"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

samedi 2 décembre 2017

QUAND LES PRINCIPAUX ETATS VOYOUS REGULENT JURIDIQUEMENT LE COMMERCE MONDIAL


« Sans le renversement révolutionnaire du capitalisme, aucune cour internationale d’arbitrage, aucune réorganisation “démocratique” de la Société des Nations, ne sauraient sauver l’humanité de nouvelles guerres impérialistes ». Lénine (1917)
« Mes compatriotes ne doivent pas prendre prétexte de la culpabilité passée de l’Allemagne pour fermer les yeux » ; la défense des droits humains peut impliquer de « prendre les armes ». Gauck (président allemand 2014)


Deux scandales scandés par le MEDIAWEB

On lit en ce moment ceci en une de la presse et du médiaweb : « L'enquête sur les activités du groupe cimentier Lafarge en Syrie, soupçonné d'avoir financé l'État islamique de 2012 à 2014 pour maintenir en fonctionnement son site de Jalabiya, s'accélère. Trois cadres du groupe ont été mis en examen vendredi à l'issue de 48 heures de garde à vue pour «financement d'une entreprise terroriste», «violation du règlement européen» concernant l'embargo sur le pétrole syrien et «mise en danger de la vie d'autrui»1.

De manière obsessionnelle on lit aussi, sans rapport apparent avec le scandale précédent, que « L'inculpation de Michael Flynn menace la Maison-Blanche » ; cet ancien conseiller de Trump aurait menti sur le degré de collusion de Trump avec « l'ingérence russe dans la campagne électorale ». L'objet de cet article sera de montrer les accointances et les raisons de ces scandales martelés par les menteurs professionnels accrédités à la désinformation généralisée.

EN FINIR avec l'impérialisme juridique américain ?

C'est le titre d'un court article du député de droite gaulliste Pierre Lellouche dans Marianne de la fin novembre 2017 (j'ai rajouté le point d'interrogation). Ce député, qui avait déjà protesté en son temps contre les sanctions visant la SNCF, considérée, et non pas Pétain le bref, comme coupable de la déportation des juifs français, fait un constat évident : « Depuis une dizaine d'années, de très importantes sanctions financières ont été infligées par les autorités judiciaires américaines à des entreprises européennes. Et comme il s'agit des Etats-Unis, puissance qui ne peut faire que le bien (benevolent power) , ces sanctions sont imposées au nom, bien entendu, des plus nobles causes : lutter contre la corruption ou la fraude fiscale, punir ceux qui contournent les sanctions contre les « Etats voyous » ou jugés comme tels par les Etats-Unis, protéger les consommateurs ou les règles de la Bourse ou du marché ».
Il liste ensuite toutes les entreprises françaises qui ont trinqué : BNP Paribas, Alstom, le Crédit Agricole, Airbus, Sanofi, Veolia. Ces mêmes entreprises sont obligées de se soumettre au contrôle américain « relevant du secret des affaires ». Il dénonce « une application du droit pénal américain hors des Etats-Unis (qui) détruit le droit international tel qu'il est construit sur la base de la souveraineté des Etats ». C'est donc une arme de soumission et de destruction systématique de leurs concurrents étrangers ». Très bien vu, mais pas analysé en profondeur sur l'état du capitalisme2.
La juridicisation de la vie politique et sociale on connait depuis un moment. Cette mode a été imposée par l'impérialisme dominant surtout depuis la chute de l'ex URSS. A l'anti-communisme primaire a succédé la morale primaire. Il faut s'interroger plutôt sur cette nouvelle forme de compétition entre entreprises, multinationales en façade, par Etats interposés, ou mieux par justice interposée.
On se souvient qu'en décembre 2014: « Un accord entre la France et les Etats-Unis a été signé pour immuniser la SNCF contre des poursuites sur le territoire américain visant sa responsabilité dans la Shoah. Pour cela, la compagnie ferroviaire indemnisera les victimes américaines à hauteur de 100.000 euros »3. La SNCF, et non pas le maréchal et sa milice armée, était accusée d'avoir, durant la seconde guerre mondiale, transporté près de 76.000 de juifs vers les camps de la mort. Seuls 3.000 d'entre eux en sont revenus. Avec cet accord, l'Etat américain s'engagea à immuniser la SNCF contre toutes poursuites judiciaires (on rigole du tour de passe passe mafieux). Il ne s'était agi que de modérer les ambitions de la SNCF en territoire américain. La SNCF n'avait pas participé aux négociations concernant son éventuelle inculpation pour « crime de guerre »...
L'ambassadrice française aux Droits de l'homme (sans ticket), Patrizianna Sparacino-Thiellay avait annoncé cet accord lors d'une visio-conférence de presse, "la SNCF n'a jamais été tenue pour responsable de la déportation. Elle a été un instrument de la déportation. (...) c'est de la responsabilité des autorités françaises" d'en assumer les conséquences, a rappelé la diplomate française. Encore une autre subtilité de langage diplomatique pour dire que si la SNCF a été un instrument, l'Etat français actuel devait bien, lui, raquer à sa place, en tout cas à la place de Pétain.
Bon sang chauvin ne saurait mentir. En juillet 2014 l'Huma faisait râler à sa place le justiciable Le Flock Prigent contre les multiples attaques « juridiques » américaines, lequel en devient même léniniste: « CHANTAGE AMÉRICAIN :Nous venons donc d’abandonner à la fois notre souveraineté, des savoir-faire technologiques essentiels que peu de pays au monde maîtrisent et que nous avons mis des années à construire, et une entreprise rentable qui dispose de débouchés commerciaux indéniables. En l’espèce, la loi du marché ne justifiait nullement cette vente. Outre son rejet du pouvoir socialiste, l’une des raisons qui ont conduit Patrick Kron à vendre Alstom à GE est la menace de poursuites pour corruption qui pèse sur les dirigeants du groupe français, sans qu’il soit possible d’en mesurer le bien-fondé. Il s’agit bien là d’un chantage américain. En effet, nous sous-estimons toujours les pratiques déloyales et illégales américaines dans la compétition économique mondiale. Rappelons qu’au nom de la « guerre contre le terrorisme », la NSA écoute la planète entière, en particulier les entreprises étrangères qui concurrencent les firmes américaines4. Ainsi, depuis la fin de la guerre froide, les Américains ont développé une véritable stratégie planétaire de domination politique, juridique et économique : la mondialisation n’est finalement que l’imposition au reste du monde du droit et des lois américains. C’est là la définition même de l’impérialisme.
« LA PERTE DE SAVOIR FAIRE ESSENTIELS BÂTIS SUR DES ANNÉES DONT LA LOI DU MARCHÉ NE JUSTIFIAIT PAS LA VENTE.»
L’affaire Alstom est à rapprocher d’autres offensives que les États-Unis ont déclenchées contre nous, profi-tant de notre faiblesse politique du moment. A cause d’un président impopulaire et passif (Hollande): remise en cause par Washington de la vente de navires Mistral à la Russie et véritable racket dont a été victime BNP Paribas. C’est pourquoi il est temps de sortir de l’aveuglement dans lequel nous baignons : nous ne sommes plus amis depuis longtemps avec les États-Unis, tout au plus alliés. La guerre économique est depuis longtemps déclarée et il est affligeant que nous ne rendions pas les coups ! Ainsi, contrairement aux allégations du gouvernement, le dossier Alstom n’est en aucun cas une victoire française. C’est uniquement une victoire de GE qui a eu tout ce qu’il voulait. Ce qui est incroyable, c’est que l’entreprise américaine a pu dérouler toute sa stratégie sans la moindre opposition de la part de notre pays.
INCOMPÉTENCES
L’affaire Alstom révèle donc l’incompréhension de la compétition économique des dirigeants politiques français. Le gouvernement n’a pas été à la hauteur des enjeux. Mis à part les rodomontades d’Arnaud Montebourg, rien n’a été fait. Pire, certains, dans la haute administration, ont torpillé dès le départ l’option d’un rachat d’Alstom par la France. Ils ont eu le toupet de justifier cette décision au nom de « l’intégration silencieuse des discours du Front national dans la politique économique de la France ». Une note de l'Huma tenait à se démarquer de tout discours nationaliste, tout en restant national et donnant une petite clique à la CGT : «  Affligeant. Défendre les intérêts nationaux, c’est aujourd’hui être du Front national ! Enfin, il convient de ne pas oublier le silence assourdissant des syndicats, que l’on n’a pas entendus dans cette affaire : comment la CGT, d’habitude plus réactive, a-t-elle pu rester absente de ce dossier ? Ce sont là autant de signes inquiétants d’une démission collective ».

La France n'est pas seule obligée de cracher au bassinet, il faudrait évoquer aussi l'Allemagne avec l'affaire Volkswagen, et d'autres pays européens. Cette juridicisation des rapports économiques interpelle évidemment tout honnête homme sur le fallacieux droit international chanté depuis 1945, comme le soit disant contrôle des ventes d'armes entre pays belligérants5 ; quand la pièce de théâtre à terreur froide Corée/Trump côté jardin, quand, côté cour, les affaires, militaires et mafieuses, vont bon train.

LES CONSEQUENCES « JURIDIQUES » DE L'IMPERIALISME

On peut dire que c'est avec la fin des expansions coloniales que naît l'impérialisme. Marx notait que l’aube de la production capitaliste était marquée par la « découverte des contrées aurifères et argentifères de l’Amérique, la réduction des indigènes en esclavage, leur enfouissement dans les mines ou leur extermination, les commencements de conquête et de pillage aux Indes orientales, la transformation de l’Afrique en une sorte de garenne commerciale pour la chasse aux peaux noires […]. Le régime colonial […] assurait des débouchés aux manufactures naissantes [et les] trésors directement extorqués hors de l’Europe […] refluaient à la mère patrie pour y fonctionner comme capital », ce qui permit aux capitalistes européens d’établir d’immenses réserves de richesses vouées à être ensuite transformées en capital. Bien qu’il remarque que le « pouvoir de l’État » a joué dans ces transformations, Marx ne fait pas mention du droit international à l'époque. On ne peut cependant pas nier que ces processus internationaux ont été médiatisés par le droit international. L’expansion coloniale a été réalisée par l’intermédiaire d’un droit d’acquisition des territoires coloniaux, tandis que plusieurs traités ont joué un rôle central afin de garantir le commerce, la navigation et le règlement des guerres entre prédateurs concurrents. Marx pouvait assister à l'expansion régulière du capitalisme depuis l’Europe, et à l'affermissement du rôle de la bourgeoisie pour donner « un caractère cosmopolite à la production et à la consommation de tous les pays » au point que « l’étroitesse et l’exclusivisme nationaux deviennent de jour en jour plus impossibles ». Déjà s'estompait la différence entre économie mondiale et économie nationale.

L’analyse de Marx de la politique mondiale fut en réalité très limitée par l'état du capitalisme de son temps, encore « jeune ». La contribution approfondie du marxisme en matière de relations internationales revient à Lénine, qui fut le premier à synthétiser les réflexions de Rudolf Hilferding, Rosa Luxemburg et Nicolaï Boukharine pour expliciter le lien entre capitalisme tout entier et les conflits du système au niveau mondial entre Etats capitalistes. Dans L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, il expliquait que la concentration du capital due à la course au profit mène inévitablement à limpérialisme, c’est-à-dire à une politique agressive, économique et militaire, des Etats capitalistes visant à accroitre leur domination sur les autres Etats capitalistes, rivaux ou plus faibles. La conséquence de cet impérialisme était décrite par l’apparition de frictions et de conflits entre puissances capitalistes qui, parce qu’elles recherchent de nouveaux débouchés pour leurs produits, s’affrontaient déjà pour le contrôle des territoires non capitalistes, les colonies ; et il y a affrontement désormais en plus, un siècle plus tard, comme les quelques exemples repris ci-dessus le démontrent, entre entreprises et cartels industriels, sous arbitrage de la justice... d'Etat dominant6.
Marx aurait tout à fait compris l'aboutissement impérialiste et juridique du capitalisme moderne, puisqu'il avait montré, dans le contexte des « Lois sur les manufactures », qu’ « entre deux droit égaux, c’est la force qui tranche », autrement dit que devant deux arguments juridiques irréfutables, c’est la force qui résout la contradiction. Dans la « Préface » de la Contribution à la critique de l’économie politique, Marx décrit le droit comme l’une des « formes idéologiques sous lesquelles les hommes prennent conscience [du conflit de classe] et le mènent jusqu’au bout ». Concernant l'idéologie, Engels a montré que la fonction du droit est essentiellement, de servir d’écran de fumée pour masquer les processus « réels » à l’œuvre dans le monde.
Loin d’être d'apaiser les relations internationales, le droit international depuis 1945 en est venu en fait à cornaquer et à déchirer le monde .
Les rivalités nationales, loin de se résorber, se sont intensifiées dans la période de 1914. Hilferding a fourni le premier l'analyse de la naissance de l'impérialisme, soutenant que les prédictions de Marx au sujet de la concentration du capital se sont révélées justes à la fin du XIXe siècle. Avec la banqueroute et le rachat de certaines firmes, l’industrie capitaliste s’est trouvée concentrée aux mains de plusieurs corporations en situation de monopole. Afin de garantir leur stabilité et leurs profits, ces firmes se sont organisées en cartels, réalisant la fusion des capitaux industriel et financier au sein de vastes blocs. Ce mouvement a opposé les capitalistes au « libre échange » et aux limites que celui-ci imposait au regroupement en cartel.
La solution à ce problème a été double : augmenter la taille de la zone tarifaire grâce à la conquête de colonies, et exporter le capital. Cette dernière stratégie combinait la vente de marchandises à l’étranger, le développement à vaste échelle et l’investissement dans les manufactures, les infrastructures de transports, etc. ; elle repose sur l’établissement d’entreprises commerciales à l’étranger et l’exploitation directe de la main-d’œuvre étrangère. En raison de leur sous-développement relatif, les économies capitalistes moins avancées ont à chaque fois fourni le plus grand nombre d’opportunités pour accroître les profits. Boukharine et Lénine ont été plus loin, montré qu’une division internationale du travail découlait du processus décrit par Hilferding, et correspondait à l’avènement d’une phase qualitativement distincte du capitalisme, alors décrit selon Lénine comme «un système universel d’oppression coloniale et d’asphyxie financière de l’immense majorité de la population du globe par une poignée de pays “avancés” ». Les Etats rivaux étaient conduit à s'affronter sur le « territoire économique ». La concurrence « économique » s’est transformée en concurrence politique et militaire.
On pourrait croire qu'ils n'ont pas traité de façon explicite, du droit international. Bien au contraire, ils lui sont carrément rentré dans le chou. Boukharine, Lénine et Hilferding ont ainsi tous démontré que le droit international constituait l’un des mécanismes de la lutte entre puissances impériales, et l’un des instruments pour sanctionner l’oppression coloniale. Les traités internationaux, définis comme une manière de codifier un certain équilibre au sein des rapports de forces, en offrent un exemple manifeste. Pour Lénine, le Traité de Versailles repose sur une « paix dissymétrique et prédatrice », et a fait émerger une situation « dans laquelle soixante-dix pour cents de la population mondiale est mis en servitude ».
Par conséquent, Lénine a aussi décrit les institutions internationales de son temps comme basées sur un code juridique hypocrite. La Société des Nations était en particulier vue par lui comme une « meute de loups qui se saisissent mutuellement à la gorge », « une pure imposture […] une caverne de brigands, chacun essayant de dérober quelque chose aux autres ». Il a défendu l’idée que les institutions juridiques internationales incluaient et exprimaient les rivalités engendrées par l’impérialisme. Le capital financier est « un facteur si puissant, si décisif, pourrait-on dire, dans toutes les relations économiques et internationales, qu’il est capable de se subordonner et se subordonne effectivement même des États jouissant d’une complète indépendance politique ». Lénine soutient en fait que l’impérialisme n’était pas uniquement le fait des puissances coloniales et de leurs colonies, mais qu’il s’étend à des « formes variées de pays dépendants qui, nominalement, jouissent de l’indépendance politique, mais qui, en réalité, sont pris dans les filets d’une dépendance financière et diplomatique » – ce qu’il nomme des « semi-colonies »7. Cependant, il expliquait clairement que l’impérialisme s’exprimait en priorité dans le lien immédiatement juridique que la puissance coloniale entretient avec la colonie. L’annexion politique « rend souvent l’annexion économique plus facile, moins cher […] plus accessible et moins pénible ».
Il y a peu d'analyses marxistes « techniques » sur le droit international, on doit à Pachoukanis d'avoir approfondi Lénine pour les conséquences « juridiques » de l'impérialisme8. Dès lors que les États sont structurés en classes et qu’ils sont pris dans les filets d’un impérialisme, cette stratification de classe s’exprime à travers le droit international. Reprenant ainsi la théorie de Lénine sur l’impérialisme, Pachoukanis montre que, loin d’être un corps de règles générales neutre, le droit international équivaut à « la forme juridique de la lutte des États capitalistes entre eux pour la domination du reste du monde » : fondamentalement, c’est ainsi qu’est façonné l’ordre juridique international. À la suite de Lénine, Pachoukanis aborde le rôle joué par certains traités pour structurer et organiser la domination impérialiste, et conclut qu’une « obligation issue d’un traité n’est rien d’autre que la concrétisation, sous une forme spécifique, des rapports économiques et politiques ». Les vainqueurs de 1945 n'ont pas dérogé à la règle... juridique.

Enfin, la domination coloniale, sous sa forme juridique, ne fut pas, pour Pachoukanis, l’unique moyen qui permettait au capitalisme avancé d’exploiter les États moins développés. Elle officialisait une égalité formelle de tous les sujets mais reconnaissant en même temps des inégalités de richesse réelles ; le droit international reconnaît « l’égalité de droit entre États bien que leur pouvoir et leur poids dans les relations internationales soient incomparables », ce que l’absence d’État international centralisé renforce. La corrélation entre violence et forme marchandise contamine également la forme juridique, étant donné que la justification des droits repose clairement sur la violence de l’autorisation à posséder en priorité comme loi du plus fort. La loi du plus fort est le ciment juridique du droit international. La coercition est inhérente à la forme marchande.

LE DROIT PENAL INTERNATIONAL COUVRE LE CAPITALISME

Plusieurs juristes ont démontré la farce de ce droit qui essentialise (réduit à une seule dimension) les diverses conséquences de la barbarie capitaliste. Des actes ignominieux au cours d'une guerre, ou de persécution de populations, ne font plus partie du système global de violence mais sont imputés à quelques « fruits pourris » ; le droit pénal s'occupe de « violences conjoncturelles et de leur caractère anormal »9, comme le concierge témoin d'un fait divers. Le rapport « pratique » aux droits de l’homme est profondément dépolitisé. Le juriste nationaliste Mohamed Bedjaoui restreint la définition de l'impérialisme à l'oppression de l'homme blanc, le droit international a, selon lui, « permis la colonisation, l’exploitation de l’homme par l’homme, les discriminations raciales, [et a] facilité et légalisé l’enrichissement des pays riches ». Le droit international classique est pour l'ex-conseiller du FLN, « dérivé des lois de l’économie capitaliste et du système politique libéral », et dans sa version contemporaine, il continue d’autoriser l’exploitation néo-coloniale au sein de laquelle les firmes multinationales remplacent les États. Définition non seulement simpliste mais complice des nouveaux Etats post-coloniaux. Aux côtés des juristes autorisés, Bedjaoui considère qu'il n'y a pas de lien nécessaire entre droit et impérialisme. On a vu que pour le juriste bolchevique Pachoukanis, contrairement au juridte bourgeois Mohamed Bedjaoui, le droit dépend pourtant structurellement du capitalisme.
Boukharine et Lénine avaient parfaitement vu la division internationale du travail, non pas au sens de complot, mais où les classes dominantes charchent à satisfaire leurs intérêts à travers le droit international. Le marché mondial du capitalisme moderne ne vise pas au regroupement des différentes économies nationales quand, même des entreprises d'une même nation sont prêtes à s'allier avec un conglomérat d'un autre pays. Comme l'a démontré le juriste indien B.S.Chimni, c'est le droit international qui avait permis l'accélération des colonisations en Afrique sous couvert d'un droit des « nations civilisées » d'un côté, et, de l’autre, « l’achèvement du colonialisme ne constitue pas celui de l’impérialisme mais le début d’une nouvelle phase : l’impérialisme sans colonies ». La période 1945-1980 a été marquée par l’essor du néo-colonialisme, situation dans laquelle « l’indépendance politique marche main dans la main avec la dépendance économique » dit ce juriste (pratiquement luxemburgiste), ce qui déteint sur le droit international. La souveraineté de chaque État était pour la première fois reconnue à part égale, mais ce principe juridique a perpétué les inégalités réelles favorisées par le droit international. Ces États (dits nations libérées) nouvellement dotés d’une personnalité juridique s’inscrivaient alors dans un droit écrit sous l’ère coloniale, « expression géométrique de l’hégémonie que la doctrine bourgeoise exerce encore aujourd’hui ».
Pour le juriste indien, à partir des années 1980 la principale évolution du capitalisme repose sur l’essor « d’une classe capitaliste transnationale », classe véritablement globale, sans attache précise à un système économique national, à la pointe du tournant de la «mondialisation ». Le capital transnational dépend de manière essentielle d’un « espace économique fonctionnel, homogène et mondialisé » et de la liberté de circulation pour les capitaux. Pour Chimni, les institutions internationales jouent à ce titre un rôle crucial, et, de manière analogue à la fonction de l’État dans les phases antérieures du capitalisme, elles ont servi à faire tomber « les obstacles locaux à l’accumulation du capital ». Ainsi, l’OMC, le FMI et la Banque mondiale ont-ils remodelé les économies des sociétés périphériques de manière à les rendre bien plus attractives aux yeux du capital transnational. Il ne défend pas l’idée d’un État global qui aurait supplanté les États nationaux, mais soutient plutôt que la mondialisation a transformé la place structurelle qu’occupe chaque État souverain au sein de l’ordre international, ce qui a conduit à la création des institutions internationales et à la mise en œuvre par ces États des fonctions d’un État global. Comme cette évolution représente un pas en arrière face aux bénéfices du droit démocratique bourgeois,Chimni a théorisé au milieu du carnaval altermondialiste la nécessité d'un nouveau mouvement social et global qui devrait tenter de soumettre cette forme étatique aux principes de la démocratie et à l’autorité de la loi. Un utopiste radical à sa façon.

L'économiste Charles-Albert Michalet considère que l’analyse du comportement des firmes multinationales est indispensable à la compréhension du système économique mondial qui se crée à travers leur développement, il n’en reste pas moins convaincu qu’il faut rechercher les causes à l’origine de la multinationalisation des entreprises dans les contradictions inhérentes à la dynamique du capitalisme. Ces firmes conservent un ancrage national. Certes, elles constituent des entités autonomes qui fixent leurs stratégies et organisent leur production indépendamment des découpages nationaux, mais cela ne signifie pas qu’elles soient dépourvues d’une nationalité et qu’elles forment des entités souveraines. Elles ont une appartenance nationale qui est déterminée par la nationalité des capitaux qui contrôlent la maison mère, de sorte que le pays d’origine est aussi celui où sont rapatriés les profits réalisés par les filiales à l’étranger.

À ce titre, la firme multinationale doit être perçue comme négation du commerce international, son activité à l’étranger tendant à se substituer à l’exportation. La multinationalisation des entreprises constitue ainsi une remise en cause radicale de la théorie standard de l’échange international qui assimile les économies nationales à des boîtes de facteurs de production mobiles à l’intérieur et immobiles internationalement.
La genèse des multinationales d’origine française semble calquée sur le schéma américain. Dans l’un et l’autre cas, la stratégie des firmes est défensive. Il s’agit de défendre des positions oligopolistiques exploitées jusque-là par le biais de l’exportation et qui se trouvent menacées par une concurrence accrue. Là s’arrête la ressemblance. Les voies française et américaine de l’internationalisation diffèrent pour deux raisons : d’une part l’écart existant entre le niveau de développement des deux économies, d’autre part la différence dans la prise de conscience des avantages offerts par l’internationalisation de la production. L’avantage oligopolistique que détiennent les firmes américaines est fondé sur une avance technologique elle-même liée à leur appartenance à l’économie la plus développée du monde. Leur implantation à l’étranger revient à exploiter l’inégal développement des économies nationales en bénéficiant à la fois d’économies d’échelle et d’une réduction des coûts salariaux. L’investissement à l’étranger des firmes françaises ne vise pas prioritairement des économies moins développées compte tenu des risques politiques encourus et surtout de l’exiguïté des marchés locaux. Au contraire, leur implantation à l’étranger concerne avant tout des pays de niveau de développement comparable ou plus élevé, comme les États-Unis, ce qui met en doute l’idée que la production à l’étranger vise à protéger une position oligopolistique préalablement acquise par l’exportation. Ce qui explique les longs marchandages avec la SNCF sur fond de punition antifasciste.

Deux concepts lui semblent cruciaux dans Le Capital. D’une part, l’expansion du marché mondial doit être comprise comme une condition indispensable au développement du capitalisme, d’autre part, la division internationale du travail qui en résulte entraîne un développement inégal entre pays à l’avantage de ceux qui sont les plus riches au départ. Michalet souligne deux constats à travers l’inventaire critique qu’il dresse des principales théories d’inspiration marxiste : la nécessité pour les pays capitalistes développés d’étendre le marché à l’échelle mondiale et la possibilité pour eux de bénéficier d’un transfert de valeur au détriment des pays les moins développés. Cependant, ces phénomènes ne suffisent pas à eux seuls pour expliquer les caractéristiques de l’économie mondiale qui se met en place sous l’égide des FMN. L’internationalisation du capital décrite par les théories marxistes reste cantonnée aux relations d’échange sur le marché mondial, alors que pour saisir les spécificités de l’économie mondiale inhérentes au développement des FMN elle devrait être perçue en termes de délocalisation des processus de production. D’où le basculement théorique que Michalet opère dans Le Capitalisme mondial, en rompant avec l’analyse de l’économie internationale, fondée sur le primat donné à la sphère de circulation, afin d’élaborer une analyse de l’économie mondiale privilégiant la sphère de production.
Aux yeux de Michalet, le principal mérite de Marx dans Le Capital est d’introduire une rupture radicale par rapport à l’approche standard en économie internationale en fondant l’analyse sur deux principes essentiels qui sont développés ultérieurement par Rosa Luxemburg. Le premier principe consiste à admettre que l’ouverture d’une économie nationale sur le marché mondial, loin de relever d’un choix de politique économique entre libre-échange et protectionnisme, constitue une nécessité impérieuse pour un pays développé, en ce sens que le marché mondial représente dès l’origine une condition indispensable au développement du capitalisme. D’un côté, la baisse des coûts à l’importation des biens salariaux et des matières premières permet de contrecarrer la baisse tendancielle du taux de profit. De l’autre, les débouchés extérieurs permettent de lutter contre la surproduction de marchandises et, par suite, la suraccumulation de capital. Quelles qu’en soient les modalités, le développement du marché mondial se traduit par une extension des rapports de production capitalistes au niveau international.
Le second principe inhérent à l’analyse de Marx revient à considérer que le commerce extérieur, loin d’assurer des relations égalitaires entre pays co-échangistes, est à l’origine de relations de domination sur le marché mondial, qui sont fondées sur la concentration et la centralisation du capital au sein des grandes entreprises des pays développés et qui sont à même d’opérer un transfert de valeur des pays moins développés vers les pays plus développés. Ce transfert de valeur tient à l’avance technologique dont disposent les pays développés et qui leur permet de vendre leurs marchandises sur le marché mondial à des prix fixés au-dessus de leurs valeurs, de sorte que les entreprises engagées dans le commerce extérieur obtiennent un taux de profit plus élevé que celles qui exercent leurs activités sur le seul marché domestique. Les échanges internationaux servent donc de fondement à un développement inégal des pays en fonction de leurs positions au sein de la hiérarchie instaurée par la division internationale du travail.

Michalet justifie la nécessité d’un retour à Marx par les impulsions qui incitent les entreprises capitalistes à conquérir des débouchés extérieurs et qui résident dans les relations entre le procès de valorisation du capital et son procès d’accumulation. Le principal obstacle auquel se heurte le procès de valorisation du capital tient aux limites de la demande qui imposent aux entreprises d’élargir sans cesse leurs marchés, notamment au plan mondial, afin de réaliser sous forme de profit la plus-value créée. Or, cet élargissement repose sur le procès d’accumulation du capital, condition d’une reproduction élargie des rapports de production capitalistes, notamment à travers leur extension mondiale. La conquête de marchés à l’étranger apparaît ainsi comme une nécessité pour la croissance des entreprises et comme un facteur déterminant dans leurs stratégies d’investissement.
Avec la théorie de l’impérialisme comme stade suprême du capitalisme de Lénine et, plus encore, avec l’ouvrage précurseur de Boukharine, de nouveaux pas ont été franchis, après Marx, dans la compréhension de la dimension internationale du procès de valorisation du capital et de son procès d’accumulation. Des trois changements apportés par rapport à l’analyse de Marx-le capital financier, les monopoles et l’exportation des capitaux - c’est le troisième qui retient le plus l’attention de Michalet. L’exportation des capitaux qui prend le pas sur l’exportation des marchandises constitue une caractéristique centrale de l’impérialisme. Les déterminants de l’exportation des capitaux sont nombreux, mais le plus fondamental est la tendance à la surproduction de marchandises, toujours présente dans le fonctionnement du capitalisme et qui se traduit en période de crise par une suraccumulation de capital ; celle-ci se manifeste dans le capitalisme financier, où les banques d’affaires dominent la grande industrie, sous la forme d’une suraccumulation de capital-argent. En outre, l’exportation de capitaux dans des zones moins développées élargit les marchés à l’exportation des marchandises compte tenu des nouvelles activités marchandes qu’elle génère à l’étranger. En tant qu’exutoire à la suraccumulation du capital, l’exportation des capitaux permet d’étendre les rapports de production capitalistes à des régions moins développées, ce qui crée en retour de nouveaux débouchés extérieurs pour écouler les marchandises produites par les pays développés. 

Cependant, cette rupture apparaît inachevée pour deux raisons avancées par Michalet. D’une part, au plan factuel, la théorie de l’impérialisme a vieilli en ce qu’elle apparaît inadaptée pour décrire et interpréter les relations économiques internationales qui se développent après la seconde mondiale. Depuis le début des années 1960, l’exportation de capital n’a plus pour but principal d’acquérir le contrôle sur des matières premières et des ressources énergétiques dans les pays en développement. Son objectif prioritaire est de délocaliser la production des entreprises d’un pays développé vers une région du monde ayant atteint un niveau de développement comparable. D’autre part, au plan théorique, la rupture inaugurée par la théorie de l’impérialisme par rapport aux théories de l’échange international est incomplète, parce qu’elle reste centrée sur l’internationalisation de la sphère de circulation du capital, alors qu’une réelle prise en compte du rôle des firmes multinationales exige de s’intéresser à l’internationalisation de la sphère de production.

La fixation des gauchistes sur les multinationales depuis une trentaine d'années ne permet pas une vraie lutte contre le capital ; la principale multinationale reste l'Eglise catholique ! Leur étendue et leurs ramifications ne dévoilent pas la politique concurrentielle des Etats comme la juridisation mafieuse et le racket des entreprises aussi bien par Washington que par Moscou. Michalet voit bien pourtant l’influence décisive des désidératas des États-Unis, qu'il nomme « régulation » (triste euphémisme), en tant que puissance hégémonique, sur les diverses « régulations nationales » (penser : règles pénales). Il théorise une collusion États-multinationales jouant comme principe de régulation, et non pas racket. Il s’ensuit une concertation implicite, non proclamée, entre un pouvoir économique qui s’étiole, celui des États nationaux, et celui en plein essor d’acteurs privés, les multinationales, qui font prévaloir leurs intérêts particuliers. La collusion/concertation acquiert une ampleur qualitativement nouvelle avec la globalisation financière caractérisant la mondialisation à partir du milieu des années 1980.
À l’ère de la domination de la finance de marché (le capitalisme financiarisé) sur la finance de banque (l’économie d’endettement) une double contradiction émerge dans le fonctionnement de l’économie mondiale. D’une part, la césure entre l’espace national sous autorité étatique et l’espace mondial où les FMN (firmes multinationales dans le jargon économiste) développent leurs stratégies s’est accentuée avec la globalisation financière, parce que celle-ci confère un rôle accru au marché des capitaux et qu’elle intensifie la concurrence sur le marché mondial des biens. 

Michalet croit pouvoir en déduire une plus grande liberté d’action acquise par les acteurs multinationaux, à l’origine de la hausse de leur rentabilité financière, avec pour contrepartie une plus forte instabilité des marchés et aussi que la capacité globale de l’économie mondiale à se réguler a reculé, alors que les besoins d’une régulation accrue se font sentir. Ce grand économiste, idole des altermondialistes, passe complètement à côté de la « division internationale du travail », c'est à dire de la compétition accrue, même à l'intérieur de chaque impérialisme dominant, entre fractions haineuses, soucieuses de leurs propres intérêts. La persécution de la fraction Trump est, comme je l'ai déjà plusieurs fois souligné, le reflet opaque de la bagarre entre deux fractions de la bourgeoisie américaine, pétrole financier contre pétrole classique. La fraction Trump ne s'est jamais cachée de vouloir travailler avec la Russie (les forages dans le nord de l'Europe sont réalisés avec les russes), mais la fraction financiaro-pétrolière des Obama-Clinton orchestre une culpabilisation internationale contre le « fou Trump », non parce qu'il est en effet zarbi, mais parce qu'au plan militaire (Syrie, Irak, Ukraine) cette fraction est directement opposée aux intérêts russes, lesquels ne se croisent pas forcément avec tous les intérêts de la fraction Trump. Compliqué n'est-ce pas ?
Pas tant que cela si l'on comprend l'intense bagarre économique des Etats dominants et de leurs paniers de crabes industriels (USA, Russie, Chine, Allemagne, Angleterre, France) pour se piquer mutuellement par tous les moyens, juridiques comme militaires), les marchés intérieurs, les zones pétrolières et le fond des mers avec les terres rares, puisqu'il n'y a plus de colonies à partager. Même au prix de la désagrégation de fictives unités nationales. La guerre contre le terrorisme opaque et les interdictions de commercer avec les Etats voyous – quand tous les Etats tendent à se comporter comme des voyous – sont la principale régulation actuelle du commerce international !
Une amorce à des réflexions à prolonger pour mieux décrypter les mystères de la politique internationale.




NOTES 

1Ce qu'on ne crie pas sur les toits c'est ceci : le dirigeant du groupe Lafarge qui a supervisé les négociations financières avec l’organisation Etat islamique était candidat FN aux dernières municipales à Paris. Faut-il rappeler, que, sous la table, le FN est acquis à l'impérialisme russe, lequel le soutient financièrement ? Mais en sous-main, le gouvernement de gauche n'a pas pour autant sermonné Lafarge pendant les deux ans qu'ils ont commercé « empiriquement » avec Daesch ; l'Etat américain n'était-il pas au courant lui non plus ? Les oukases pour punir la Russie, auront été bien douloureux surtout pour l'Etat français qui n'aura pas pu écouler ses bateaux ; les autorisations de commercer avec l'Iran restent au compte-goutte et bien incertaines avec les revirements de Trump.
2Lellouche est évidemment moqué par les blogs d'extrême-droite qui récusent l'absence de continuité entre Vichy et la République d'après-guerre, et font allusion aux origines juives du député. La position chiraquienne, on s'en souvient, était de nier cette continuité, mais pas la position américaine. Où notre extrême droite est au moins d'accord sur un point avec l'Etat racket US – la France actuelle comme continuité de l'Etat pétainiste – mais pas pour raquer. Cette fraction bourgeoise passéiste ne cachant pas par ailleurs son amitié pour le tsar Poutine, un autre maréchal que voilà.
3Les victimes américaines n'étaient pour la plupart pas nées pendant la guerre... ni n'avaient été directement victimes.
4Ce qui est complètement indubitable !
5On pourrait lister longuement les ventes d'armes ou de pièces de rechange entre industries françaises et allemande pendant la guerre de 1914 ou le fait que des entreprises américaines ont continué à commercer avec IGFarben pendant 39-45, etc. Examiner le prêt bail refilé à Staline pour qu'il tienne tête à l'armée allemande, et les chars américains repeints aux couleurs russes à Stalingrad. L'industrie capitaliste ne fait pas de sentiment et n'a pas de morale. Question cynisme deux factions de la bourgeoisie allemande nous jouent encore la valse à deux temps, militariste avec pacifiste. En 2014, la République fédérale figurait sur la troisième marche du podium des marchands de canons, derrière les Etats-Unis (31 % du marché mondial) et la Russie (27 %), et juste devant la Chine et la France (environ 5 % chacune). La position de M. Gabriel tranche avec celles de la chancelière Angela Merkel ou du président Joachim Gauck.Traduisant le désir croissant de l’Allemagne d’assumer des responsabilités internationales en adéquation avec son poids économique, ce dernier ne ratait pas une occasion de plaider pour que son pays « s’implique plus tôt, avec plus de détermination et de façon plus conséquente » dans les conflits et les opérations de paix. « Mes compatriotes, avait déclaré Gauck, ne doivent pas prendre prétexte de la culpabilité passée de l’Allemagne pour fermer les yeux » ; la défense des droits humains peut impliquer de « prendre les armes ». Cette dernière affirmation lui a valu le qualificatif d’« odieux va-t-en-guerre » de la part de Die Linke. le parti de la gauche radicale.

6Ce qui est reproché à Poutine, par exemple l'occupation de la Crimée, est une autre façon de faire de la politique économique que les Etats-Unis, pour parodier une célèbre formule.
7Ce qui est une compréhension prémonitoire et géniale de la future fumisterie des libérations nationales, compréhension qu'il oubliera en cours de route mais que lui rappellera Rosa Luxemburg.
8Pachoukanis est un juriste bolchévique, connu après la période révolutionnaire initiale. Il a été le théoricien du droit du Soviet suprême dans les années 1920 et 1930 ; il avait dirigé l’Institut de droit de l’Académie des sciences de Russie. Bien qu’il ne fit pas partie de l’Opposition de gauche, son travail est tombé progressivement en disgrâce aux yeux du régime stalinien, et Pachoukanis, dénoncé comme « ennemi du peuple », fut exécuté en 1937.
9cf. Tor Krever. La cour pénale de La Haye sert ainsi d'arbuste qui cache la forêt du capitalisme en condamnant régulièrement tel ou tel "criminel de guerre" comme si ce n'était pas le capitalisme qui est le principal criminel de guerre. Un chien de guerre bosniaque a tout de même réussi à se suicider au nez et à la barbe des juges de la fausse paix.

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