"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

jeudi 24 juin 2010

BEAUCOUP DE MANIFESTANTS ET APRES ON FAIT QUOI ?


LA MANIPULATION bat son plein de manifestants suivistes.Toute la presse bourgeoise a titré que les syndicats se sont "requalifiés" et assuré que même le gouvernement n'en était pas du tout marri. Synonyme de manip machiavélique du sol au plafond,de la rue à l'Elysée,la perversion narcissique étatique... Vous allez dire que j'abuse de la notion. Pourtant, mêmes conséquences que celles causées par les porteurs tarés de cette maladie. La victime, la classe ouvrière ressent un malaise indéfinissable, elle a le sentiment de s'être fait baiser, jamais complètement il est vrai. En face le gouvernement a toujours raison, n'agit-il pas dans l'intérêt de tous? Il nous fait souffrir mais n'est-ce pas pour notre "bien"? La psychanalyste Martine Aubry complète le diagnostic "les Français ont peur". Non les prolétaires n'ont pas peur mais ils sont mal dans leur peau parce, spectateurs et victimes d'un système qui s'écroule ils sont en première ligne pour le chômage de masse éternel et la retraite au flambeau. S'il y a malaise, il est surtout politique: les prolétaires sont dépossédés littéralement de toute réflexion, décision et orientation pour l'intégrité de leur combat: les grèves et manifestations sont décidées et cornaquées par d'anonymes appareils bureaucratiques; après avoir été parqués dans les rues, on annonce aux défilants qui ont défilés que des négociations seront ouvertes avec le gouvernement, que celui-ci - le 13 juillet - ne prendra pas vraiment toutes les décisions qui motivent les craintes face à la réalité nue (le Capital ne cède plus rien du tout)mais qu'il s'en remettra aux parlementaires début septembre, qui discuteront et avaliseront pendant que (éventuellement) les obscurs appareils syndicaux vous feront défiler à nouveau dans les rues. Jamais rien n'est clairement affirmé ni confirmé, au nom des complexités, de la pénibilité de l'application des lois mais jamais au nom de la sénilité d'un capitalisme incapable d'offrir à chacun un travail et décidé à supprimer les retraites pour les plus pauvres.
Deux millions ? C’est certainement loin du compte, en dessous du million sûrement. On a tellement l’habitude des mensonges du gouvernement et de ses syndicats qu’on se fiche du nombre exact. Même s’il y avait eu trois millions de manifestants, ces fleuves de population lobotomisée n’auraient pas eu plus d’importance. Que la masse de manœuvre soit manœuvrée non seulement par ces défilés inutiles dans la rue importe moins que les avalanches de mensonges ou de bonnes paroles qui ont balisés toute réflexion politique sérieuse et tout questionnement sur l’INSTRUMENTALISATION de l’absence d'avenir DES retraites, un des aspects de l’effondrement de l’économie capitaliste par la disparition de la valeur.
Autant dire qu’il ne s’est rien passé d’important ce 24 juin. En 2009 les manifs contre la crise avaient été bien plus importantes. La dite base arrière des manifs dans les principales villes était mince : un tiers de grévistes à la SNCF (protégés provisoirement), moins de 20% à l’Eduque Naze pourtant le milieu le plus suiviste du syndicalisme, peu à ERDF, encore moins dans le privé (chiffres du JDD). Les prolétaires ne sont pas tous lobotomisés au point d’avoir oublié les autres promenades syndicales pour se ficher de la classe ouvrière. Pour une partie des prolétaires ce genre de journée nationale d’action signifie un maximum d’emmerdements (garde des enfants, embouteillage, longues marches à pied, etc.) c’est pourquoi certains font grève, contraints et forcés, pour limiter les dégâts et ne vont même plus aux manifs. Intégrant cette méfiance, plus qu’une surenchère comparable à 1995, le syndicat FO s’était abstenu d’appeler à la JA. Dans le jargon maximaliste c’est ce qu’on appelle le « partage du travail » pour ne jamais abandonner à leur sort (possiblement délictueux) de larges parties de la classe rétives aux mobilisations frauduleuses à répétition.

A LA VEILLE DES PROMENADES SYNDICALES, UN SONDAGE BIDON

Le système démocratique est devenu plus totalitaire que celui de feu Brejnev, et le régime de ce potentat reste indéfendable mais était sous-développé comparé au bourrage de crâne anarcho-libéral. A la veille du 24 juin, deux jours avant, le principal journal gouvernemental, Le Figaro publie un sondage osé, qui ne sera contesté par PERSONNE ; il est repris et commenté comme Bible par Le Monde et Chérèque (chef CFDT) invité la veille aux infos du 20 heures. Car les sondages du Figaro, commandités depuis l’Elysée sont INCONTESTABLES. Etudions-en les subtilités. C’est du grand crétinisme dans la perversion narcissique. Sous le titre ronflant et autosatisfaisant de sarkomanie : « Les Français acceptent la retraite à 62 ans » - à 58%... ils n'ont pas osé balancer 62% - on n’interroge plus un panel de classes sociales ou des gens de la ville ou de la campagne, ou la ménagère de plus de 50 balais mais des appartenances politiques, ce qui permet de renforcer à tous les coups les choix bourgeois : que signifie « 72% de l’UMP », un parti de merde qui ne représente qu’une infime minorité de riches face à « 42% de sympathisants du PS », entité qui ne peut prétendre représenter les millions de prolétaires mais ne recoupe que cette minorité de vieillards enseignants qui peuple les comités du principal parti caviar ?
« Parmi les sympathisants de droite, 82 % des personnes interrogées trouvent ce recul acceptable, tandis que ce taux tombe à 42 % chez les sympathisants de gauche. Interrogés sur l'engagement des socialistes de remettre en cause le recul de l'âge légal en cas de victoire à l'élection présidentielle de 2012, 37 % des sondés ont jugé qu'il serait tenu (58 % chez les sympathisants du PS, 28 % chez ceux de l'UMP), contre 63 % qui ont pensé le contraire (42 % chez les sympathisants du PS, contre 72 % chez ceux de l'UMP). Sondés par ailleurs sur l'attitude du gouvernement sur le dossier des retraites, 61 % l'ont jugé "déterminé à maintenir le système de répartition français", contre 39 % répondant par la négative. En revanche, 67 % ont trouvé que le gouvernement n'était "plutôt pas" "juste dans ses choix", contre 33 % jugeant qu'il l'était "plutôt". Et 60 % ont trouvé qu'il n'était "plutôt pas" "attentif aux questions liées à la pénibilité de certains métiers", contre 40 % trouvant qu'il l'était "plutôt". Le sondage a été réalisé du 18 au 22 juin sur un échantillon de 1 002 personnes, représentatif de la population âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas ».
L’oligarchie qui se moque de l’opinion de ses électeurs aveugles pendant 5 ou 7 ans, se met à leur prêter des nuances sibyllines comme si ces vulgaires anonymes étaient de sagaces juges des intentions des partis caviars comme le PS et aptes à juger de la validité des orientations gouvernementales pour gérer la crise du capitalisme ! Vous nous faites trop d’honneur ! Doivent s’exclamer les éventuels sondés ! Ce sondage est tellement pervers, et d’une soumission absolue aux décisions oligarchiques de l’Etat qu’on ne vas pas perdre son temps à en disputer les arcanes. Il nous fait rire comme tel, et même ricaner par le mépris qu’il affiche pour la masse muette du prolétariat. Il faut absolument encourager la bourgeoisie à se permettre de tels foutages de gueule, elle nous prépare ainsi mieux son effondrement que tous nos meilleurs discours maximalistes. Un élément du sondage nous a paru intéressant, celui qui dit : « Pour 63% des sondés, en cas de victoire, la gauche ne reviendrait pas sur ce choix ».C'est évident,d'où la peur de Martine Aubry qu'il n'y ait pas plus d'illusions sur le syndrome du retour de la gauche caviar.

LA PRESSE PROVINCIALE TOTALEMENT SERVILE

Excepté l’organe néo-stalinien (financé par Neuilly) L’Huma qui y va du verbe ampoulé de l’impuissant, toute la presse provinciale roule pour le maquignon en chef.
- SUD-OUEST : « L'opinion publique est acquise à l'idée d'une réforme pourvu qu'elle ne paraisse pas trop injuste. L'opposition, qui reste forte, au relèvement de l'âge de la retraite, pourrait se solder dans les urnes en 2012 plutôt que dans la rue cet été ».
- LE REPUBLICAIN LORRAIN : « Finalement, c'est plutôt une bonne nouvelle pour les syndicats. (...) Ils retrouvent aujourd'hui un thème fédérateur: la défense des salariés, à qui l'on fait porter l'essentiel du poids de la réforme des retraites. (...) Partie pour être importante, cette mobilisation n'entamera pas pour autant la détermination de l'exécutif ».
- LE DAUPHINE LIBERE : « Il devrait y avoir dans la rue, ce jeudi, toutes les personnes opposées à la réforme des retraites, à l'exception de celles qui, sans être favorables au cap des soixante-deux ans, ne sont pourtant pas tout à fait contre un projet qui, pour n'être pas vraiment attractif, n'en semble pas moins inéluctable. Vous suivez? On vous l'explique autrement. La manif réunira l'ensemble des sacrifiés, des énervés et des agacés auxquels il convient cependant d'ôter les résignés, les convaincus et les fatigués ».
- L’ALSACE : « Nicolas Sarkozy en personne a pris soin de laisser la négociation ouverte (...). Il s'est bien gardé, aussi, de toucher immédiatement aux régimes spéciaux. Enfin, il a calmé brusquement la +réformite+ qui a marqué les trois premières années de son quinquennat. (…) Sans marquer la fin du bras de fer: le débat au Parlement aura lieu à l'automne, et d'ici là, beaucoup de choses, et notamment une entrée de la France dans une cure d'austérité que l'on pressent inéluctable, peuvent peser sur le climat social ».
- LA VOIX DU NORD : « Il y a un mois, les Français ne connaissaient pas encore les intentions précises du gouvernement, ce qui ne facilitait pas la mobilisation. Cette fois la fin des 60 ans est officiellement programmée et l'on va pouvoir mesurer à la longueur et la densité des cortèges le degré de fièvre provoqué par le sujet. Cette semaine une vague de sondages contradictoires ont été publiés. 56% des Français seraient hostiles au recul de l'âge légal selon une enquête BVA-Les Échos publiée mardi, et contredite hier par un sondage IFOP-Le Figaro claironnant un soutien de l'opinion à 58%.
- LE PROGRES DE LYON : « C'est la crise, la chasse aux privilèges est ouverte. Les habitués de la Garden Party devront cette année renoncer à leurs petits fours. Les Bleus sont privés de primes. Les retraités ministres perdent leur retraite. Christian Blanc devra rembourser ses cigares... Personne ne versera une larme sur ces abandons. Et notre président, qui les a imposés, pourra camper en champion de la France qui se lève tôt pour travailler dur, contre l'élite des privilégiés ».

LES VUVUZELAS DU PARTI GAUCHE CAVIAR
Les trompettes de la renommée de Martine Aubry furent de la partie. L’avant-centre Harlem Désir fît corner le premier sa vuvuzela : «"Je mets le gouvernement en garde contre un passage en force", a affirmé à l'AFP Harlem Désir, numéro deux du PS, qui s'est réjoui du "succès" de cette journée qui consacre "un véritable divorce entre le gouvernement et les Français". Ce terrible dribbleur a ajouté : « "Nous sommes aux côtés des salariés pour faire reculer le gouvernement et dire qu'une autre réforme des retraites est possible, plus équitable ». L'eurodéputé se trouvait dans le défilé au côté notamment de Bertrand Delanoë, Jean-Paul Huchon, Jean-Christophe Cambadélis, Claude Bartolone, David Assouline, Jean-Marie Le Guen et Benoît Hamon. L’ailié droit Delanoë, (arbitre à Paris) a averti le principal entraîneur de l’équipe France-Neuilly-Passy que la "mobilisation" témoigne de la volonté de "dire non à une réforme qui symbolise l'incompétence et le sens de l'injustice sociale qui caractérise ce gouvernement. Le gouvernement a tort de sous-estimer la détermination des salariés", qui certes "sont inquiets, mais ne sont pas résignés". "Le gouvernement spécule sur leur "éventuelle résignation, c'est très dangereux, parce que le réveil est brutal ». Surtout au moment d’un mondial qui va fédérer les différentes couches de retraités dans les vestiaires des pensions inégales. Pour l’arrière central Cambadélis, ancien collectiviste trotskien, « il ne s'agit pas d'un problème individuel". "Tout le gouvernement est atteint par des affaires à répétition, c'est un affaiblissement collectif" ». Le petit goal Bartolone était plus vindicatif : "les Français doivent savoir que si le gouvernement ne veut pas entendre leur protestation et leur refus d'un texte injuste, ils auront la possibilité de se venger au moment de la prochaine présidentielle" et "obtenir la remise en cause du texte par une majorité de gauche".
L’un des meilleurs arbitres de la fédération France-Sarkozy, Bernard Thibault, non loin des joueurs de vuvuzuelas, mais ponctuant ses propos de coups de sifflet de CRS-CGT : «les syndicalistes ont autant de chances que les Bleus d'être reçus à l'Elysée… La suite va appartenir au président de la République… Dès lors que 23 grévistes parviennent à modifier l'agenda du président de la République, assez naturellement, on pourrait penser que les responsables syndicaux puissent être reçus ». Les supporters des joueurs de vuvuzuelas du parti caviar ont évidemment beaucoup ri à la saillie du bouffon syndical coiffé comme Du Guesclin.
ET COMME IL FAUT UNE MORALE DANS LA ZIDANIE DOMINANTE…
Et pour montrer notre peu de sportivité face aux multiples manipulateurs syndicaux et politiques parmi nous… Quand les 11 joueurs (sur le terrain) perdent ils ne sont plus que des "racailles" (c'est drôle quand ce sont les racailles gouvernementales qui le disent). Rien de bien nouveau dans la bêtise sportive nationaliste: Noah en son temps était camerounais quand il perdait, français quand il gagnait. Quelle que soit leur origine nationale ou ethnique, tous les prolétaires peuvent compter sur le président de la "fédé sarkozienne" pour siffler la retraite à 62 et 67 ans. Quel beau match aujourd'hui où les arbitres syndicaux ont promené la foule de "bleus" naïfs hors des stades certes mais pour laisser la victoire à la bourgeoisie arrogante avec ses consignes de sondage préfabriqué. Deux millions de bleus dans la rue, simple masse de manoeuvre statistique soumise aux désidératas ultérieurs des ministres et des parlementaires, quelle nouvelle cruelle humiliation de la classe ouvrière en France!

1 commentaire:

  1. Bravo pour cette analyse au vitriol du jeux des faux semblants des syndicats et de l'opposition. Le CPE avait déclenché des émeutes et le pouvoir avait reculé. On pourrait être 10 millions à taper sur des bidons que ça n'y changerait rien. La docilité des masses les rends désormais aptes à accepter le pire, y compris les grands massacres à venir, puisque avec 7 milliards de "consommateurs" plus ou moins frustrés et de crèves la faim à peine valides, il y aura nécessairement du grand nettoyage à un moment ou à un autre, en tout cas sous peu...

    RépondreSupprimer