue et Filochard, sussurant, pour faire presse indépendante, qu’elle avait eu du mal à argumenter en faveur de p’tit Jean. Pas du tout. Elle était pleine aux as la vice-présidente du Conseil général des Hauts de Seine, et néanmoins compagne d’un charlatan de première, élu, réélu et vacciné contre toute intrusion malveillante d’un éventuel magistrat honnête.


La perception des échanges verbaux est noyée régulièrement sous les rires du public, les coupures incohérentes de Croquignol et ses gloussements, et des gros plans qui évitaient le visage de la bourgeoise au moment des questions un peu gênantes, l’inaudibilité du trouillard Ribouldingue – qui marmonne quand il est obligé d’adopter profil bas – la prise de notes des déclarations est assez ardue. On peut en extraire ce qui suit, après que Croquignol ait ouvert les amabilités, l’œil sur le spectateur moyen : les français ne sont pas prêts à accepter le favoritisme… et que la mère Balkany ait balancé sa première sornette : c’est Jean qui a pris cette difficile décision (hi hi).


Filochard, l’employé du Figaro, était dans ses petits souliers et mettait les formes à ses questions farouches :


- Est-ce que vous n’avez pas sous-estimé l’opinion publique ? (…) On passe pour une société aristocratique, sincèrement et c’est pas du tout pour polémiquer (…) savez-vous que des enfants de cadres sont aujourd’hui ouvriers… la classe moyenne est fragilisée…


Consternée elle aussi par cette minable chute sociale, la bourgeoise se faisait magnanime :


- eh oui l’ascenseur social marche moins bien…


Le clown Dubost, de passage pour la promo de son dernier navet, se tordit comme un bouffon sans tricorne : M’dame est-ce que si le jeune homme s’était pas appelé Jean Sarkozy, il aurait pas été élu ? Et qu’on en aurait pas fait un plat ?


Filochard Zemmour aspire une bouffée d’air : c’était çà la question… (qu’il osait pas poser ?)


La bourgeoise : il y a plein de jeunes qui occupent des postes de responsabilité… (La salle hue)… il a été élu à Neuilly (la salle rigole) gros plan sur Croquignol qui rit lui aussi.


Un autre bouffon qui essaie de relancer sa carrière avec les nouveaux venus qui « marchent », Dany Boon puis Alexandra Lamy, et qui a la dent dure quand il veut, M.Boujenah commence à évoquer les choses graves et bouleversantes et assure ne pas comprendre qu’on ait monté en mayonnaise… mais combien de jeunes occupent des postes importants ?


Sentant venir un possible dérapage de certain bouffon félon, la bourge Balkany coupe court pour faire un clin d’œil à la « communauté » : "je ne connais pas Michel Boujenah mais je connais bien son grand-père !"[4]


Rires de la salle. Boujenah rit aussi. L’alerte a été chaude. Boujenah se tiendra à carreau. Filochard Zemmour avait le plus frôlé la sanction de Blaireau Ier en miaulant que le vieux Devedjian avait été écarté pour que fi-fils puisse se présenter… Ribouldingue Naulleau, bafouillant, avait hoqueté qu’un certain Montebourg avait dit qu’une chèvre aurait été élu à Neuilly… La « dureté » de la critique semblait comme avoir été mal répétée en coulisses, mais il fallait que ce soit dit pour calmer les mauvaises digestions à droite et les mauvaises haleines à gauche. Les critiques, quoiqu'un peu inaudibles – Ribouldingue bafouillait de plus en plus – étaient un excellent plateau servi à la bourgeoise de Courbevoie :


- en effet… vous avez vu combien ce député socialiste méprisait le suffrage universel !



Ribouldingue Naulleau (bafouillant) : m’enfin… on comprend pas. La démocratie c’est pas ça..


Bourgeoise Balkany : Vous, avec vos grands airs, votre assurance et votre méchanceté vous ne représentez pas l’opinion publique !


Paf !


Et la blonde platine de chez Durateau pouvait ensuite enfiler les perles de la Défense, patrimoine national, les investissements au niveau international qui sont mitonnés dans les ascenseurs des grandes tours. Par conséquent, ceci expliquant cela – elle fût presqu’aussi brillante en banalités démagogiques que p’tit Jean montant sur la table électorale deux ans avant à Neuilly – ne fallait-il pas élire le meilleur, celui qu’elle avait langé depuis la césure du cordon ombilical, talentueux, intelligent ? Filochard clignait des yeux et oscillait la tête sur la lunette arrière quand Ribouldingue affichait un mutisme contraint, puis se risquait encore à un lamentable borborygme :


- sur un CV çà passerait pas…


Elle le repoussait vers l’ANPE des intermittents du spectacle :


- (mon pauvre) mais j’ai parlé de maturité, de son talent, de son intelligence. Il a fait un tas de propositions concrètes pour la Défense…


Ribouldingue voulait se faire passer pour plus nul encore :


- au niveau des études, il est plus près d’un cancre.


Madame la bourgeoise balkanique couche à terre ce gros plouc d’employé de France 2:


- il y a des ministres qui n’ont jamais eu le bac… n’importe quel jeune peut se présenter aux élections (hululements de la salle)… On a des jeunes de 18 ans qui s’engagent…


Filochard, qui a senti Ribouldingue chier dans son froc, revient à la charge mais de façon mesurée en relativisant, charitable envers un(e) de ses employeurs :


- vous avez besoin d’un VRP, car c’est pas payé cette fonction et puis il y a derrière un vrai directeur qui prend des décisions. Sarkozy est clair il veut que l’Etat reste maître exécutif des opérations.


La bourgeoise n’en demandait pas tant et pouvait donc « illustrer » :


- tout à fait… et savez-vous que Jean Sarkozy a proposé que toutes les collectivités locales soient plus impliquées…


- Filochard : il n’y a pas de majorité au sein des élus locaux, c’est la grande idée de Sarkozy que l’Etat garde la prééminence… les maires ne sont pas d’accord !


- La bourgeoise : Cela va se faire et en concertation avec les élus locaux…


Gros plan sur Filochard qui fait une horrible grimace et s’efface à son tour. Croquignol peut remercier la bourgeoise de Courbevoie. Elle quitte donc le plateau sous les appaludissements du public. Rideau.










[1] [1]On se souvient de son minable « fait gaffe ! » à Emmanuellli dans les couloirs du parlement, alors qu’il n’était que simple ministre, et l’autre le bouc-émissaire de toute la pourriture du PS.



[2] Le niveau de réflexion politico-artistique était tombé au niveau de la braguette, avec des divas complaisantes comme Rocard qui acceptaient des questions telle : « elle suce ou pas ? », sans se fâcher pour mieux faire vendre leur ouvrage de menteurs d’Etat.




[4] Lors d’une émission précédente où Tarik Ramadan était sur la sellette, le comédien Francis Huster, qui ne perd jamais une occasion pour montrer sa bêtise en politique, avait interrompu les échanges ainsi, s’adressant à Zemmour et à Ramadan : « est-ce que vous aimez la France ? Est-ce que vous vous sentez français toi le juif et toi l’arabe ? ». Ce disant il avait exhibé sa rosette de la légion d’honneur. Les deux autres, Zemmour brillant dans la cour chauviniste et Ramadan cliquant sur le colonialisme, avaient rapidement écarté l’intru et ses allusions communautaristes.



[5] Sur un blog du Web, voici un résumé non exhaustif du mari de la dame : Patrick Balkany, c'est le recordman politique français de l'impunité et du délit.Emplois fictifs, diffamation, affaire de moeurs, le monsieur est un habitué des tribunaux tout autant que de l'avion présidentiel (il fait partie des valises du monarque). Il aura même réussi à se voir exempté de la dette de 1 000 000 d'euros qu'il doit à sa municipalité par son conseil, majoritairement UMP, cela va sans dire. (je mets la somme en chiffre, avec tous les zéros c'est plus impressionnant) Première condamnation en 96 pour emplois fictifs, suivie par une autre pour diffamation dans l'affaire qui l'opposait à Annie Mandois, élue communiste. Autre exemple ? En 1997, quand bien même cette affaire ci finira sous le tapis, sa maitresse l'accuse de l'avoir forcée à lui faire une fellation sous la menace d'une arme. Pourtant, les français semblent assez magnanimes, autant qu'amnésiques, jugez en plutôt,
en compagnie de Patrick Balkany et de Jean-Paul Alduy : (Ce blogueur est un grand naïf les « français » ne sont pas des veaux. Les masses de bourgeois et de petits bourgeois votent dans leur intérêt pour des gens qui les représentent et qui leur ressemblent !)


Pierre Bédier, UMP, 2006, corruption passive, abus de biens sociaux. François Bernardini, PS, 2001-2002, affaires politico financières.Christian Cuvillliez , PCF, 2003, détournements de fonds publics. Harlem Désir, PS , 1998, recel et abus de biens sociaux. Xavier Dugoin, UMP, 2000, abus de confiance, détournements de fonds publics. Henri Emmanuelli, PS, 1997, En tant que trésorier du PS, trafic d'influence. On ne parlera pas de ces élus comme Tiberi (faux électeurs), ou Chirac (comptes secrets au Japon) qui réussissent à faire trainer les affaires jusqu'à l'heure de leur retraite, ou de leur mort. Tous réélus !