"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

lundi 8 mai 2017

CHANGEMENT PRESIDENTIEL 2017: UN MARKETING POLITICIEN EN PARTIE REUSSI


« Ce qui est « nouveau », c'est – on le devine aisément – la programme électoral de la « démocratie véritable ». Ce qui est « jeune » parce que communiste, c'est – est-il nécessaire de le préciser ? - le régime politique de M. Khrouchtchev.
Un seul point noir dans le beau raisonnement. Toute la jeunesse n'est pas intoxiquée par le « yé-yé ». Toute la jeunesse n'est pas apte à se conquérir un job lucratif grâce à la « démocratisation » promise de l'enseignement. Il y a cette masse inquiétante de jeunes inadaptés, de « sauvages », dont les excès défraient la chronique. Pour nous, communistes internationalistes, l'existence de cet abcès social incurable qu'est la jeunesse semi-délinquante constitue une manifestation du caractère explosif de la société moderne, la preuve aussi que, des jeunes générations, on peut attendre tout autre chose que la servile imitation de leurs aînés que leur propose le PCF, la certitude enfin que la jeunesse, ce n'est pas seulement l'inconsistant engouement pour les modes bruyantes ou le froid carriérisme des « raisonnables », mais encore et toujours « la révolte » contre l'ordre constitué ».

Lucien Laugier (in Programme communiste n°10, 1964)1


EXTRAITS DES DISCOURS D'INVESTITURE DES PRESIDENTS DU "CHANGEMENT"

« AINSI C'EST MOI QUI CONDUIRAI LE CHANGEMENT, MAIS JE NE LE CONDUIRAI PAS SEUL » Giscard d'Estaing
« Président de tous les Français, je veux les rassembler pour les grandes causes qui nous attendent et créer en toutes circonstances les conditions d'une véritable communauté nationale ». Mitterrand 1
« Mes chers compatriotes, il m'incombe avant tout autre, au nom de la Nation tout entière, de faire prévaloir l'intérêt général sur les intérêts particuliers ou partisans ». Mitterrand 2
« Un nouveau septennat commence. Je voudrais qu'à l'issue de mon mandat, les Français constatent que le changement espéré a été réalisé ». Chirac 1
« Cela signifie pour moi une solidarité renforcée. Une solidarité concrètement attentive aux difficultés de chaque Français. Une solidarité qui fasse reculer la précarité et qui redonne l'espoir à ceux qui l'ont perdu ». Chirac 2
« Le peuple m'a confié un mandat. Je le remplirai. Je le remplirai scrupuleusement, avec la volonté d'être digne de la confiance que m'ont manifesté les Français ». Sarkozy
« Enfin la confiance, c'est à la jeunesse que la République doit l'accorder. Je lui rendrai la place qui doit être la sienne, la première ». Hollande
« Vous avez choisi l'audace, cette audace, chaque jour, nous la poursuivrons. Notre tâche est immense. Une majorité forte. Cette majorité de changement c'est ce à quoi notre pays aspire . La tâche est immense et imposera de continuer à être audacieux. Peuple de France rassemblé au Louvre, je vais moraliser la vie publique et renforcer l'économie ». Macron

LE CHANGEMENT DANS LA CONTINUITE : français vous avez encore voté comme des veaux après un si long, harassant et démoralisant cirque électoral !

Enfin un homme providentiel ce Macron golden boy et "Mozart de la finance" devenu "french Obama" puis (peut-être) Paganini de l'Elysée, qui a su capter l'intérêt de la jeunesse avec les violons de sa propre ferveur pour le pouvoir bourgeois ! Disait celui là l'autre jour. L'avenir ! C'est aux jeunes de décider, me disait une gourde à une terrasse boulevard Saint Germain. Purée... Que des jeunes sur le parterre du Louvre, avec distribution de fanions tricolores à l'entrée, sans oublier la pénétration des habituels drapeaux algériens (la double peine nationale), et
Attention ceci est un montage
des rappeurs pour chauffer la salle avant de hennir à l'arrivée de l'encravaté héros des bobos de l'entreprise nationale, du grand triomphateur devant l'éternel antifascisme de camelote du TSLP( tout sauf Le Pen). Ce "véritable renouvellement du personnel politique" que nous assène chaque heure le parti médiatique se double d'un éloge permanent à "son sens de la communication" de bébé béni par les astres. Piètre scénographie pourtant.
Le premier discours avec prompteur avait été saboté par le technicien ; caméra trop décalée de côté le pauvre Macron semblait s'adresser de côté aux français ou dans le vide du studio et pas franchement les yeux dans les yeux ; le défaut de casting dommageable était corrigé quelques minutes plus tard, mais le coup de la solennité était raté avec un candidat parvenu à ne rester qu'un tronc raide devant le pupitre, sans mains, débitant des banalités républicaines pour un costume institutionnel trop large à sa taille. L'aide de camp de Ruth Elkrieff se précipita pour nous expliquer que ce discours «était riche d'enseignements », et l'opposant républicain Coppé de se féliciter de la hauteur de vue qu'il exprimait.
Le second discours, promis comme émotionnel par les employés de TF1 et de BFM, ne fût que le débit guimauve d'une démagogie simpliste, flatteuse pour l'auditoire de « mes amis »2 ; un remake du « yes we can » attribuant aux jeunes puceaux ignares de la nasse politicienne opaque et archi-ringarde et chauvine ses propres désirs gouvernementaux et une prophétie de démocratie heureuse à faire rêver Martine et ses poupées, alternant promesses paternalistes, incongrues dans ce corps de minet, enfin accumulant les anaphores de ses prédécesseurs en investiture et en cuistreries. Là aussi, le technicien avait mal cadré la caméra, en plan incliné le triangle du Louvre découpait derrière la fragile silhouette de Macron... le bicorne de Napoléon. Fadasse le Napoléon en cravate, après la longue marche empruntée de ToutanMacron tout en costard (que peuvent pas s'offrir les ouvriers illettrés) le long de la pyramide de ToutanMitterrand. Pourtant les employés de BFM ne cessaient de corner en faveur du professionnalisme du spectacle, sans jamais dire d'où sont venus les fonds de nombreux et très coûteux meetings, au risque d'innocenter filou Fillon. Le final en famille fût moins enthousiaste que lors des victoires présidentielles précédentes, l'entourage familial et les potes sur l'estrade ça fait très clanique et népotiste en diable,  pas du tout cet intérêt général qu'on nous fait ouïr à chaque investiture de chef d'Etat bourgeois. La joie n'était pas manifeste vu que Macron l'avait anticipée bêtement en se la jouant une semaine trop tôt in petto, parodiant Chirac main à la portière et poursuivi par les motards  intra-muros. En gros, fade prestation avec impression de déjà vu. Les gogos du carrousel du Louvre n'étaient même pas mis en valeur face à l'ubérisation boy, avec un champ en profondeur du fait du plan fixe collé à la tribune familiale du jeune nouveau monarque.

Ce fût incontestablement une victoire programmée de longue date, une manipulation carrément religieuse, planifiée et coordonnée par le gouvernement précédent, ses élites, ses commerciaux et de jeunots bateleurs de banquets républicains à la Bayrou et Collomb, et des chanteurs intermittents. Cette élection confortable fût un boulevard élyséen pour Macron pour une raison simple: c'est la première fois qu'un président sortant ne pouvant pas sérieusement briguer un second mandat, restant au-dessus du lot, laissant aller au casse-pipe le candidat frondeur utopiste de son vieux parti et porter seul le bilan négatif, la mise en scène avec l'épouvantail soi-disant "fâchiste" était courue d'avance.  Ceci dit en passant, une belle vengeance de Hollande finalement contre cinq ans de bashing par la droite, il se paye le luxe de leur refiler son principal héritier (la droite fumace lui attribuant le qualificatif de plus grand pervers de tous les temps). L'un des principaux chantre cire-pompe de la dictature démocratique perverse, Olivier Duhamel, a été jusqu'à assurer que la victoire macronesque était le premier coup d'arrêt "au populisme qui menace le monde entier".
Victoire en trompe l'oeil au plan politique d'avenir pourtant comme la fable du jeune Bonaparte sur le pont d'Arcole3, malgré des odes démagogiques et cyniques fausses à la jeunesse (le mouvement est cornaqué par les vieux coucous du PS et quelques traîtres à droite) c'est un nouveau gouvernement d'attaque contre la classe ouvrière et de défense de l'Europe capitaliste au nom des plus vieux clichés élimés du jacobinisme et dont la potiche "jeune" n'est même pas sûre de vieillir longtemps sous les ors et les biftons de la République financière. Pour l'heure, l'instrumentalisation des électeurs-veaux se poursuit, les sondeurs leur font déjà dire (par précaution?), qu'ils sont une majorité à "souhaiter une cohabitation". Formidable instituts "scientifiques" de la sondologie officielle! Je ne cesse de dire depuis des années que les élections "en vrai" sont inutiles, les sondages les formatant à leur guise et fournissant le résultat calculé d'avance au poil près et défini par les puissants, mais simplement ratifié par ce bon peuple sans costard et sans cravate. Et sans cervelle politique.

LES TROMPETTES DU CHANGEMENT « REVOLUTIONNAIRE »... républicain


On se souvient vaguement d'avoir vu, il y a plusieurs mois, à l'entrée des supermarchés des piles de la compilation du futur nouveau président « Révolution ». Les membres de ce large et foisonnant parti révolutionnaire « en marche », section TF1, section C.News, section BFM, section Le Monde-Huff Washington nous ont expliqué qu'il y avait – en France – un besoin de faire la politique autrement. La camarade Royale, ex-compagne de l'ancien monarque, membre d'honneur d'En marche a surenchéri que le nouvel élu suprême, au stade suprême de la promotion politicienne, « par sa jeunesse incarne la transformation ». L'employée du trust BFM, Elkrief célébrait à chaque fois qu'elle avait la parole le miracle Macron : « Macron en triomphant a transformé le vote par défaut en vote d'adhésion ». Les transfuges du PS décati se succédaient sur le plateau avec une morgue toute moderniste, pour ne pas dire macrorévolutionnaire. L'ancien édile socialo Castaner faisait jouer ses muscles rénovateurs : « le vieux système est derrière nous », « le choix des français c'est une nouvelle façon de faire de la politique », « Macron a redonné goût à la politique » ; Le Neumann de service (sous-chef du service pol de BFM) en rajoutait dans le lyrisme en prenant sa respiration : « On est devant quelque chose de totalement nouveau » ; ses yeux brillaient comme devant l'arbre de Noël quand il était petit (il risque de ne pas être promu chef du service pol de BFM s'il n'en fait pas assez). Le plus méprisable des transfuges, passé de SOS racisme à la bureaucratie PS, c'est le minus Malek Boutih qui vomit les abstentionnistes et les votes blancs : « c'est des rigolos, ils comptent pas... un mouvement immense s'est levé contre les vieux appareils... Macron va largement gagner sa majorité à l'assemblée... le mouvement est magnifique... porté par la jeunesse...» ; Boutih compte bien lui « être pris en compte » et décrocher au moins un sous-ministère aux ordres du « révolutionnaire » Macron.

MACRON AU POUVOIR, LE PROLETARIAT AU DESESPOIR

Le principal but de cette période électorale, outre assurer la pérennité des potiches de l'Etat bourgeois, aura été de dégoûter et de paralyser encore et toujours la classe ouvrière, qui ne peut s'exprimer comme telle dans ce cadre, qui n'a aucun écho à espérer du projet révolutionnaire de renversement du capitalisme – qui constitue son être – sur le terrain de son ennemi. Même le fort taux d'abstentionnistes ce coup-ci ne signifie pas une prise en compte de son existence ni une manifestation de son esprit de lutte, une grande partie des abstentions venant de la droite bourgeoise de Fillon et des sectateurs bobos du pitre Mélenchon. Les chiffres eux-mêmes, que les sondeurs connaissaient depuis deux jours et qu'on pouvait consulter sur les sites de la presse belge – quand tous les JT jouèrent au suspense infantile jusqu'au 20 heures – ne sont pourtant pas triomphalistes pour le système. Un président de la République n'est élu en France en général que avec un quart des voix. Sarkozy avait été élu par 53 % (= 19 millions d'électeurs) face à Royal 47% (= 17 millions), sur 47 millions au total et sans compter comme toujours, avec jemenfichisme, les abstentions et les nuls. En 2012, Hollande avec 51,64% (= 18 millions) battait Sarkozy à 48,36% (= 16 millions). Ce coup-ci Macron fait 20 millions ( 66% des voteurs) contre 12 à Marine Le Pen, mais abstentionnistes,votes blancs et nuls représentent un chiffre supérieur à celui du FN. Le président de la République est une nouvelle fois élu par une minorité. Il se confirme contrairement aux mensonges médiatiques que la classe ouvrière est majoritairement abstentionniste, même si une couche plus pauvre, délaissée et méprisée par les intellectuels de gouvernement succombe au vote protestataire. Le FN a bien été utilisé de bout en bout comme épouvantail et cette bêtise de retour au franc. Avec un score très inférieur à celui de Royal, la mère Le Pen peut faire une croix (gammée...) sur sa carrière politique, à moins que le système la tienne encore à bout de bras pour faire croire aux veaux électoraux qu'ils luttent (passivement) contre pire que le capitalisme.

Quoiqu'il en soit, cette abstention et le souvenir de 2002 et du félon traité de Lisbonne ont empêché une nouvelle mise en scène de front républicain, et cela ne peut masquer là encore que Macron a été élu par défaut et que plein de ses électeurs, avec pince à linge au nez, ne font aucune confiance à son programme d'exploitation « nouvelle », d'ubérisation de la « jeunesse » dans une mondialisation heureuse et sans fin. Mais il y a une autre victoire de cette vaste manip électorale avec candidat technocrate fabriqué et mis en selle avec cette invention d'une « autre façon de faire la politique » - de la même manière pourtant en votant pour qui on leur dit de voter et pour des élus ensuite incontrôlables - Macron pourrait revoir la question oubliée voire apocryphe de la cagnotte des députés... Cette victoire aura été d'avoir totalement ficelé extrême droite et extrême gauche.


LE GRAND ECART DE LA GAUCHE A L'ENCAN

Qu'il est loin le temps de « bonnet blanc et blanc bonnet », quoiqu'on avait pas vraiment affaire à un nouveau Pompidou-Poher. Mais qu'il est confirmé le rôle de rabatteur du PCF, Mélenchon le confus et les gauchistes envers la principale mystification bourgeoise. Les affiches parlent d'elle-même. Le PCF espèce en voie de disparition appelle à : « Virer Le Pen le 7 mai et à combattre Macron le 8 », c'est à dire à voter pour la continuation du gouvernement d'exploiteurs de Hollande et de fermer sa gueule le lendemain de l'élection. Pitoyable ce rabatteur-là.
Le NPA fait la roue, mais rabat indirectement sur Macron, en promettant la « revanche sociale » qui ne vient jamais depuis 40 ans au moins :

« Nous comprenons ceux et celles qui, dimanche prochain, mettront un bulletin Macron dans l’urne pour faire bar­rage à Le Pen. Mais pour faire vraiment reculer l’extrême droite et défendre nos droits sociaux avec plus de force, il va falloir reprendre l’offensive, le chemin de la grève et des manifestations, comme nous avons su le faire l’année dernière. Cet objectif, le NPA le propose à toutes celles et ceux qui se sont retrouvés dans les luttes contre la loi El Khomri, à Notre-
humour NPA collabo de la démocratie bourgeoise
Dame-des-Landes, lors de la COP21, dans les combats féministes et antiracistes, qu’ils se soient abstenus ou ait voté Hamon, Mélenchon, Arthaud ou bien entendu pour notre candidat Philippe Poutou.
Il va falloir nous doter de nos propres outils politiques, démocratiques, unitaires, en se rassemblant autour d’un programme anticapitaliste pour défendre nos intérêts, pour s’attaquer au pouvoir des capitalistes et des banquiers. Nous voulons construire un parti de combat, ancré dans les luttes quotidiennes, une force qui n’a pas peur de s’en prendre à la propriété capitaliste, qui défende la rupture avec les institutions nationales et européennes... ».
Lutte Ouvrière avec sa triste Arthaud proposent de voter quand même : « Au second, on voudrait que les travailleurs choisissent entre deux maux. Il faut refuser ce chantage. C’est pourquoi Nathalie
Attention dessin trotskiste simpliste néo-stalinien et moche
Arthaud et les militants de Lutte ouvrière voteront blanc ».Blanc? Enfin pas tellement car cette  blancheur là est plutôt salement compromise à la mystification et au chantage électoral dit démocratique.

En vérité il y a une part de vérité dans la citation du NPA ci-dessus, si ces élections ont remis sur la table, quoiqu'en pensent les filous sociologues et journalistes, l'existence de conflits entre les classes et donc le souci d'une classe en particulier, dans les discussions entre prolétaires il apparaît une préoccupation étrange, très précise, historique : « seul, isolés on ne peut rien contre leurs machineries électorales... il nous faudrait un vrai parti si on veut un jour faire la révolution ». Pas celle, capitaliste, de Macron et « ses amis ». On ne l'aura toujours pas ce parti en juin ni de lieux publics pour débattre de la seule vraie politique de classe hors des institutions bourgeoises, moment où ils vont en remettre une couche avec leur souci de cohabitation marchandée entre eux.

NOTES

1article complet sur ce blog : https://proletariatuniversel.blogspot.fr/search?q=jeunesse

2Quand le vaincu d'Alésia Mélenchonix s'était adressé peu avant aux « gens ». Nouvelle formule électorale pour remplacer le scandaleux qualificatif de camarade, de même celui de concitoyen qui va si bien aux électeurs du FN. Il a dit : « les gens lâchaient rien », j'espère qu'ils ne se sont pas vexés « les gens ».
3Le tableau du peintre Gros montrant un Bonaparte, drapeau en main, s'engageant sur le pont sous la mitraille où il aurait ainsi entraîné ses troupes pour vaincre les autrichiens, est une légende. Le petit général a dû rebrousser chemin.

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