"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

samedi 2 mars 2013

LA BOURGEOISIE US TROUBLEE PAR LA DESOBEISSANCE CIVILE DU PROLETARIAT EGYPTIEN

OBAMA ENVOIE EN VITESSE SON SOUS-FIFRE

Des manifestants ont mis le feu à un commissariat à Port Saïd samedi, au moment où le secrétaire d'État américain John Kerry arrivait au Caire pour discuter de la transition dans le pays en proie à une grave crise politique. Quelque 500 manifestants ont lancé des cocktails molotov et des pierres sur le commissariat de cette ville du nord-est de l'Égypte, provoquant un incendie, et bloqué l'accès aux pompiers, a indiqué le ministère de l'Intérieur dans un communiqué.
Les manifestants s'étaient rassemblés devant le commissariat après des affrontements au cours desquels deux hommes avaient été blessés quand un camion de police a heurté des personnes manifestant un peu plus tôt, a indiqué le ministère. Port Saïd observe un mouvement de désobéissance civile pour la troisième semaine consécutive. Des violences similaires ont eu lieu dans le delta du Nil (nord), où une personne a été tuée et des dizaines d'autres blessées dans des accrochages nocturnes entre policiers et manifestants à Mansoura, selon un responsable de la sécurité. Selon des médias locaux, le manifestant est mort après s'être fait écraser par une fourgonnette de la police.

Campagne de désobéissance civile

Mansoura est la dernière en date des provinces du pays à lancer une campagne de désobéissance civile, après celles de Port Saïd, Ismaïliya et Suez. Les violences depuis le début janvier ont fait des dizaines de morts et des centaines de blessés dans le pays en proie à une grave crise politique et théâtre depuis des mois de manifestations hostiles au président islamiste Mohamed Morsi, accusé d'accaparer le pouvoir et d'avoir échoué à régler les problèmes sociaux et économiques.
Ces dernières violences surviennent alors que le secrétaire d'État américain John Kerry est arrivé au Caire dans le cadre d'une tournée régionale pour des entretiens sur la transition politique. Il doit rencontrer le président Morsi, le chef de la diplomatie Mohamed Kamel Amr et des représentants de partis politiques et de la société civile. Lors d'une conversation téléphonique cette semaine, le président américain Barack Obama a affirmé à Mohamed Morsi qu'il était "responsable de la protection des principes démocratiques" et l'a encouragé ainsi que "tous les groupes politiques à oeuvrer au consensus et à faire progresser la transition".

source AFP Le Point

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jeudi 28 février 2013

POURQUOI LES GAUCHISTES SONT DES BOURGEOIS ?

APRES LA "REVOLUTION EN PERMANENCE" LA "TRAHISON PERMANENTE"

Exceptée l’aile gauche du mouvement maximaliste depuis les années 1970 (RI, le FOR et le PIC) la plupart des courants ou cercles se réclamant de son aile opportuniste bordiguiste (PCI, Battaglia, Robin Goodfellow, etc.) ne se sont jamais résolus à considérer les gauchistes comme appartenant au camp bourgeois. Pour le cercle Robin Goodfellow, les gauchistes seraient « l’extrême gauche de la social-démocratie », mais la social-démocratie c’est quoi alors ? Pour ces soit disant marxistes orthodoxes l’extrême gauche, influençant de nombreux naïfs, serait donc simplement « opportuniste », c'est-à-dire, au sens marxiste classique : l’opportuniste est un futur traître qui prône la révolution, d’autant plus que ses rangs comptent désormais de nombreux prolétaires salariés, quoique souvent employés « protégés » des services publics et de l’éduque naze…
Il est vrai qu’à première vue, sur le terrain des luttes de la classe exploitée, la plupart des intervenants gauchistes font preuve d’un radicalisme syndical voire d’un syndicalisme radical qui prône une révolution quelque part dans l’avenir, et qu’aucun de ces agitateurs ne fait partie des magnats industriels ni n’est propriétaire terrien ni flic professionnel.
Tout cela vole évidemment en éclats pour qui ne considère pas que la bourgeoisie serait simplement la possession des moyens de production ou un vécu de riche cynique dans la société des inégalités de classes. La bourgeoisie, s’il faut en donner une définition plus précise, est d’abord une idéologie de conservation sociale qui dispose, comme la noblesse de jadis, de divers valets intéressés à sa pérennité.
Elle est une morale politique, nommée démocratie participative dont les critiques gauchistes prétendent être la lessive qui laverait plus blanc, comme condition pour parvenir à un changement de société « radical », « révolutionnaire ». Une vieille affiche de la LCR, reprise par son NPA indique : « La capitalisme ne s’effondrera pas tout seul, aidons-le ». L’humour peut servir les pires mensonges des « participants » au comique parterre politique officiel.
Avant d’examiner comment le gauchisme actuel, via son fleuron trotskien soixantehuitard le mieux consommable sur les écrans à cristaux liquide, il nous faut partir de la défense du gauchisme par lui-même. Il serait fastidieux de récupérer tous les comptes-rendus ou articles des groupes maximalistes depuis les années 1970 qui ont rendu compte par leurs dénonciations de la compromission du gauchisme avec les grands partis bourgeois (fronts uniques), l’appareil d’Etat (financement électoral) ou  dans les rangs du syndicalisme de gouvernement (soutien critique). Le trotskysme a toujours eu la faconde de passer historiquement du soutien critique à l’absence de soutien à la critique.
En réalité il n’y a jamais eu, il n’y a jamais de réponses faites aux dénonciations du maximalisme par les diverses chapelles gauchistes. Comme le stalinisme, dont la plupart des trotskiens sont les progénitures (et pas de la bourgeoisie « socialiste »), se refusent à débattre clairement avec même pas des ennemis, mais des « sectes ultra-gauches coupées de la réalité ». La méthode est déjà, à ce point de départ, typiquement autiste bourgeoise. Le propre de la bourgeoisie, de son mode de domination politique et social, jusque dans l’entreprise, reste « cause toujours, et parle à mon cul » ; c’est pourquoi la violence, et même la terreur révolutionnaire sont inévitables à des étapes données de la lutte des classes.
Alors par un heureux hasard de mes correspondances privées, je suis en mesure de vous montrer la véritable réponse que ne vous fourniront jamais officiellement les divers gauchismes. Ayant été aux premières loges du retour en politique d’un vieux routier du trotskysme, il y a une dizaine d’années, Yves Coleman, j’ai pu assister (et combattre honorablement) le fond de l’argumentaire trostko-gauchiste grâce à cet intellectuel œcuménique. Coleman, nouveau moraliste prêchant les épousailles du marxisme et de l’anarchisme, nous fournit, avec un raisonnement serein, argumenté et logique les véritables raisons qui confirment que le gauchisme FAIT PARTIE de l’idéologie bourgeoise.
Un certain Guy Fargette a parfaitement identifié la faconde de Coleman, auquel Michel Olivier s’est désormais associé : « Y. Coleman qui, sous des phrases d’ouverture formelle, n’a nullement abandonné la posture d’assurance impérieuse et factice des léninistes de toujours, même quand ils ne s’appuient plus sur un groupe hiérarchisé (…) s’avère d’un schématisme erratique extrêmement révélateur. Il affirme le fonds de ses positions avec une franchise que ses collègues savent en général éviter ».
 Examinons le courriel qu’il me fait parvenir en 2002, qui fait preuve apparemment d’une lucidité de « bon sens », mais où il est le seul à critiquer âprement et superficiellement mon ouvrage « Les Trotskiens » que je viens d’éditer chèrement à mes frais[1]:

Lettre du 17 juillet 2002
« En ce qui concerne mes petits textes et mon projet de tract, je crois que notre divergence porte sur la façon de discuter et sur l’usage de certains concepts comme bourgeois, centristes, gauchistes, staliniens, ultra-gauches, etc. M’étant totalement séparé des milieux d’extrême gauche pendant 20 ans, et ayant vécu et travaillé parmi les gens normaux, qui ne pensaient pas politique du matin au soir, j’ai pris en sainte horreur tout un jargon gauchiste et les conséquences que l’usage de ce jargon a sur les relations humaines quotidiennes. Je dois dire que LO (Lutte Ouvrière) n’utilisait guère ce jargon et qu’à CC (Combat Communiste) non plus nous n’aimions guère le vocabulaire et les polémiques des groupes d’extrême gauche (le fond oui, car il est nécessaire, vital même, mais pas la forme sectaire). Si tu t’es tapé, comme c’est mon cas, les œuvres complètes de Trotsky, une bonne part de celles de Lénine et de Marx, sans compter les écrits de toutes les tendances gauchistes françaises et internationales pendant 16 ans, tu ne peux qu’aboutir à une certaine saturation vis-à-vis des appréciations et accusations polémiques incessantes qui parsèment ces textes. Et quand on en vient aux petits groupes comme les trotskystes actuels, ou aux groupes encore plus minuscules comme ceux de l’ultragauche, les excommunications me semblent stériles car ces groupes ne jouent plus pratiquement aucun rôle dans la réalité.
Ton livre mélange des attaques personnelles parfaitement gratuites et méprisantes contre les dirigeants trotskystes (Krivine, Arlette, Lambert), des informations invérifiables et calomnieuses sur les financements occultes des groupes trotskystes avec un florilège de citations qui, à mon avis, ne convaincront que les convaincus car justement ce ne sont que des citations. Tu as bien du mal à reprocher aux groupes trotskystes des actes concrets (cassage de grèves, cogestion du capitalisme, etc.) et constamment obligé d’utiliser des phrases et des raisonnements ambigus ou pédagos, sortis de leur contexte le plus souvent, et de t’en indigner comme s’il s’agissait d’actes politiques de la même portée que la participation à des gouvernements bourgeois ou le massacre d’ouvriers. De même, tu fais constamment l’amalgame entre trotskystes et ex-trotskystes, ce qui est de bonne guerre d’un point de vue polémique mais n’est guère rigoureux. A ce compte-la on trouvera toujours des conseillistes collaborateurs ou des bordiguistes devenus cadres d’entreprise ou hauts fonctionnaires, cela ne convaincra pas les membres de ces groupes qu’il existe un lien inéluctable entre leur idéologie et le parcours d’un certain nombre de leurs membres.
Certes avec les ex-léninistes-gauchistes de la cuvée 68 le phénomène a pris une ampleur assez significative (quelques centaines n’individus sans doute), mais cela n’est malheureusement pas suffisant aux yeux de la masse des militants ou sympathisants (des dizaines de milliers depuis presque 40 ans), anciens et actuels, qui eux n’ont pas tourné leur veste, ne sont pas devenus patrons, journalistes aux ordres ou conseillers du CNPF, n’ont jamais brisé la moindre grève et ont toujours été victimes de la répression patronale. Je comprends très bien que chaque groupe, voire chaque individu, révolutionnaire, ait besoin de se convaincre qu’il détient la vérité, et que tous les autres ont tort, mais à quoi cela mène-t-il ? A l’isolement, à l’amertume, au mépris pour les autres, considérés comme faisant le jeu de la bourgeoisie, comme des racketteurs, etc. Cela ne mène à aucune clarification, ni théorique, ni organisationnelle. Et les groupes qui mènent la polémique la plus durement contre les autres (comme RI ou le PCI) ne sont absolument pas à l’abri de l’autodestruction et des scissions à répétition comme tu le sais bien toi-même. Alors qu’ont-ils gagné en se présentant comme les seuls détenteurs de la science marxiste ou de la vérité révolutionnaire depuis 70 ans ? Absolument rien.
Quant à moi, aujourd’hui comme hier, je tâtonne, et j’essaie de discuter plus ou moins fraternellement en fonction de ma patience avec les gens qui prétendent vouloir changer la société grosso modo dans le même sens que moi. Tout à fait d’accord que les dirigeants de LO ou de la LCR n’en ont rien à foutre, et je ne vois pas l’intérêt de discuter avec eux pour les ébranler ou les convaincre. Je ne leur cherche pas d’excuses (ils n’ont pas besoin de moi pour cela), j’ai cherché seulement dans les 2 articles pour Dissidences à exposer honnêtement leurs motivations de départ, même si le résultat final est très loin des intentions proclamées. J’ai discuté avec une militante de LO qui trouvait que mes textes étaient dignes de l’Express et de Koch, donc je vois bien que ces militants sont enfermés dans des certitudes et qu’ils ont besoin de mépriser les autres pour se blinder contre l’effet de la critique. Je connais personnellement un certain nombre de dirigeants de LO (j’étais dans la même cellule que Pierre Bois pendant des années, j’ai bien connu Dubourg (non Duburg, ndt), Kaldy, etc.) et je ne crois pas que ce soient des pourris, des néostaliniens, comme tu le dis. Qu’ils aient peu de respect pour la démocratie interne, le débat d’idées, et même qu’ils fassent peu de choses dans leur propre organisation pour lutter contre les effets de la division du travail capitaliste, j’en suis convaincu. Qu’ils soient prêts à magouiller dans des mouvements, j’en ai personnellement été témoin lors de la première grève des CET de 1974, et nous l’avons écrit dans CC (Combat Communiste). Mais cela ne fait pas d’eux des valets de la bourgeoisie ou de simples appendices du PS ou du PCF, du moins pour le moment. Ce sont des gens qui sont totalement désintéressés sur le plan personnel, qui n’accumulent aucun bien, qui ne vivent pas sur un grand train de vie, etc. Un permanent de LO vit avec moins que le SMIC et en plus il n’aura aucune retraite, donc on est très loin des carriéristes de tout poil qui peuplent l’Université et une partie de l’Etat bourgeois, ou qui grimpent dans l’appareil syndical en faisant toutes sortes de compromissions. Je ne vois aucune raison de brandir des condamnations historiques définitives ou de reprendre à mon compte des informations invérifiables de journaleux pour appuyer mes raisonnements. Il faut mener la polémique contre eux en tenant compte de la taille des groupes concernés, de la portée réelle de leurs actes et de leurs paroles, de leurs illusions et manipulations tacticiennes, etc. Sinon, on se fait surtout plaisir à soi-même en brandissant des anathèmes et en prononçant des excommunications, mais on ne fait pas avancer le schmilblick d’un poil. Krivine n’est pas Scheidemann, Lambert n’est pas Staline, Arlette n’est pas Fidel Castro. Il faut aussi dénoncer les calomnies des journalistes contre eux : même si on n’aime pas ces groupes, leurs mœurs et leur idéologie, on ne peut laisser des plumitifs de la bourgeoisie donner des leçons de morale et raconter n’importe quoi. Tu as l’air de penser que puisque ces groupes ne démentent pas publiquement et en détail les conneries ou les saloperies que l’on écrit sur eux, c’est que ces conneries ou ces saloperies sont vraies. Curieux raisonnement pour quelqu’un qui veut utiliser une méthode scientifique. S’il fallait que les groupes d’extrême gauche fassent des procès ou des contre-livres chaque fois que l’on écrit sur eux, cela leur coûterait une énergie démesurée par rapport à ce que cela leur rapporterait. Je ne sais pas si j’aurai le temps, la patience et l’envie de continuer à considérer les trotskystes comme des camarades et de tenter de m’adresser à eux pendant des années, mais pour le moment je vais faire un petit effort dans ce sens. J’ai ouvert un site (http://monsite.wanadoo.fr//revolutionarchives) qui est vide pour le moment mais que je vais alimenter avec des traductions de classiques qui à mon avis permettent de faire avancer le débat et de franchir les frontières des chapelles actuelles. Les deux premiers textes que je suis en train de traduire sont un texte d’Emma Goldman sur Trotsky et Cronstadt (pour faire réfléchir les trotskystes) et un texte d’Hal Draper sur Michaisky[2] (pour faire réfléchir les anarchistes). Je ne sais pas si je les diffuserai sous forme de brochure ou de revue (temps + pognon = galère), mais je pense qu’il faut que les barrières intellectuelles et humaines, les frontières artificielles entre les organisations tombent, pour que surgissent de nouveaux groupes, de nouveaux rassemblements révolutionnaires. Certes, cela ne suffira pas à changer radicalement la situation, mais c’est une des conditions importantes à ce que l’on ne reproduise pas éternellement les mêmes erreurs.
Amitiés. Yves
Je ne me souviens pas lui avoir répondu à l’époque tellement je le trouvais… bête.

UNE VRAIE ARGUMENTATION… GAUCHISTE DE BASE

Voilà Coleman synthétisa ainsi par devers lui, tout à fait, à lui seul, correctement la défense du gauchisme, que ses impétrants incosncients ne pourraient pas formuler comme telle, même si, probablement, telle est la pensée de ses nombreux prestataires et électeurs de base, toujours un peu aléatoires eux-mêmes en trempant dans cette politique de faux-culs. Coleman se fait passer depuis pour observateur au-dessus de la mêlée et « chercheur »[3]. Chercheur d’absolu ou de reconnaissance, je ne lui reprocherai certainement pas de mener à ses frais un louable travail d’érudition de textes méconnus, réalisé sous forme livre, plus durable que les brûlots au format journal ringard, mais qui ne favorise pas vraiment ni la pensée révolutionnaire ni la nécessité d’une homogénéisation politique du prolétariat. Son propos curieux de 2002 de « faire tomber les barrières humaines et intellectuelles » s’est affirmé depuis comme démarche humaniste bourgeoise, pacifiste mièvre et surtout antiraciste à la mode, tribune personnelle hautaine et « conseilleuse » sur le web, et animation de quelques réunions de salon.
Il trouve que j’ai été souvent « méchant » concernant ses prises de position, mais qu’il soit rassuré comme individu il est charmant, comme feu Stéphane Hessel, il sait être élégant et tolérant, tout en préservant une pensée lamentablement conformiste. Je ne vais pas reproduire mes différents articles concernant Coleman, je n’ai aucune raison de lui en vouloir personnellement, il est en général honnête même dans les rapports avec ceux qui le critiquent (hormis les inévitables dérapages critiques de ses arguties politiques où le commissaire politique trotskien refait inévitablement surface, faucille entre les dents...).
Le problème avec Coleman, comme avec tous ses ex-amis gauchistes qu’il critique ou qui l’apitoie, est qu’ils n’ont jamais appris à penser, à réfléchir hors du cadre et des limites fixées par la domination totalitaire dite démocratie participative. Le cadre alternatif, du point de vue du camp du prolétariat, il en a pourtant entendu parler, tardivement et sans y adhérer, c’est celui fourni par les différents courants de la Gauche communiste maximaliste (de Bordiga à Pannekoek, et aux fractions dites à tort ultra-gauches). Il faut penser, mais oui, « en dehors du système » et de ses mensonges pour approcher la vérité.
Dans mon article « Marceau Coleman, le pic vert de la gauche caviar » (facétie de ma part pour une mise en parallèle du chef gauchiste de 1936 Marceau Pivert, gauchiste de la SFIO) j’ai montré comment Coleman, en ne polémiquant plus qu’avec des membres apparentés à l’élite intellectuelle bourgeoise, conchie  avec des moulins à vent, sans avoir l’air de prétendre moraliser la classe ouvrière, mais quand même : antiracisme, défense des sans-papiers, danger du FN, etc. Un antifâchisme de bon aloi du même niveau que celui de Besancenot sur les plateaux de télévision : « Sans conteste, Coleman n’a ni patrie ni frontières… de classe. Marqué depuis sa jeunesse par le breuvage stalino-démocratique de la secte de Laguiller, il poursuit un chemin chaotique qui repose sur le fondamentalisme multiculturel US. Ses productions anarcho-trotskiennes, par voie de tract ou de revue, sont si orientées grossièrement en faveur de la démocratie multiculturaliste et antiraciste de l’oncle Samuel qu’il faillit se faire démonter le portrait il y a quelques années au milieu d’une manif fréquentée par de braves « jeunes de banlieue » au front bas musulmaniaque ; ce que j’avais réprouvé à l’époque (les menaces physiques contre lui comme sa morale politique pro-occidentale). Je connais l’individu depuis 40 ans. Il fût mon chef de rayon de LO pour la prospection dans les HLM de Cachan de signatures par les « prolos » pour de meilleurs transports en commun dans le capitalisme embouteillé. Le petit chef trotskien était déjà hautain, ergoteur et falsificateur. Le voici, quarante ans plus tard, de son propre chef sans le comité central de LO, chevalier de la croisade contre le danger de l’extrême droite »[4]

Le 30 août 2011, je jetais un  « Coup d’œil dans le retro » sur le passé du gauchisme : COMMENT L’ANCETRE DU NPA S’EST VAUTRE DANS LE SOUTIEN AU BOURGEOIS MITTERRAND
Le Quotidien rouge « journal d’action communiste » n°21 – 18 mai 1974 – directeur : Daniel Bensaïd, appela mordicus à voter Mitterrand, « action communiste » qui n’était évidemment pas « un but final », mais comme le communiqué du 6 mai de Lutte Ouvrière « pour qu’il ne manque pas une seule voie sur le nom de François Mitterrand », « mais parce que la victoire de Mitterrand (…) pourra faire la preuve, aux yeux de l’ensemble des classes laborieuses, de ce qu’il est vraiment » ! Hi ! Près de quarante ans plus tard, les trotskiens pourraient-ils tenir le même genre de discours pour demeurés avec un des champions de la gauche caviar ? Non, pour le deuxième tour de la religion électorale, on se contentera d’un « faut battre la droite », pardon « éliminer le blaireau ». Le 17 mai 1974, une autre chapelle du même tronc l’orga Révolution ! des Henri Mahler et Isaac Joshua, publie aussi un communiqué en se rejouant juin 36 : « une victoire de l’Union de la gauche affaiblirait l’Etat fort, améliorerait le rapport de force en faveur de la classe ouvrière et créerait, ce qui est décisif, des conditions plus favorables à l’intervention directe des masses sur la scène politique ». Oublié l’impulsif trotskien « élections piège à cons » dans la foulée de la grève générale perdue ».
Comme je l’ai souligné dans l’introduction de ce texte, les chefs gauchistes ne peuvent justifier leur collaborationnisme. Ils blablatent sur ce qui validerait leur totale compromission « la tactique de débordement », et nous intéressent moins que Coleman pour déshabiller leur politique bourgeoise ; c’est du lourd :
« Relions à présent plus à fond l’argumentaire moyen du gauchisme souteneur de la gauche bourgeoise pour que « cette force se gonfle d’espoir », six ans après la gueule de bois post 68 (les gras sont de la rédaction de l’éphémère quotidien trotskien). Vous découvrirez ainsi les secrets de la maïeutique trotskiste, j’allais dire du jargon politique invraisemblable.
« … Pour déjouer les embûches et les trucages, il faut donc que pas une voix ne manque à Mitterrand dimanche. D’abord , parce que son élection ouvrirait la voie à des victoires de tout autre ampleur, si nous savons élargir la brêche (sic !) sans attendre, sans faire confiance aux promesses, en comptant sur nous-mêmes. Il sera possible d’en finir avec ce régime ébranlé que nous supportons depuis trop longtemps.
Et cette victoire ne serait pas due à l’éloquence de Mitterrand mais au vigoureux coup d’épaule donné il y a six ans tout juste par dix millions de grévistes. Le régime a chancelé, essayé de se rattraper, il peut maintenant s’abattre, mais la poussée qui le renverse vient de loin, les présidentielles ne sont que l’occasion.
Ensuite, parce que l’élection de Mitterrand ouvrirait la voie à d’importantes conquêtes sociales. Par (pas) celles annoncées par le programme commun encore réduites et rognées en cous de campagne. Mais les 1500 F minimum, les 35 heures, l’échelle mobile, « oubliées » à Grenoble et bien d’autres. Rappelons nous comment en 36, dans la foulée d’une victoire électorale, les travailleurs se sont engouffrés pour arracher satisfaction sans laisser de répit aux patrons.
Enfin, parce qu’une victoire électorale de ce type, avec la majorité absolue, malgré les ficelles électorales conçues pour la bourgeoisie, donnerait confiance en elle-même à la première France, la France prolétaire, la France populaire, la France d’en bas (sic langage électoral typique des staliniens franchouillards et de leur barde Ferrat). Et si elle pend confiance en elle-même, si elle se gonfle d’espoir, cette France là peut aller bien au-delà des horizons étriqués du programme commun, elle peut bousculer les obstacles, briser les digues, faire éclater les chaînes du capital.
Il serait alors possible de tendre la main aux prolétaires portugais par-dessus la tête de Franco, d’en finir avec trente cinq ans de franquisme, de marcher vers une Europe des travailleurs »…

KRIVINE N’EST PAS SCHEIDEMANN

Le Coleman d’aujourd’hui pourra sans doute rire lui-même de ce raccourci et le trouver exagéré. Bien qu’il ne soit pas faux pour l’époque. Hé hé, pour beaucoup d’entre nous, militants maximalistes mal débarbouillés politiquement, existait le fantasme des gauchistes devenant ministres et assumant la répression des grèves. Vers la fin des années 1970 j’avais d’ailleurs présenté en réunion de section de RI à Paris un faux numéro de « Révolution Internationale », avec pour Une : « Le ministre de l’Intérieur Krivine fait tirer sur les ouvriers en grève ». Fantasme quand tu nous tiens. L’histoire ne se répète jamais trois fois. Pour équivaloir à la social-démocratie traître, il aurait fallu que le trotskysme soit une réelle opposition au stalinisme, or il n’en a été que le « soutien critique » et n’a jamais pu se réclamer d’une influence dans la classe ouvrière comparable à la social-démocratie allemande à son zénith marxiste. Les « renégats » social-démocrates avaient été le réel produit d’un mouvement ouvrier ascendant, et leur « félonie » apparaît nettement par leur passage au service du camp ennemi dans la guerre patriotique. On ne naît pas traître, on le devient. Les groupes néo-stalinistes divers par contre ne sont pas des produits de la classe ouvrière, mais des globules blancs issus de la crise du stalinisme. Ils ne sont pas des traîtres, même s’ils se comportent comme des traîtres en permanence. Ils sont dans le camp bourgeois dominant. Ils peuvent s’exprimer dans les médias, organiser leurs manifestations et planifier leurs grèves sans être fichus immédiatement en prison ; c’est tellement évident que la fable de l’amnistie sociale, comme on le verra en bout de course, sert à faire semblant de les criminaliser comme « subversifs ».
Avec son schématisme erratique, Coleman ne peut tolérer qu’on accuse le trotskysme d’être passé à l’ennemi (cas flagrant  des partis socialistes peau de lapin en période de guerre), exceptées les branches dudit courant ayant adhéré à l’idéologie de la « libération nationale » en 1944, car, les pères de sa branche indélébile du cœur « l’arlétienne LO » ont été contre. Pour une exception sectaire peu coûteuse (vu leur nombre infinitésimal pour reprendre une catégorisation  très  bourgeoise représentative à la manière de Coleman), qui au demeurant était prête tout de même à soutenir les « chars russes », Coleman demeure une propagateur du trotskysme pur génétique. Il est évident – non parce que c’est désormais un septuagénaire – que Krivine ne sera jamais ni Lénine ni Djerzinski, ni Béria. Le louche Lambert est canné et Arlette la khmer trotskienne est rayée des chansons d'Alain Souchon. Les vieux machins du spectacle gauchiste organisé disparaissent peu à peu du paysage odieuvisuel comme leur confrère comique et  nul Marchais.Tout simplement enfin parce que le trotskisme est une idéologie morte, comme, et encore, le blanquisme ou l’anarchisme. Ce ne sont plus des idéologies pour s’emparer du pouvoir, mais des variantes de l’idéologie dominante pour préserver le pouvoir classique en place dans un chantage permanent à la garantie d’encadrer « les masses en colère »,néanmoins à condition de disposer d’un strapontin oppositionnel rémunéré. Tout enseignant trotskien rêvera toujours avec son facteur épinglé de « prise du pouvoir » ; il peut rêver longtemps ! Cependant, la dénonciation correcte du collaborationnisme gauchiste au quotidien par les micro-groupes ou cercles maximalistes, si elle dénonce leur possible tentative de confisquer la révolution (au cas où elle se produirait), n’en fait pas automatiquement les futurs porteurs d’une autre contre-révolution. Pour la plupart les gauchistes ont vieilli et certains ont fini comme pauvres zéros sans retraite après avoir joué aux « permanents » assurés que la révolution imminente leur garantirait leurs vieux jours voire une gloire rétroactive d’apparatchiks avec menton blanchi sous le harnais. La figure du traître (et ou collaborateur du jeu politique officiel) affichée par le gauchisme décati peut malheureusement servir à masquer de futurs vrais traîtres dans les rangs du prolétariat et des révolutionnaires.
Coleman a recours aux vieilles ficelles de renard trotskien, et tente de personnaliser le débat en me faisant passer pour un crétin. Dans mes « trotskiens » je n’attaquais pas spécialement la personne des Krivine et Laguillier, mais je me permettais d’user d’une saine dérision vis-à-vis de leurs prétentions politiques, apprise chez JP Hébert et les Situs. Quant à mon utilisation des « saloperies des plumitifs bourgeois » concernant les pratiques et fonds secrets des LO, LCR et tutti quanti, non seulement je n’en ai pas honte mais j’ai utilisé celles dont je savais qu’elles existaient, par le bouche à oreille des militants eux-mêmes (financement des lambertistes par l’acteur M.Piccoli, financement de la LCR par Régis Debray et certaines officines « démocrates populaires », etc.). Les bourgeois ne mentent pas toujours et sont plus forts justement dans la surinformation et l’interprétation ! Et certains bourgeois disent parfois des choses vraies. Et la vérité m’importe plus que le costume qu’elle peut être obligée de porter. Et je ne me sens même pas solidaire des gauchistes face à leurs fascistes.
De nos jours même pas besoin de soupçonner ces cliques politiques « 100% à gauche » d’être financée par autre chose que les dons militants. La suite de l’histoire du trotskysme en France m’a donné raison puisqu’ils ont été financés par millions pour leurs successives et conviviales participations à la lutte bourgeoise contre l’abstentionnisme prolétarien et le vote de protestation lepénien. Ils pleurnichent chaque fois qu’ils perdent tout ou partie de la manne électorale étatique pour participation complice à la réforme promise pour la prochaine fois du gangstérisme démagogique élitaire. Ennemis du système les clans gauchistes ? Vous rigolez ! Vous en connaissez beaucoup vous des ennemis qui se financent mutuellement ?
La complicité politique du gauchisme à l’ordre bourgeois dit démocratique n’est pas équivalent à un massacre des ouvriers, à un massacre de leur volonté d’unité et d’extension oui. Leur fausse radicalité est du même type que la participation directe à un gouvernement bourgeois. Coleman et Cie cessez de prendre les prolétaires pour des cons ! Leurs actes de sabotage des grèves se trouvent dénoncés dans des centaines d’articles de la presse maximaliste et persistent dans la mémoire de tout ouvrier intelligent. J’ai moi-même, sur le terrain et dans mes interventions, assez bien démonté la comédie de leurs coordinations syndicales et leurs soutiens divers à toute une série de dictatures tiers-mondistes, comme je me suis moqué tout au long de mon livre sur leurs pleurnicheries concernant la fin de l’URSS. Révélatrices de leur projet néo-stalinien, vétuste et obsolète.
Quant au fait que le milieu révolutionnaire soit touché lui aussi par les scissions et les exclusions comme les groupes politiques gauchistes « parce qu’ils ont été trop durs », cela ne vous rappelle-t-il pas l’interdit stalinien du groupe monolithique de la prof Arthaud ? Depuis 40 ans, LO refuse de parler dans ses publications des divergences ou oppositions dans le « camp des révolutionnaires »… pour ne pas embêter les travailleurs. La pensée navrante made in LO considère aussi, comme la démocratie bourgeoise, qu’on ne peut s’adresser et considérer comme tel un groupe que s’il est nombreux ! C’est beau la démocratie du nombre comme une merde séchée au soleil. La formation politique de secte stalinienne à LO a laissé des marques indélébiles dans l’enfance abusée (politiquement) de Coleman.
L’argument pourri qui décrète que les petits groupes « ne jouent plus pratiquement aucun rôle dans la réalité » est l’argument de toujours du stalinisme et de la démocratie installée pour justifier sa domination éternelle. Sans doute, tant qu’ils sont « petits » ou réduits à quelques unités, voire étouffés dans des mécanismes sectaires, ces groupuscules n’inquiètent pas le pouvoir. Qu’il dit ! Mais, alors pourquoi le pouvoir les piste-t-il d’aussi près jusque dans leur vie familiale depuis des décennies ? (j’en sais quelque chose au vu de mon archivage chez les ex-RG). Parce qu’en période d’intense bouleversement social ces groupes ne deviennent pas simplement « grands » mais « influents », et que les bourgeois enfilent en vitesse un bleu de chauffe comme en Espagne en 1937.

COLEMAN N’EST PAS LE PAPE ET BESANCENOT AIMAIT HESSEL

Le pape était un anar confirmé et s’est révoqué lui-même, cruelle époque des nouveautés incandescentes et indécentes. Les merveilleux jeunes tunisiens dansent le Harlem shake à la barbe des islamistes. Hollande chute toujours dans les sondages et essaie de décongeler la tête de morue congelée de Poutine, mais qui s’en soucie ? L’UMP n’existe plus que comme droite plus rien et Sarkozy comme bon à rien. L’assassin Pistorius a succédé au pervers DSK à la une du fait divers mondial récurrent. Les syndicalistes d’Etat opposent toujours des solutions coopératives nationales ringardes aux fermetures intempestives d’usines. Et, par défaut d’un Poutou mièvre et d’un Mélenchon peu présentable, Besancenot est de retour, sponsorisé par des médias qui se sentent floués par la masse des vieux machins cumulards qui font fuir le grand écran à cristaux livides. Le gauchisme est ressorti du grenier poussiéreux d’une idéologie dominante impuissante à se renouveler. Alors que la crise sociale est manifeste, que partout des ouvriers licenciés sont encore parqués dans leur usine à l’abandon par les professionnels du syndicalisme étatique et gauchiste, que le chômage bondit en France comme en Italie et en Espagne, que se posent plus que jamais des QUESTIONS DE CLASSE PRIORITAIRES. Voici in vivo que le travail de sabotage de la véritable lutte de classe se met en place avec la complicité de Besancenot de ses amis et des anarchistes. Bien que ridiculisé pour avoir tenté de présenter une candidate voilée, le NPA reprend les mêmes méthodes de DIVISION  de la classe ouvrière. Il y a trois ou quatre jours, toute la presse écrite webérisée nous apprend que « Besancenot a été emmené par la police ». Stupeur. Pourquoi ? Il manifestait le brave pour la régularisation de « tous » les sans-papiers ! Pas mal comme foutage de gueule et pour crucifier le « socialiste de droite Valls » qui veut les régenter au cas par cas ! L’opposition de l’extrême gauche officielle ne met pas en cause l’Etat bourgeois géré par la gauche caviar mais lui demande de mieux réglementer l’exploitation des sans-papiers. Non pas que je ne compatisse pas aux misérables queues de travailleurs sans papiers aux portails des préfecture, mais le sujet en pleine envolée du chômage pour les autochtones n’est certainement pas la priorité pour favoriser l’unité des prolétaires jetés à la rue. On assiste à la même dérive que dans les années 1970 où le gauchisme focalisait sur la lutte des travailleurs « immigrés » meilleure façon de tenir la dragée haute au parti stalinien et à son « produisons français » mais lutte parcellaire tout aussi étrange (vécue comme extérieure) et excluante pour l’ensemble de la classe qui ne peut se battre réellement que pour ses « intérêts généraux ». Certes l’immigré et le sans-papiers symbolisent la situation précaire généralisée de tout ouvrier ou chômeur local, mais la lutte particulariste et spectacularisée par l’agitation gauchiste ne débouche que sur des questions juridiques. Personne n'a le droit d'empêcher les luttes parcellaires, elles ont leurs professionnels comme les syndicalistes ont leurs grèves hypercorporatives dont on se contrefiche, mais ces manifestations organisées en général par la petite bourgeoisie nul ne peut non plus vous ordonner d'y participer, et encore moins à considérer qu'elles seraient révolutionnaires.
Le gauchisme et ses activistes ne sont jamais présents dans les cas concrets pour défendre les victimes. Est-ce que Besancenot va exprimer à la télé son soutien à la jeune prostituée africaine défenestrée par un drogué français à Boulogne sur mer, gravement handicapée et dont la police a eu pour premier souci de vérifier qu’elle est bien sans papiers et… expulsable ?
Au lieu de défendre la nécessité d’AG interentreprises et de s’en prendre aux incessantes et croissantes attaques gouvernementales contre l’ensemble, à commencer par les prolétaires majoritaires nationaux, le gauchisme en instrumentalisant la partie la plus vulnérable du prolétariat universel, comme les bonzes syndicalistes lorsqu’ils utilisent la grève contre la grève, apparaissent « subversifs »… aux seuls magistrats infantiles. En affirmant cela, Coleman et ses amis vont sans nul doute me proclamer l’ami des « identitaires », mais alors pourquoi est-ce que cet avis, pas le mien personnel, ne passe-t-il pas à la télé ?
Le jour même de son arrestation ou le lendemain, le petit Besancenot est invité au Grand journal de Canal + le seul que les banlieues regardent parce que c’est marrant, on mélange pipole et politique, scandale et miss météo érotique. Besancenot intronisé et souriant dénonce « le racisme en France ». Il est consulté avec prévenance. Mieux, on passe un clip de feu Hessel qui définissait qu’il n’y a qu’un révolutionnaire en France, pas Mélenchon (beurk) mais… Besancenot. Il en est gêné le pitre. Il salue à son tour « l’indigné » et sa fable patriotique mondialeuse. Le vieux diplomate finaud et as de la rouerie politique (il était aussi membre du parti bourgeois au pouvoir) avait été sponsorisé mondialement par la bourgeoisie pour une lamentable brochure de 13 pages complètement inconsistante, face à laquelle Gandhi aurait pu apparaître comme un marxiste confirmé. Le diplomate retraité n’avait pas jugé bon de « s’indigner » pourtant durant la guerre d’Algérie. Son statut de fonctionnaire d’Etat en eût pâti.
Que Besancenot le « terrible révolutionnaire » aux côtés des sans-papiers, venu défier gentiment devant le Parlement avec une poignée de congénères, ait la primeur d’une des principales émissions de propagande bourgeoise modernisée et pipolisée en France, çà ne te pose pas de questions Coleman sur l’appartenance (ou participation ou utilisation par) à l’idéologie bourgeoise de « l’ouvrier » Besancenot ? Pourquoi fait-il partie aussi ingénument du « spectacle » ? Pourquoi a-t-il escamoté un sujet récent brûlant, par exemple la répression par les CRS « 100% aux ordres de la gauche au pouvoir » dans certain département éloigné de la métropole !
Mais, partie notoire de la même propagande pour retaper ou rendre présentable les faux oppositionnels syndicaux, il faut relever enfin le vacarme autour de l’amnistie sociale.

AMNISTIE SOCIALE : LA CRIMINALISATION DES VALETS

Dans l'hémicycle, le débat avait débuté puis buté. Des quatre heures de discussion, le texte ressortira largement amputé. Le périmètre (sic) a été resserré et ne concernera que les mouvements sociaux au sein des entreprises et pour le logement. L'amnistie ne touchera pas les actions dans l'éducation, la santé, en faveur des sans-papiers, contre les recherches scientifiques, ainsi que les fauchages d'OGM, si le texte reste en l'état après passage à l'Assemblée nationale. Par ailleurs, elle ne concernera que les peines de prison allant jusqu'à cinq ans, contre dix ans dans la version initiale. Une victoire au goût amer pour les valets du Front de gauche. Ni le bruit de la rue ni les « bruissements » de la chambre haute n'ont pu obtenir mieux.
Ainsi l’inévitable casse éventuelle dans les usines fermées, mais pas le meurtre médico-légal en entreprise comme en Suisse ou aux Etats-Unis, pourra être (éventuellement mais pas sûr) amnistiée. Les secteurs non concernés par l’amnistie sont des secteurs extra-entreprise, c'est-à-dire politiques. Coup double, derrière la criminalisation des actions politiques des gauchistes et identiques apparentés sur des sujets qui ne mettent nullement en cause l’Etat bourgeois, se profile la réelle criminalisation des véritables ripostes de classe, la répression autorisée démocratiquement des manifestations sociales de rue non autorisées, émeutes ou occupations de lieux publics pour que la classe ouvrière puisse enfin débattre contre un système autiste. Bourgeois les gauchistes, non pire, valets des bourgeois.



[1] Malgré le sabotage (téléguidé ?) et le vol financier par l’imprimerie France Quercy à Cahors, c’ est mon livre le plus salué sur le web cependant et le plus écoulé en librairie, dont je peux me vanter qu’il donne des muscles politiques à tous ceux et celles qui craignaient avant de critiquer les « vertueuses » camarillas trotskystes dites « antistaliniennes de la première heure ».
[2] Non, Jan Waclav Makhaïski in « Le socialisme des intellectuels », préfacé par Alexandre Skirda (ed Mac Chaleil), ouvrage du plus haut intérêt que je conseille à ceux qui veulent approfondir leur compréhension du « marxisme établi ».
[3] Aperçu de la trajectoire de Coleman par Guy Fargette :
« Y. Coleman a eu sa période "établi", en travaillant quelques années dans le personnel au sol d’Air France. Et... il a été lié au syndicat CFDT ! Il dira, à la manière de Lutte Ouvrière, qu’il ne s’agissait que d’utiliser des commodités pratiques sans cautionner la bureaucratie, etc. Mais ce genre de radicalisme "vertueux" présente presque toujours de telles contradictions dérisoires. En quoi serait-ce moins “compromettant” que d’accepter de jeter quelques bouteilles à la mer dans des publications point trop marquées politiquement ? (Voir NPNF n° 6-7, entretiens avec M. Tardieu, pour cette activité à Air France).Comme tant de polémiques bizarres, celle-ci renseigne davantage sur son auteur que sur sa cible. De toute façon, la polémique sur les “idées” est là parfaitement secondaire : Le ton et la manière d’Y. C. font partie d’un arsenal caractéristique qui affectionne un procédé consistant à lancer des attaques de la plus parfaite mauvaise foi, et avec un aplomb sans faille. Il s’agit de semer la zizanie dans un regroupement qui n’est pas structuré selon un principe foncièrement militaire (le bolchevisme est avant tout un immense effort de militarisation du mouvement ouvrier par un corps de révolutionnaires professionnels autoproclamés). Le but de telles polémiques est en général de “recruter” quelques individualités dans la confusion qui s’ensuit : il ne s’agit pas de discuter, mais d’évangéliser. Le reproche plus ou moins latent dans le procès intenté à Lieux communs est d’être condamné à rejoindre l’extrême-droite à moins d’abjurer leurs “erreurs“ supposées. On tient là quelque chose de fondamental dans la bien-pensance contemporaine, où stalino-gauchistes et gauche caviar se partagent le travail : le but n’est pas de décrire honnêtement des positions, mais d’adopter un ton “performatif” (comme on dit en grammaire). Dans cette posture magico-sacerdotale, il suffirait de déclarer certaines cibles comme étant d’extrême-droite pour qu’elles le deviennent. C’est tout l’artifice de cette technique, dont il ne faut pas sous-estimer l’efficience toute “bolchevique”, et qui présente un net “perfectionnement” des plus antiques méthodes de calomnies.  Que Y. C. agisse aujourd’hui encore, 30 ans après sa période militante, avec une telle intention ou non, est indifférent : le plus probable est qu’il ne peut ni ne sait définir d’autre rapport “politique”... La cuisine organisationnelle des stalino-gauchistes des années 1970 leur a permis de contribuer, à leur très modeste échelle, au sabotage des mouvements sociaux issus de 1968, même si ces groupuscules ne furent pas les acteurs principaux de ce naufrage, la gauche officielle ayant été bien plus efficace qu’eux pour instrumentaliser les défauts internes de ces mouvements. Très peu de “stalino-gauchistes” ont réussi à s’extraire de cette sclérose, même s’ils n’osent plus, en général, utiliser leurs ficelles de façon aussi grossière, surtout quand ils ont maintenu une continuité d’activité au fil des ans : il leur a fallu s’adapter à un public restreint mais de plus en plus méfiant. Y. C. est visiblement incapable de percevoir à quel point sa très longue période d’hibernation politique l’a figé à un stade caricatural et tout indique que, plus le temps passe, plus il souhaite se fortifier dans une pose de repli, celle du chasseur le plus vigilant de toutes les “extrêmes-droites”, vraies ou supposées (en esquivant les principales aujourd’hui, qui sont de tonalité musulmanes). L’escamotage du bilan historique du “communisme” est sa boussole secrète.(…) Y. Coleman s’empare de quelques lignes anodines dans une présentation de brochure au fond strictement descriptive pour faire tonner la grosse artillerie idéologique. Cet accès de mauvaise humeur, très “commissaire politique”, va bien au-delà d’une simple friction de sensibilités. Un tel éclairage permet de mettre en perspective les idéologies qui ne cessent de stériliser le domaine de l’expression publique en France et dans toute l’Europe car Y. Coleman s’avère d’un schématisme erratique extrêmement révélateur. Il affirme le fonds de ses positions avec une franchise que ses collègues savent en général éviter. Il s’inscrit dans un héritage stalino-gauchiste dont il ne parvient pas à s’extraire, alors que les gens de Lieux communs y sont étrangers. » Paris, le 20 août 2011 (Texte extrait du bulletin de G. Fargette, "Le crépuscule du XXe siècle", n°23 - 24, novembre 2011).

[4] Tous les anars  ne sont pas forcément tombés dans le piège de l’antifascisme officiel pour gogos, comme le couple de Vostanie (dont c’est le fonds de commerce malgré un référencement aux textes des gauches communistes), ainsi dans « La semaine du boulonnais », les anarcho-communistes de la Mouette enragée ne sont pas loin de se rapprocher d’une vision marxiste contre les campagnes idéologiques bourgeoises, dans la partie commentaire, extrait : « Misère de lʼanti-fascisme.Il nʼest pas dans notre intention de nier la résurgence dʼune extrême-droite dans de nombreux pays européens ni de sous-estimer le danger et le piège quʼelle représente pour les exploités à mesure que la crise sʼaggrave. Il nous importe plutôt de comprendre dans le jeu politicien actuel en rapport à lʼactivité du capital, quels intérêts parfois divergents elle peut être conduite à servir. Dans le cas présent, nous assistons tout bonnement à lʼ instrumentalisation par la gauche locale et ses satellites dʼun soit disant danger, pire semble-t-il à leurs yeux, que ce quʼendurent au quotidien les travailleurs et les chômeurs soumis à la politique de leurs amis du gouvernement. Là est la manoeuvre de la social-démocratie, usée jusquʼà la trame depuis Mitterrand. Rappelons une fois encore que, jamais, la social-démocratie nʼa constitué un rempart devant la montée du fascisme, bien au contraire ! Cʼest sur le cadavre de la révolution allemande, écrasée avec la collaboration des sociaux-démocrates de lʼépoque, que les nazis accéderont à la tête de lʼ Etat ». Pourtant leur site, décevant, est à la traîne de toutes les campagnes du gauchisme officiel, sur l’écologie, l’aéroport de Bretagne, les promenades syndicales.

lundi 25 février 2013

Espèce humaine et malbouffe terrestre


La « bouffe préchiée » du capitalisme
"Le bétail est un mal nécessaire. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme" Lavoisier


Etrange révélation du XXIème siècle, la faim dans le monde se voit subitement rattrapée par, non la malbouffe, mais la bouffe empoisonnée par le profit capitaliste ! On savait depuis le XXème siècle que le capitalisme laissait crever des millions d’humains, en particulier en Afrique, on savait qu’au Moyen âge le peuple se méfiait des viandes « hâchées » , qu’une des causes majeures des révolutions « primaires » avait été la faim ou la peur de la faim, on savait depuis le XIXème siècle que les populations paupérisées vivaient sous le règne de la malbouffe, et que contrairement à l’imagerie populiste ce ne sont pas les riches qui «étaient destinés à rester « gros » mais les pauvres au devenir obèses dans une nouvelle société dite de consommation, engraissant la misère avec de la nourriture de merde à défaut d’y mettre fin.
La malbouffe moderne n’est qu’une surconsommation compensatoire organisée pour entraîner la malnutrition et le profit. La malbouffe est une alimentation qui est saturée de mauvaises graisses, trop sucrée ou trop pauvre en nutriments pour répondre aux besoins physiologiques. Elle est la bouffe récréative des « fast-food » pour laisser croire aux pauvres et au prolétariat qu’on ne meurt plus de faim en régime capitaliste. Une aile du capitalisme, la petite bourgeoisie écologiste, s’est emparée il y a trois ou quatre décennies de la critique du « productivisme » pour faire croire à une réforme du capitalisme décadent.
Les deux mamelles du capitalisme décadent sont incontestablement la démocratie, supercherie de l’élite bourgeoise, et l’écologie, idéologie qui a pour fonction de faire croire qu’une autre société, par exemple communiste, est impossible dans la mesure où la « révolution bio » permettrait à l’humanité de ne pas crever à force de bouffer du fumier. Malheureusement pour les idéologues de ces deux mamelles pendouillantes et puantes, ce ne sont plus les classes inférieures et le prolétariat universel qui risquent d’en crever mais aussi les puissants dans leurs bunkers et leurs chasses gardées.
Manger sain dans le capitalisme ou bouffer toujours de la vache enragée?
L’argument pour justifier le « souci des autorités » pour assurer la nourriture à la population mondiale est classiquement malthusien et cache comme le disait le regretté Alfred Sauvy la volonté d’éviter tout « partage » des richesses de l’humanité. Prévisonnistes, anthropologues et sondologues nous assurent que vu la croissance exponentielle de la population mondiale il faut d’urgence bricoler des OGM et envisager pour les décennies à venir de nourrir l’espèce humaine avec des confitures d’insectes et produire de la bouffe en gélatine de merde. Depuis presque un demi-siècle les scandales alimentaires se sont succédés.
Des  « bobos », régulièrement encensés comme « pionniers » ont longtemps dénoncé à la marge l’épandage de pesticides, la malnutrition des animaux d’élevage, les pollutions aux PCB, aux dioxines, à l’amiante, etc. Mais, à l’époque, il n’était pas encore récupérables par les puissants. Ils ont été parfaitement récupérés depuis par ces derniers puisqu’ils en sont devenus les complices. Les « pauvres historiques » et les « prolétaires consommateurs » auraient donc été depuis toujours de pauvres ignorants consentant à ingurgiter n’importe quoi par défaut ou soumission. Faux, toutes les révolutions populaires ou prolétariennes ont toujours dénoncé la malbouffe et protesté contre le « pain noir ». Tous les écrits de Marx et Engels sont parsemés de cette prise de conscience. Engels écrivit que : « Trafiquer la terre – la terre qui est la condition première de notre existence – a été le premier pas vers notre propre transformation en objet de trafic ». Dans « Misère de la philosophie », Marx écrivait que : « (…) l’application moderne de la chimie vient à chaque instant changer la nature du terrain, et que les connaissances géologiques commencent précisément de nos jours à renverser toute l’ancienne estimation de la fertilité relative (…) La fertilité n’est pas une qualité aussi naturelle qu’on pourrait bien le croire : elle se rattache intimement aux apports sociaux actuels »[1]
Un Bové, vedette éphémère de cette mode dénonça la course aux profits mais pour seulement la ralentir. “Le marché existe, il n’est pas question de le nier, répétait le gaucho moustachu du Larzac. Mais face au marché, il faut des règles.” La solution s’impose alors d’elle-même : “Il faut véritablement un contre-pouvoir et des règles autonomes auxquelles se plierait obligatoirement le marché.” Ne comprenant nullement que l’Etat et les institutions comme l’OMC, le FMI ou la Banque mondiale sont des instruments au service de la classe dominante mondiale, José Bové  ne rêvait que de devenir député.
Maladie de la vache folle, fromages à la listeria, lait ou poulet à la dioxine, huile frelatée… L’utilisation massive d’antibiotiques dans les élevages a créé des souches de bactéries résistantes à la plupart des traitements. Et c’est pourquoi votre fille est muette et malade.
Et ce sont presque toujours les classes prolétaires qui avaient été les plus touchées. « En 1981, 60 Millions de consommateurs dans son hors-série Manger sain, croyait pouvoir rappeler que 1200 personnes en Espagne étaient mortes de l’ingestion d’une huile de colza frelatée bon marché, foudroyées par un additif chimique (l’aniline). Ah bon c'est de qui ce gros gros mensonge?

Les intoxications alimentaires en Espagne, une longue histoire opaque 

Dans la presse espagnole, l'affaire des "lasagnes au cheval" a fait remonter un petit historique des dernières contaminations alimentaires : dernier cas majeur, la peste porcine. En juin 2001, un cheptel d'animaux fut infecté. 100.000 bêtes furent sacrifiées au titre du principe de précaution. La Catalogne avait été la région la plus affectée. Deux années auparavant, en 1999, le scandale du poulet à la dioxine avait aussi touché l'Espagne. La plus sombre affaire de produits alimentaires toxiques pour la santé humaine remonte à l'année 1981 en Espagne : de l'huile de colza frelatée avait provoqué rapidement la mort d'un enfant de 8 ans originaire d'une ville de la région madrilène. 4.537 personnes perdirent la vie au total. À l'époque, l'origine du scandale sanitaire avait été localisée... en France.
Il y a trente ans, l'affaire de l'huile espagnole frelatée  avait commencé par une maladie mystérieuse. Quelques années plus tard, le bilan s'établissait à plus d'un millier de morts et à plus de 25 000 personnes gravement atteintes, dont un grand nombre furent handicapées à vie. Ce fut l'intoxication alimentaire la plus grave de l'histoire du monde moderne. Le début de l'épidémie a officiellement été fixé au 1er mai 1981 : ce jour-là, un garçon de 8 ans, Jaime Vaquero García, tombe brusquement malade avant de décéder dans les bras de sa mère alors qu'elle l'emmène au centre hospitalier La Paz, à Madrid
La thèse d'un empoisonnement par de l'huile alimentaire était en apparence convaincante. Afin de protéger l'industrie oléicole nationale, le gouvernement espagnol tentait d'empêcher les importations d'huile de colza, une graisse beaucoup moins chère, dont l'usage se répandait très rapidement dans la Communauté européenne (dans laquelle l'Espagne n'entrera qu'en 1986). Les importations d'huile de colza n'étaient autorisées que pour un usage industriel ; à cet effet, l'huile était d'abord rendue impropre à la consommation par adjonction d'aniline. De petits entrepreneurs débrouillards importaient cette huile malgré tout. Les plus scrupuleux d'entre eux en retiraient l'aniline avant de la commercialiser ; les autres ne prenaient même pas cette peine. La maladie fut donc attribuée à un empoisonnement à l'aniline. La population l'appela bientôt familièrement "la colza". Plusieurs producteurs d'huile furent arrêtés. Trois semaines après l'annonce officielle à la télévision, le ministère de la Santé lance une opération de troc : les familles peuvent rapporter leur huile censément frelatée, en échange de quoi elles se voient remettre de l'huile d'olive pure. Ce programme d'échange arrivait un peu tard et fut géré en dépit du bon sens : personne ne nota qui échangeait quoi, ni - et c'était pourtant essentiel - si l'huile rapportée provenait de familles atteintes ou non par la maladie. Comme on leur garantissait de l'huile d'olive pure en échange, beaucoup de gens rapportèrent tout ce qui leur tombait sous la main, y compris de « l'huile de moteur ». Et la croyance s’installa que des margoulins avaient écoulé de l’huile de moteur… Après avoir interrogé des vendeurs sur les marchés, des chauffeurs routiers et environ quatre à cinq mille familles touchées par la maladie, un groupe de scientifiques conclut, sans aucun doute possible, que la cause de l'empoisonnement provenait non pas de l’huile de moteur mais de tomates traitées aux pesticides. Les produits organophosphatés étaient en effet susceptibles de déclencher l'ensemble des symptômes observés par les médecins. Le Dr Muro et son équipe établirent que les tomates provenaient de la région d'Almería, à l'extrême sud-est de l'Espagne. Autrefois désertique, la région était impropre à l'agriculture jusqu'à ce que la découverte de nappes d'eau souterraines, dans les années 70, contribue à en faire un haut lieu de la production intensive. Fruits et légumes y sont désormais portés à maturité de manière accélérée sous d'immenses serres de plastique. Certains producteurs obtiennent jusqu'à trois ou quatre récoltes par an. Ce boom agricole n'a été rendu possible que par l'application de copieuses quantités de produits chimiques : nutriments, engrais et pesticides. On ne saura peut-être jamais ce qui s'est réellement passé, mais il est probable qu'un agriculteur a épandu de manière trop abondante les produits ou récolté ses légumes trop rapidement après la dernière application de produit. Les deux possibilités n'auraient rien d'étonnant : certains exploitants étaient illettrés et avaient peut-être du mal à lire les instructions figurant sur les bidons de pesticides. Le Dr Muro avait recueilli de nombreux soutiens, mais, la version officielle étant de plus en plus enracinée dans la population, il fut marginalisé en tant que seule voix dissidente. En 1985, il mourut subitement. Le Dr Muro et son équipe avaient réalisé l'étude épidémiologique de terrain aussitôt après le déclenchement de la maladie. Pourtant, en 1992, l'OMS n'en avait que pour l'étude officielle, qu'elle qualifiait d'"étude épidémiologique complète et fouillée, soumise à une appréciation critique indépendante". Il est néanmoins extrêmement difficile de juger de l'exactitude et de la validité de l'étude officielle. Le FIS - l'organisme public espagnol chargé d'étudier le syndrome de l'huile toxique - refusait de divulguer les détails des recherches effectuées sur le terrain. La thèse de l'empoisonnement à l'huile n'est étayée par aucun résultat de laboratoire. Depuis le début de l'épidémie, en 1981, les huiles suspectes ont été analysées dans des grands laboratoires du monde entier. Aucun produit chimique ou agent contaminant susceptible d'expliquer les symptômes observés chez les afectados n'a jamais été trouvé. L'aniline - qui fut rendue responsable de l'épidémie - n'est mortelle qu'à des doses infiniment plus importantes que celles trouvées dans les échantillons d'huile et, de toute façon, les symptômes d'empoisonnement à l'aniline sont très différents de ceux qui ont été relevés chez les victimes. Les tests de laboratoire ont prouvé que l'huile de colza dénaturée n'était pas nocive pour les animaux. "L'huile a eu au contraire un effet très bénéfique chez tous les animaux testés, rapporte un chercheur. Leur fourrure est devenue plus brillante et ils ont pris du poids. La vérité a été délibérément étouffée par l’Etat espagnol. Pour des raisons aussi bien politiques qu'industrielles, la bourgeoisie avait tout intérêt à cacher la vérité. Reconnaître que tous ces décès étaient dus aux pesticides contenus dans les tomates aurait eu des effets incalculables sur l'ensemble des exportations espagnoles - sans compter les conséquences désastreuses pour l'autre grande source de devises de l'Espagne, l'industrie touristique, en expansion constante. En revanche, dire que l'épidémie avait été causée par de l'huile de colza vendue à bas prix sur les marchés à une clientèle modeste ne pouvait pas avoir d'incidence sur le tourisme. De façon honteuse, l'OMS continue de faire référence à l'épidémie espagnole en tant que "syndrome de l'huile toxique". Chaque jour dans le monde, on enseigne à des étudiants que la catastrophe a été provoquée par de l'huile alimentaire[2]. Malgré cela, le mensonge, complaisamment relayé par les médias, se perpétue dans le monde entier. L'hebdomadaire Der Spiegel divulguait récemment une note interne du gouvernement allemand. Selon ce document, l'analyse de produits alimentaires importés montre que certains fruits et légumes provenant d'Espagne contiennent encore des doses dangereuses de pesticides. Certains poivrons seraient "hautement contaminés" et les résidus de produits chimiques ont "atteint des niveaux que nous ne pouvons plus tolérer". Mais c'est la dernière ligne de cette note qui est la plus éloquente : "En aucun cas, cette information ne doit être portée à la connaissance du public."
L’huile de moteur a bien été utilisée ultérieurement mais en provenance de Russie.
C’est le Canard enchaîné qui avait révélé le scandale en mai 2011. Fin février, 2 800 tonnes d’huile de tournesol ukrainienne sont débarquées sur le port de Sète. La marchandise, achetée par la société Saipol (qui est propriétaire du groupe Lesieur et numéro un français de la transformation des oléagineux), vient approvisionner les usines de grands groupes de l’agroalimentaire. Le géant Unilever, par exemple, en obtient 1 500 tonnes. Jusque-là rien d’anormal. Sauf qu’un mois plus tard, selon le journal satirique, un industriel d’Europe du Nord informe Saipol « après analyse que quelque chose cloche dans l’huile de tournesol ukrainienne » : elle contient de l’huile minérale dérivée d’hydrocarbures en principe destinée à alimenter le moteur des voitures. Sur les 2 800 tonnes arrivées dans l’Hérault, 19 tonnes n’auraient donc rien à voir avec de l’huile alimentaire. La France n’était pas la seule touchée. La cargaison ukrainienne en tout a arrosé une quinzaine de pays européens pour un total de 40 000 tonnes d’huile frelatée.
En 1999, on avait découvert des dioxines dans des farines destinées à l’alimentation de poulets d’élevages industriels en Belgique…


SAUVETAGE PAR LA REFORME BIO ? 

Pour étouffer le scandale de l’impéritie capitaliste, la bourgeoisie se mit à puiser abondamment dans la théorie écologiste. Le bio, non pas la destruction de l’Etat capitaliste criminel, fût présenté comme le label nec plus ultra, la seule alternative à l’usage massif de produits chimiques. Problème : le bio était encore réservé à une élite, parce qu’élaboré en infime quantité et plus cher que les produits de consommation courante. Une inégalité flagrante et trop visible dans le partage inégalitaire des produits de la terre, qui faisait désordre. L’élite moralisante a alors multiplié l’exigence de la réforme écologique « pour assainir l’alimentation pour tous ». La presse mondiale fît ses choux gras de dossiers accusateurs. La réforme bio était une demande. Cette demande a créé de l’offre. L’industrie agro-alimentaire a flairé le filon. Pas un commerce sans sa gamme bio. Les marques de distributeurs se sont lancés dans l’aventure, y compris les discounters, faisant baisser les prix. La « démocratisation du bio » a commencé.

LA FAUTE AUX OISEAUX ?

A-t-on déjà oublié la psychose de la vache folle  dans les années 1990 qui avait conduit à l’interdiction d’utiliser  les farines animales, quand, en 2013 l’Europe bio vient d’autoriser à nouveau l’utilisation de ces farines animales pour l’ élevage des poissons pour parer au scandale de la substitution de la viande de bœuf camouflée en cheval ? A-t-on oublié la psychose de la grippe aviaire en 2004 ? Le virus H5N1 n’était-il pas censé se propager à la vitesse du vol des pigeons ? Début 2013, la FAO sonne pourtant à nouveau l’alarme.

Le monde risque une répétition des flambées de grippe aviaire apparues en 2006 si la surveillance et le contrôle de cette maladie ne sont pas renforcés au niveau mondial, a averti  l'organisation des Nations unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO), basée à Rome.  "La poursuite de la crise économique internationale signifie qu'il y a moins d'argent disponible pour la prévention de la grippe aviaire de type H5N1 ou d'autres menaces d'origine animale", s'inquiète Juan Lubroth, vétérinaire en chef de la FAO, dans un communiqué. "Selon la FAO, une stricte vigilance s'impose en permanence, car de larges réservoirs du virus H5N1 sont encore présents dans certains pays d'Asie et du Moyen-Orient, où la maladie est devenue endémique. En l'absence de contrôles adéquats, le virus pourrait se propager facilement au niveau mondial, comme cela s'était produit lors du pic des flambées en 2006. A l'époque, 63 pays avaient été touchés. Entre 2003 et 2011, la maladie a entraîné la mort ou contraint à l'abattage de plus de 400 millions de poulets et canards d'élevage et provoqué des pertes économiques évaluées à 20 milliards de dollars. A l'instar de plusieurs autres maladies animales, H5N1 peut également être transmis à l'homme. Entre 2003 et 2011, ce virus a infecté plus de 500 personnes et en a tué plus de 300, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Mozzarella à la dioxine en 2008...

 Sites, forums, blogs accueillent des réactions de consommateurs en colère d’être pris « pour des poubelles d’aliments toxiques ». Fin avril en Italie 2008, les carabiniers ont arrêté 25 personnes soupçonnées d’avoir mis sur le marché, sous l’appellation d’« huile d’olive extra vierge », de l’huile végétale frelatée au bêta-carotène (soupçonné d’être cancérigène). L’affaire suivait celles de la mozzarella à la dioxine et des 70 millions de litres de vin contaminé aux acides. Trois affaires pour lesquelles la Commission européenne s’est montrée plus que prudente afin « de ne pas aggraver l’impact économique ».
Nouvelle alerte dans le scandale de la viande de cheval en 2013. Le groupe suisse Nestlé, numéro un mondial de l'agro-alimentaire, a annoncé mardi qu'il retirait des plats cuisinés de la vente en France, ainsi qu'au Portugal, dans lesquels des traces de cheval auraient été trouvées. Lundi, déjà, deux autres plats avaient été suspendus en Espagne et en Italie, pour les même raisons. "Nos tests ont découvert des traces d'ADN de cheval dans deux produits à base de boeuf fournis par H.J Schypke", une société allemande sous-traitante de JBS Toledo NV, annonce Nestlé dans un communiqué.
En France, c'est un plat de lasagnes congelées destiné à la restauration, vendu sous la marque Nestlé Professional, qui est en cause. Par ailleurs, le groupe a décidé de retirer "immédiatement" de la vente en Espagne et en Italie des raviolis et des tortellinis vendus sous l'appellation Buitoni Beef Ravioli et Beef Tortellini. "Nous allons les remplacer par des produits dont les tests ADN ont confirmé qu'ils contenaient 100% de boeuf", ajoute le communiqué. La proportion de viande de cheval dans ces produits était supérieure à 1%, précise le communiqué.
Au Royaume-Uni, cantines et hôpitaux touchés. C'est dans le pays que le scandale a été révélé. Il n'y concerne plus seulement les supermarchés : vendredi, les Britanniques ont appris que des steaks hachés contenant de la viande de cheval avaient été fournis à des hôpitaux en Irlande du nord. Des plats contenant du cheval ont été vendus dans des pubs et des hôtels, et des traces de viande de cheval ont été retrouvées dans des cantines scolaires.
Les nouveaux pays touchés. La liste s'est allongée vendredi : au total, 13 pays d'Europe sont touchés. En Autriche, les autorités ont découvert des traces de cheval dans des tortellini qui n'auraient dû contenir que du bœuf. En Norvège, c'est un groupe de grande distribution qui a annoncé avoir retrouvé de la viande de cheval dans des lasagnes vendues dans ses magasins. Une enquête a été ouverte au Danemark sur un abattoir fournissant des fabricants de pizza. Aux Pays-Bas, une perquisition a été menée dans une usine qui mélangeait viande de cheval et de bœuf et la revendait sous l'appellation "pur bœuf". Et en Bulgarie, les autorités ont retiré provisoirement de la vente plus de 80 kilos de lasagnes en vente dans une chaîne de grande distribution car le produit est susceptible de contenir de la viande de cheval non-déclarée.

PRESERVER L’EMPLOI…

Psychose de la lasagne. L’ « opinion » est appelée à la rescousse contre les affres du chômage technique. La classe ouvrière, elle aussi, est immédiatement associée à l’opération de « salubrité publique » contre la fraude des exploiteurs et magouilleurs. Un organe de presse a le culot d’écrire, concernant la société Spanghero : « Si le combat des salariés de Castelnaudary a trouvé très vite un écho national, leur entreprise n'est pas la seule à connaître des difficultés suite au scandale de la viande de cheval. Dans les faits, c'est tout le secteur qui pâtit de la défiance des consommateurs envers les plats cuisinés. Depuis la découverte de viande de cheval dans des lasagnes au bœuf, il y a dix jours, les ventes de plats surgelés dans les grandes surfaces ont chuté, parfois de 5 % » (Le Figaro). Sous-entendu, les salariés – qui étaient complices (alors qu’à la chaîne on ne leur demande pas leur avis) – sont prêts à produire… français de souche agricole !
Les syndicats étatiques ne sont pas en reste et témoignent  de « l’ampleur des dégâts salariaux » : "On est en flux tendu (…), donc s'il n'y a plus de commandes, il n'y a plus d'argent qui rentre", s'alarme Christian Delépine, délégué CGT chez Fraisnor, interrogé par Europe 1. "On ne peut pas tenir 15 jours sans produire."
Ah ! produire, toujours produire pour la bataille de la production de merde alimentaire !
Un secteur qui emploie 50.000 personnes. Ce délégué syndical appelle donc les salariés à manifester mercredi matin, pour obtenir du gouvernement "une aide pour pouvoir passer le cap". L'effondrement du secteur pourrait en effet coûter cher à l'économie : avec 1,55 million de tonnes de viande consommées chaque année, l'industrie franchouillarde de la transformation du bœuf emploie 50.000 personnes et dégage 830 millions d'euros de chiffre d'affaires.
Les lâches complices se débinent. Le spécialiste du surgelé Picard assure qu’il avait banni la société audoise de ses fournisseurs en viande. Picard était mêlé pourtant crânement à l’affaire de la viande de cheval et se précipite pour retirer de la vente certains de ses produits, dont deux lots de lasagnes bolognaise qui contenait de la viande de cheval. Ce n’était aux dires du PDG qu’une activité récente et annexe. "En amont des conclusions de l'enquête des services vétérinaires, nous avions d'ores et déjà décidé d'arrêter cette activité de négoce car elle ne représente que 2% du chiffre d'affaires", a annoncé le président de Spanghero dans un communiqué. Cette activité de négoce de viande avait été lancée il y a un an environ. Trois ou quatre salariés s'y consacraient. La société se concentrera donc sur ses autres activités, à savoir la viande à la découpe, les plats cuisinés et la saucisserie. Et ne redemandera pas l'agrément dont elle est provisoirement privée. Objectif : redonner confiance. On se pâme.
Comme le fameux nuage de Tchernobyl qui s’était arrêté élégamment aux douanes françaises, si des chevaux malades ont été consommés en France, le risque pour la santé "est mineur"a assuré le ministre Stéphane Le Foll (la vache !), en marge de l'inauguration du Salon de l'Agriculture à Paris pour éteindre l’incendie (de quoi ?) avant qu’il se propage. Samedi, son ministère de l’Agriculture a en effet annoncé que trois des six carcasses de cheval envoyées du Royaume-Uni vers la France et qui contenaient des traces de phénylbutazone ont été écoulées sur le marché de la viande et sont "probablement" entrées dans la chaîne alimentaire.
C’est quoi la phénylbutazone ? C’est un anti-douleur fréquemment prescrit pour les chevaux mais proscrit dans l'alimentation humaine. Dès qu’elles ont pris conscience du problème, les autorités sanitaires britanniques avaient lancé une alerte. Trop tard toutefois pour les trois premières carcasses, entrées dans l'Hexagone le mois précédent. "Le signalement des autorités britanniques est intervenu alors que les trois carcasses de janvier avaient été transformées", a confirmé un porte-parole du ministère.
Aux Etats-Unis, une ONG a révélait que 30% du poisson consommé n'appartient pas à l'espèce que les clients croyaient acheter. Un mérou à la place d'une perche du Nil, du tilapia au lieu de rouget... aux Etats-Unis, si vous achetez du poisson, attention à ce qui arrive vraiment dans votre assiette. Des tests ADN. L'ONG Oceana a procédé à des test ADN sur des poissons dans près de 700 points de vente à travers tout le pays. Résultat : l'escroquerie est générale. Par exemple, dans 87% des cas, le poisson vendu comme du rouget est en fait du tilapia, ou n'importe quel autre poisson à chair blanche. Les auteurs de l'étude s'inquiètent non seulement du mauvais étiquetage des poissons mais aussi de leur origine. "84% du thon blanc testé était en fait de l'escolar, un poisson qui peut causer de graves troubles digestifs si on en mange plus de 50 grammes", s'inquiètait Beth Lowell, l'une des auteurs de l'étude.

Imposer une traçabilité, combat moderne
 
D'après l'ONG, 18% des poissons vendus dans les magasins traditionnels sont mal étiquetés. Et la part monte même à 78% pour ceux consommés dans les restaurants de sushis. Et les consommateurs sont impuissants. Les Etats-Unis importent 90% du poisson qu'ils consomment. Souvent, les poissonniers ne voient même pas les produits entiers et les contrôles sont rarissimes. Oceana ne voit qu'un moyen de régler le problème : imposer une traçabilité totale, du bateau à l'assiette. Mais pas du profit au supermarché ! La France n'est pas totalement à l'abri d'une telle fraude. En 2011, une enquête avait permis de repérer 100 tonnes de poissons commercialisés avec de fausses informations ou des erreurs d'étiquetage. Selon la DGCCRF, ce type d'escroquerie est marginal en France grâce au système de traçabilité imposé par l'Union européenne. Au début de la chaîne, les pêcheurs apposent obligatoirement une étiquette mentionnant le nom du poisson, le lieu de pêche et le mode de production. Plus tard, des tests sont effectués pour vérifier que le produit mis sur le marché est bien conforme à l'étiquette d'origine. Après le scandale de la viande de cheval utilisée dans des plats à base de boeuf, les autorités sanitaires ont décidé de renforcer leurs contrôles aussi sur la filière poisson.

UNE SEULE SOLUTION : LA VIANDE FRANCAISE

Carrefour et Intermarché ainsi que Findus se sont engagés à n'utiliser que de la viande française. L'INFO. Alors que s'est ouvert samedi matin, le salon de l'Agriculture, le scandale du cheval était au centre des interrogations. Lors de sa visite, François Hollande a affirmé qu'il exigerait "un étiquetage obligatoire" sur les viandes insérées dans les plats cuisinés. Dans le même temps, plusieurs marques se sont engagées à n'utiliser que de la viande française dans leurs plats préparés. Et pour la première fois, du cheval a été découvert dans des lasagnes italiennes. Du 100% français. Les géants de la distribution Carrefour et Intermarché ainsi que Findus se sont engagés à n'utiliser que de la viande française dans les plats préparés de leurs marques vendus en France, a annoncé samedi le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll.
Carrefour : Dans un communiqué, le groupe a précisé que son engagement, qui a été signé samedi lors de la visite de François Hollande au salon, concernait également la viande de porc et se ferait via une étiquetage spécifique sur les produits. Pour les plats préparés frais, cette mesure sera appliquée "dès le mois de mars", a précisé le groupe. Pour les surgelés, la mise en oeuvre prendra effet "dans six mois", soit le "délai d'approvisionnement et de fabrication nécessaire pour que les viandes bovines et porcines contenues dans ces produits soient remplacées par de la viande exclusivement d'origine France", a indiqué Carrefour.
 Intermarché : Son concurrent a de son côté annoncé le lancement à compter du mois de mars d'un étiquetage "Jean Rozé, Boeuf 100% français" sur ses plats cuisinés "pour rassurer les clients". Le Groupement des Mousquetaires a précisé, dans un communiqué diffusé vendredi, que la viande bovine qu'il utilise provient de ses abattoirs de la Société Vitréenne d'Abattage (SVA Jean Rozé), implantée en France, qui travaille avec 17.000 éleveurs français.
Findus, qui le premier aurait dévoilé que certains de ses plats contenaient du cheval, avait annoncé cette décision dès jeudi pour application à partir de fin mars. Findus fait aussitôt appel à la traçabilité et à la fiabilité nationale. "Personne chez Findus n'a pensé une minute qu'une coopérative du Sud-Ouest de la France, de renom, pouvait faire appel à des traders qui faisaient circuler de la viande dans l'ensemble de l'Europe ». Les coopératives françaises, qui sont l’idéal du communisme pour tout anarchiste plan-plan et béat, ont longtemps sponsorisé une agriculture et un élevage des plus crades d’Europe ; il suffit d’avoir visité certaines étables des années 1960 à aujourd’hui. On peut trouver mieux comme référence clean et bio.
• Le scandale s'exporte en Italie. De la viande de cheval a été trouvée pour la première fois dans une confection de lasagnes à la bolognaise en Italie, fabriquée par l'entreprise Primia, dans la région de Bologne, a annoncé samedi l'agence Ansa. Il s'agit du premier test positif en Italie. Le produit a été retiré de la vente, tandis que "six tonnes de viande hachée et 2.400 confections de "lasagnes à la bolognaise" ont été mises sous séquestre, a précisé l'agence italienne. Ces produits étaient fabriqués à San Giovanni in Persiceto, dans la région de Bologne, dont les lasagnes sont une des spécialités culinaires. Va-t-on aller là-bas vers une production et distribution strictement italienne ? 

REFLEXION GENERALE EURISTIQUE

Que conclure de cette impéritie renouvelée de la gestion des ressources de l’humanité par les dominants accrocs du fric et du foutage de gueule généralisé ? Compatir ? Se joindre à cette masse de pleureuses hypocrites ? J’ai envie de reprendre simplement cette réflexion de bon sens d’un camarade de classe, ouvrier éboueur, à l’époque des attentats de  New York, face à la menace du gaz sarin ou des bombes déposées dans les poubelles : à ma question conforme à la psychose ambiante « tu ne crains pas qu’une des poubelles explose ? », il m’avait repondu en haussant les épaules :  «  « bah, on va continuer à faire notre boulot, et si on saute tant pis ! ». L’ouvrier qui bosse dans une usine d’armement sait qu’il participe à la production d’engins de mort, mais il sait aussi que s’il émet une objection c’est la porte et la clochardisation qui s’ensuit. L’ouvrier de Herta, de Spanghero ou de telle autre industrie alimentaire est obligé  de maquiller, d’adoucir de vieux quartiers de viande pour les rendre « présentables », et alors ? Si l’on suit la faconde de nos donneurs d’ordre bio, l’ouvrier est le premier criminel. Or, la classe ouvrière comme classe encore atomisée n’a aucune voix au chapitre et n’est pas responsable de la merde qu’on lui fait produire. A cette objection près qu’il y a des limites de conscience, le cheminot qui conduisait les enfants juifs dans les trains à destination d’Auschwitz aurait été impardonnable « s’il avait su », de ne pas refuser de conduire la locomotive. Beaucoup d’ouvriers auront été complices hélas de complicités « industrielles » par lâcheté, mais cela ne culpabilise pas l’ensemble. Concernant le scandale alimentaire, il faut y voir avant tout une perversion des rapports sociaux où la tâche infinitésimale, « parcellaire » comme disait Marx, ne permet pas une révolte collective au quotidien. Ce scandale au demeurant ne fait que masquer par son utilisation intensive tout azimut démocratique le véritable vrai scandale : la prolongation du capitalisme.
Quant à la merde qui nous est servie dans l’assiette, il faut relativiser aussi les moralisations esthético-alimentaires. L’espèce humaine a toujours peu ou prou recyclé la merde et toujours eu besoin des microbes pour vivre. Faut-il rappeler les mille utilisations des bouses de vache en Inde ? L'espèce humaine s'est-elle contentée de cueillir les produits sans pesticides à même les arbres comme la pomme de ce pauvre Adam? Ou son évolution s'est-elle manifestée par un perpétuel recyclage de divers "déchets"?

Prenez le fumier.
Le fumier est une matière organique ancestrale issue des déjections (excréments et urine) d'animaux mélangées à de la litière (paille, fougère, etc.) qui, après transformation (compostage), est utilisée comme fertilisant en agriculture. Convenablement employés, les fumiers contribuent à maintenir la fertilité et à enrichir la terre par l'apport de matières organiques et de nutriments, et notamment d'azote. Il a toujours existé plusieurs sortes de fumiers (naturels contrairement aux fumiers de capitalistes). Les espèces (insectes, champignons) se nourrissant et transformant le fumier sont dites fimicoles ou coprophages. La majorité des engrais animaux se trouve dans les matières fécales des mammifères herbivores et des volailles ou dans des matériaux végétaux (souvent de la paille) utilisés comme litière pour les animaux et qui sont alors très mélangés à leurs matières fécales et à leurs urines.
Les fumiers de cheval (crottin riche en cellulose1) ou d'ovins sont des « fumiers chauds » plutôt adaptés aux terres argileuses. On les étale et on attend, on dit qu'ils « chauffent le sol » ou qu'ils constituent des « couches chaudes ». Les fumiers de porc et de bovins (lisier et bouses riches en azote) sont des « fumiers froids » adaptés aux sols siliceux et calcaires. Ils se dégradent lentement (25 % en année 1 et 50 % en année 2 puis effet résiduel long pendant plusieurs années). Les apports doivent se faire en automne-hiver pour le printemps suivant.
Les fientes et les fumiers de volailles sont d'excellents fertilisants à action rapide. Ils peuvent être mis en même temps que les semis ou plantations. Leur faible quantité nécessaire (3 tonnes/ha suffisent) permet d'éviter une surconcentration de matière organique problématique. En effet, toutes les matières organiques en dégradation ont des effets plus ou moins allélopathiques qui se traduisent par des effets anti-germination (principalement) et /ou des inhibitions de croissance. Le fumier est utilisé depuis des siècles comme produit fertilisant dans l'agriculture, du fait de sa richesse en azote et autres nutriments facilitant la croissance des végétaux.
Le fumier liquide (produit par les porcs) est souvent directement injecté sous le sol afin de réduire les odeurs nuisibles. Le fumier provenant des cochons et des bovins est épandu sur les champs à l'aide d'un épandeur. À cause du niveau relativement faible de protéines contenues dans les plantes mangées par les herbivores (le crottin d'éléphant est presque inodore), l'odeur du fumier bovin est plus douce que celle du fumier produit par les carnivores. Dans les régions agricoles, de par la quantité de fumier utilisée dans les champs, les odeurs peuvent ne pas être acceptées par certaines personnes et a contrario, en laisser d'autres indifférentes.
Prenez les produits chimiques.
Fine fleur du capitalisme flamboyant du XIXème siècle, qui, excepté les herbivores primaires, songerait à remettre en cause les apports fondamentaux à une hygiène et à une conservation dans la durée de la chimie pour la consommation de masses d’humains ? Qui peut croire au retour de la production artisanale des péquenots d’antan pour des milliards d’êtres humains, excepté Claude Bitot ?
Prenez la viande.
Excepté quelques hurluberlus mystiques et des intellectuels végétariens salonards, qui peut penser qu’on pourrait se passer de viande à l’époque moderne pour pouvoir tenir le coup au travail dans le rythme effréné de la vie moderne ? Pourquoi la consommation de viande explose-t-elle au Brésil et en Chine ?[3] Pourtant la logique d’austérité du capitalisme, dans la même optique que la suppression de la retraite, trouve des idéologues anti-consommationniste qui se fichent de la santé des prolétaires. Le crétin Mark Sutton, auteur d'un rapport pour le Programme des Nations unies pour l’environnement, prône une diminution drastique de notre consommation. : « Les hommes produisent et utilisent trop d’engrais à travers le monde. Pire, ces engrais sont tous destinés à des cultures, dont 80% finissent dans les auges du bétail et des élevages qui nourrissent les hommes. Pour Mark Sutton, auteur d’un rapport sur les nutriments pour le compte du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), les hommes mangent trop de viande. Et si les consommateurs des pays riches réduisaient leur consommation de bidoche de 50%, cela soulagerait les sols, le climat et les corps ». Le souci d’une chaîne alimentaire contrôlée, vaccinée et sans microbes pour satisfaire le con/sommateur atteint des sommets de bêtises avec la prétention d’entretenir et d’abattre dignement les animaux. Le débat fait rage concernant l’exécution des bêtes, les étourdir avant de les égorger est le suc du débat avec les pratiques religieuses juive et musulmane, alors que ce ne sont que sordides intérêts de boutiques concurrentes[4].
Que l’utilisation intensive d’azote et de phosphate à travers le monde provoque des pollutions de l’air et un réchauffement climatique est bien le genre de questionnement de la noblesse d’Etat du capitalisme décadent. Cette catégorie de robe vertueuse se fiche des fraudes de la « chaîne alimentaire » comme de la faim dans le tiers-monde (pardon le sud). On se soucie des dommages pour la planète mais pas de l’exploitation des êtres humains. Quelles sont les priorités ?
A penser en termes de croissance, démographique y compris, les idéologues complices veulent faire croire à l’éternité du capitalisme. Ce serait chic de manger moins de viande, et ce n'est qu'un début d’apologie de la famine pour les millions de démunis, même si effectivement c'est plus sain, mais pour demain on nous promet de nous faire manger des insectes ; la propagande a commencé en ce sens.

VIANDE HALAL, VIANDE XENOPHOBE?

Peu avant le regain du scandale des fraudes alimentaires de l’industrie capitaliste, un autre scandale vaut d’être analysé. Là il ne s’agit plus du motif de « contrôle » de la traçabilité démocratique opaque et cynique, mais de la traçabilité « religieuse ». Si l’enjeu n’était pas encore de se foutre du prolétariat il y aurait sur ce plan à pisser de rire.
Nous mangeons tous halal ou cacher sans le savoir, et l'émoi suscité par cette révélation pendant la campagne présidentielle de 2012 n'y changera rien, car c'est toute la filière viande qui, par commodité ou simplement pour survivre, s'est «convertie» au tout-rituel. Ce qui n'empêche pas les consommateurs musulmans de se voir souvent proposer des produits qui n'ont d'halal que le nom... Et de laisser leurs enfants manger des bonbons à base de gélatine de porc.
L’industrie halal est une des rares réussites du capitalisme en crise. Il offre aux consommateurs une quantité incroyable de produits et propose un assortiment stupéfiant qui n’existe dans aucun pays du Maghreb ou du Moyen-Orient.
 Fethallah Otmani, porte-parole de l’agence de certification AVS, un organisme réputé intransigeant qui s’assure dans les abattoirs que la viande halal est bien halal, explique: «Les entreprises se sont rendu compte de l’impact du mot “halal”.» «Ce n’est plus que du marketing», s’exclame-t-il. Pour lui, «tout cela n’a rien de religieux». «Ces opérations créent une ligne de démarcation supplémentaire avec les autres consommateurs non musulmans», constate-t-il. Les entreprises françaises, conscientes ou inconscientes d’encourager un consumérisme discriminant, ont vu dans les interdits alimentaires de la religion musulmane une splendide opportunité commerciale. Les opérations de marketing ont récupéré les interdits confessionnels pour en faire des arguments de vente. Les entreprises ont vite compris que la mention halal rassurait le consommateur et provoquait l’achat. Qu’est-ce qui est halal aujourd’hui? Apparu dans les rayons des grandes surfaces en septembre 2008 pour le ramadan, le Cham’alal n’a eu qu’une courte existence, mais elle est emblématique de la frénésie des acteurs de l’économie du halal. Il aurait pu reprendre à son compte le cultissime slogan publicitaire de la marque de soda américaine, Canada Dry, révélé dans les années quatre-vingt en France: Cofondateur de Night Orient, «boisson festive pétillante sans alcool» lancée en novembre 2009 et produite en Belgique, à Liège, par la société Orient Drink, il confiait au site d’information Saphirnews le 30 décembre 2010 espérer vendre un million de bouteilles en 2012. D’après la société Orient Drink, installée à Liège, «Night Orient est distribué dans douze pays et a été élu meilleur produit sans alcool à Dubai par un test consommateur et sélectionné comme meilleure [i]innovation au Salon de l’alimentation (SIAL) de Paris 2010». Mais toute ressemblance entre une bouteille de Night Orient et une bouteille de champagne s’arrête à la forme de la bouteille. Le Night Orient était vendu 11,24 euros sur le site de la marque consulté le 5 juillet 2012. La «boisson festive» fait également partie d’un packaging très présent dans les points de vente halal ou dans les espaces halal des grandes surfaces. Le coffret prestige Night Orient Premium & Labeyrie réunit une bouteille de Night Orient Premium, un bloc Labeyrie halal de foie gras de canard et sa lyre (le trancheur à foie gras), vendu 43,99 euros. Night Orient, comme il se doit, avait un stand au Salon du mariage oriental, qui se tient chaque année en novembre à la Grande Halle de la Villette, dans le XIXe arrondissement à Paris, et où les exposants proposent aux futurs mariés de «se marier comme dans un conte des Mille et Une Nuits», dromadaire et Limousine Chrysler 300 de 8,55 mètres de longueur à l’appui. «Illuminez vos fêtes sans alcool», proposait Night Orient à l’édition 2011 du salon dont la surface avait doublé par rapport à l’année précédente, entre deux défilés de robes de mariage chatoyantes au son des youyous, accompagnés de musique orientale et avec pour voisins de stand des traiteurs halal et des organisateurs de réceptions[5].

BOURGEOIS ARRETEZ VOTRE CINEMA !

Manger bio revient beaucoup plus cher que de manger des produits industrialisés. La priorité pour les prolétaires aujourd'hui  n'est pas de bien manger mais de manger tout court. Le fait que les prolétaires et leurs enfants mangent de plus en plus dans les fast food vient aussi du fait que les prolétaires ont moins le temps de manger (si tu veux bien manger 1h de pause n'est pas suffisant). Et au final on se retrouve à manger ce type de chose par habitude et non plus par choix.
Malheureusement, la crise n’aidant pas, les entrepreneurs de la restauration se voient de plus en plus tentés de recourir à la technologie et à la facilité plutôt qu’au travail bien fait et des plats « faits maisons ». Et les journalistes « fouilles merde à scandale » de FR3 de nous présenter un filou tenancier d’un restaurant dit « basque » achetant tout chez Metro. En arrière salle, la brigade et son chef cuisinier ont été remplacés par 6 sri-lankais uniquement là pour vider les poches en plastique, les boites de conserve, camoufler la supercherie en personnalisant le plat (ajout de fromage rapé, amandes effilées…), puis réchauffer le tout au micro-onde. Ah la belle cuisine française! Cas isolé? Que nenni puisqu’on retrouve le même délire gustatif dans les brasseries parisiennes, piège à touriste, qui pratiquent grosso-modo de la même manière. Les poubelles du soir sont là pour confirmer l’escroquerie.
Point culminant: le marché des plats à réchauffer pour les professionnels de l’arnaque à la restauration. De grands groupes comme Davigel (groupe Nestlé) ou l’anglais Brake fournissent de plus en plus de plats à des escrocs patentés.Le plus incroyable, comme on peut le voir dans le reportage, c’est l’accord de grands chefs français pour avaliser de telles pratiques. Ainsi on découvre en quelques dizaines de minutes, un monde ignoble, jouant avec notre santé, mettant sur la touche toute une profession et un savoir faire culinaire, stigmatisant à bon compte l’immigration clandestine, dans un seul et unique but: la rentabilité!
Durant les années 2000 le groupe McDonald's a adapté sa communication aux critiques. Après l'affaire de la maladie de la vache folle, la multinationale met en avant le fait qu'elle se fournit auprès d'éleveurs de l'Union Européenne pour la viande et que ses produits sont tracés. Elle communique aussi dans ses commerces sur les calories présentes dans ses produits. La multinationale se défend qu'une consommation modérée de ses produits ne serait pas néfaste pour la santé et que c'est la consommation exclusive et exagérée de hamburgers et le manque de variété qui peuvent s'avérer mauvais pour l'organisme. Reste ensuite à se mettre d'accord sur la signification de "modéré", car selon des diététiciens américains (dans le film Super Size Me) ils déconseillent de faire un repas dans un fast food plus d'une fois par mois.

Un seul point positif dans tous ces camouflages et bidouillages culinaires, les prolétaires laïcs comme musulmans bouffent la même merde trafiquée. Mais pasteurisée.
Le capitalisme vous dégoûte, vous fait gerber? Allez... vous en reprendrez bien une tranche pour faire honneur au cuistot!

ANECDOTE: En général nous ne voulons voir ni les yeux ni les arêtes du poisson que nous mangeons, c'est miracle que des ouvriers producteurs nous les "transforment" en leur donnant apparence comestible (merci la classe ouvrière!). En 1965, dans le cadre du jumelage de la municipalité "socialiste" de Suresnes (à laquelle je suis toujours reconnaissant de nous avoir jumelé avec des écoliers anglais et allemand), l'ado que j'étais avait été invité avec ses congénères de collège français à visiter une usine de bonbons à Hackney, banlieue de London. La visite des ateliers de fabrication m'avait proprement écoeuré. Les ouvriers anglais nous avaient offert à tous un paquet de bonbons au chocolat. A la sortie, je me tournai vers mes camarades: "eh les mecs jamais plus de ma vie je ne mangerai de bonbons, çà pue et c'est dégueulasse leur fabrication, comment osent-ils?". Joignant le geste à la parole je vidai mon paquet sur le sol. Quelle ne fût pas ma surprise de les voir tous se jeter les uns sur les autres pour récupérer mes bonbons!
Pire je regrettais de les leur avoir donné... Comme quoi, le dégoût de la "fabrique" dévoilée s'estompe assez vite au vu de l'emballage et de la passion du sucre et du chocolat. Merde enrobée sait mentir.


[1] Cf. « Marx écologiste » de John Bellamy Forster (ed Amsterdam, p.49.50, 2011).
[2] Deux livres sont parus ces dernières années, faisant la lumière sur l'affaire. Le premier, Detrás de la colza [Derrière le colza], a été écrit par Granero, le bras droit du Dr Muro ; le second, publié en France, est dû à Jacques Philipponneau : Relation de l'empoisonnement perpétré en Espagne et camouflé sous le nom de syndrome de l'huile toxique [Encyclopédie des nuisances, 1994].
[3] Près de la moitié des porcs du monde – c’est-à-dire 476 millions d’individus – sont actuellement élevés en Chine ! Ce pays produit déjà 29% de la viande mondiale et elle en a importé 1,38 million de tonnes en 2009 pour combler les manques. La demande mondiale de viande devrait encore augmenter de 40% d’ici à 2025.

[4] En 2012, les poules pondeuses qui vivent sur une feuille de papier A4 verront leurs cages agrandies grâce à la directive européenne 1999/74/CE, qui date de 1999. Treize ans pour tout mettre en place. Etrangement, le délai n’a pas suffi à certains éleveurs. Au grand  dam du CIWF, qui s’insurge contre la décision du Parlement européen de chercher des « solutions » permettant à ces producteurs de continuer à  produire. Donc, d’assurer la présence sur le marché d’œufs et d’ovoproduits, issus d’œufs de poules maltraitées et nourries aux antibiotiques, dans la composition d’aliments et de plats cuisinés. Sachant que des poules moins maltraitées seraient meilleure au palais du con/sommateur.

[5] Extraits du livre de Michel Turin « Halal à tous les étages ».


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